~~Mardi 13 octobre 2015,
Il fait toujours le même temps, beau, ensoleillé, ciel azur, mer belle.
Une fois prêts nous abandonnons Véronique pour nous rendre à Douarnénez pour la radio panoramique de Maurice. Nous partons en avance afin de passer à la boulangerie et à la poissonnerie où nous faisons le plein de moules pour le repas de demain.
Nous rentrons et passons une journée au calme, épuisés par nos maladies.
Mercredi 14 octobre 2015,
Après la dissipation des nuages matinaux, le soleil fait son apparition.
Maurice n'a pas la forme et je suis très fatiguée du matin.
La journée s'effiloche dans le calme et au repos total.
Jeudi 15 octobre 2015,
Au matin Maurice va vraiment très mal. Je lui dis que du fait qu'il ne supporte plus le lit, il dort sans son respirateur et de ce fait il se trouve en danger permanent... son cœur bat la breloque fatalement. Sans son appareil respiratoire les extraxystols réapparaissent et le mettent en danger. Du coup, avec l'aide de Sylvie, il déménage sa machine. Il est si fatigué qu'il reste dans son fauteuil à tenter de finir sa nuit.
Il fait un temps radieux mais bien frais ce matin. Nous mettons un peu de chauffage mais avec le soleil qui frappe sur les larges baies de la véranda, nous avons vite beaucoup trop chaud, la température est montée à 23° dans la maison. Donc, pas besoin de radiateur sous le soleil. En parlant de ça, celui de la cuisine s'est décroché d'un coup du mur et il a emporté un bout de placo... c'est incroyable ! Une vraie maison de carton pâte.
Pour midi, je prépare un gratin de potitmarron et un morceau de morue avec un aïoli. Je prépare également un gâteau à la poire.
Bon après cela, je suis totalement épuisée, mais c'est fait !
Après le repas, notre médecin passe. Nous l'apprécions à chaque fois un peu plus. Enfin, un médecin qui prend la mesure du phénomène Maurice et de sa très grande complexité. Il y va à pas de velours sur un tel patient et comprend que la sur-médication dans son cas est totalement impuissante à résoudre quoi que ce soit. Il prend la mesure du fait que la chimie a ses limites et empoisonne plus qu'elle ne guérit. Nous sommes en accord total avec lui par notre propre expérience et quelle expérience ! Donc, le médecin s'emploie à soulager Maurice au mieux dans la vision d'un confort de vie plutôt qu'un acharnement thérapeutique à tout crin, nocif à bien des égards. Nous le recevons cinq sur cinq. Aujourd'hui, il lui renouvelle sa prescription de morphine, tout le reste cortisone, diurétique, pariet (pour l'estomac) ont déjà fait l'objet d'une ordonnance. Il ajoute un léger antibiotique et une spray nasal car il pense à un virus qui traîne actuellement. Et il nous quitte en nous recommandant d'essayer d'aller à son cabinet une fois par trimestre car il dispose là-bas de tous les instruments médicaux nécessaires sous la main. Nous voilà tranquillisés.
Puis, nous allons nous reposer dans nos fauteuils. Maurice chausse son appareil respiratoire et finalement il s'endort rapidement.
Vers dix-sept heures, je me prépare pour me rendre chez Éliane et Pierre afin de leur rendre une petite visite hebdomadaire. Ils ont trouvé le temps long car je ne suis pas allée les voir la semaine dernière trop épuisée.
Nous sommes heureux de nous revoir. Éliane, bien touchée elle aussi par la maladie, se trouve très fatiguée.
Nous vivons un vrai bonheur, un petit moment magique partagé !
Vendredi 16 octobre 2015,
Maurice est parvenu à dormir sous son respirateur. Il faut reconnaître que l'une des sangles serrée sur sa tête lui fait mal en comprimant les deux trous de son crâne. Je ne sais pas comment il arrive à supporter autant de maux... il dit que c'est pour rester à mes côtés, qu'il ne veut pas me quitter ! En tout cas il se montre sacrément courageux depuis qu'il vit à mes côtés...
Il fait 4° ce matin et le ciel est couvert. Bon après le petit déjeuner, le passage de Maud, l'infirmière et l'arrivée de Sylvie, nous partons faire le plein de fruits et légumes pour la semaine.
Demain, il devra se lever pour aller chez le dentiste et malgré que celui-ci n'est vraiment pas sympa, il a hâte de ne plus souffrir des rages de dents qui l'accablent en plus de tout le reste ! Il faut reconnaître qu'en ce moment il a bien du mal à surmonter autant de problèmes physiques... et avec les miens, cela me décourage. Cela finit par nous miner.
Il ne nous reste que le repos prolongé et accepter notre sort, devenu un peu plus supportable ici dans notre belle Bretagne et parmi nos amis Bretons.
Pierre passe nous voir... nous sommes contents !
Après un repas vite fait à midi, le soleil fait une percée. Je vais nourrir nos petites protégées. Évidemment, Petit Bisou (Aig = Aik) et Caprice (Froudenn) arrivent en courant et poussent des bêlements interminables.
Les trois poules ne sont pas en reste et elles s'amènent en volant presque et émettent des gloussements de joie.
Dès qu'elles m'aperçoivent dehors, c'est la fête ! Petit Bisou possède une voix à peine croyable... on l'entend jusque au fin fond du hameau et dans la lande alentour. Caprice, elle a un cri totalement étouffé... c'est extraordinaire de constater une telle différence ! La voix d'Aig (Aik) nous fait bien rire.
Le plus drôle c'est que maintenant Petit Bisou me prend pour une chèvre. Elle se met en position pour jouer avec moi toutes cornes en avant, tête baissée et debout sur ses deux pattes arrière... cela m'amuse fort et j'éprouve vraiment l'envie de la chahuter... alors les jeux commencent !
Et puis si nous restons à l'intérieur de la maison dans la véranda, elles nous observent de longues minutes. Elles attendent immobiles comme des statues dans l'espoir de nous voir apparaître. Elles nous guettent ainsi jusqu'à obtenir notre visite !
Trop mignonnes nos deux petites chèvres naines et nos poules sont toutes aussi agréables. Elles nous offrent le grand bonheur de découvrir chaque jour de bons œufs frais et succulents.
Nous n'avons pas trop de travail. Le poulailler est très petit, juste de quoi contenir trois poules bien serrées et le pondoir est à portée de main... c'est impeccable pour nous.
De plus, nous observons une nouvelle portée de lapins de garenne... des lapereaux minuscules se promènent entre les poules et les chèvres, mangent près d'elles sans être inquiétés le moins du monde.
Après les pies de cet été, voici que deux choucas de Bretagne viennent se restaurer chaque jour dans l'enclos... nous allons devoir veiller à ne pas être envahi par leur congénères. Lorsque l'endroit est trop bon, ils se le disent !
Nous faisons la sieste et nous parvenons ainsi très vite au soir.
Un léger souper et je me mets à écrire quelques heures... la nuit tombe rapidement sur la presqu'île, cette langue de terre dans la mer...