18 novembre 2015
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~~ Tania Hadjithomas Mehanna 14 novembre, 10:13 ·
Le matin se lève sur Paris. Ça devait être une belle journée. Le soleil est déjà au rendez-vous. Je devais déjeuner avec des amis que j’aime et aller au théâtre voir Pierre Arditi et Evelyne Bouix et puis manger du tourteau dans une brasserie. Et demain revenir à Beyrouth continuer avec plus de forces notre chemin de croix. Mais la croix c’est Paris qui la porte aujourd’hui. Avec terreur, peine et désespoir.
Au Liban on n’a jamais appris à arrêter la violence. Mais on a appris à vivre avec. Cela n’a jamais été un choix. Une simple survie. Et une rage aussi. Celle de montrer toute ton humanité quand autour de toi les valeurs humaines s’effondrent. Un attentat à Beyrouth et deux coups de fil pour me rassurer. Des morts à Paris et c’est tout Beyrouth qui s’affole. Attention ! Soyez prudents ! Ce qui s’est passé est grave. Mais ce qui est le plus grave c’est que la civilisation est en réel danger. C’est la guerre. C’est la guerre entre le bien et le mal. Sur toute la terre. Entre les radicalismes et les libertés. Entre les obscurantismes et les cultures. Entre ceux qui abattent les arbres et ceux qui en plantent. Pour gagner la bataille, il faut remonter à la source du mal. J’ai peine à croire que mes amis français ne savent pas où elle se trouve cette source du mal. J’espère juste qu’ils auront un courage à la mesure de leur terreur aujourd’hui pour la détruire. Avant qu’elle ne les détruise. Je vais aller marcher dans la plus belle ville du monde. Le cœur gros et la tête lourde. Je vais dire à ceux que je croise que je viens de Beyrouth et qu’aujourd’hui il ne faut pas fermer les frontières. Il faut les ouvrir. Ne pas s’isoler mais isoler le mal. S’unir pour ne pas mourir. C’est pour cela qu’aujourd’hui, de Beyrouth à Paris, c’est le même combat. Celui de la réappropriation des valeurs humaines. Celui de la réappropriation du territoire de la justice, de la solidarité et du partage. Celui du sauvetage d’une planète qui prend l’eau de partout. Réchauffement climatique, guerres idéologiques, appauvrissement notable, déplacement massif de population. L’humanité s’est beaucoup trop éloignée de l’humanité. On a toujours eu un leader, une figure de proue, une voix a suivre. Martin Luther King, Ghandi, Mandela. Aujourd’hui où sont les braves ? Les braves c’est nous. Chacun de nous et tous ensemble. A condition de retrouver l’amour, la seule valeur qui aurait du primer sur tout le reste. Il faut sans tarder entamer le chemin inverse pour revenir aux sources du bien. « Le premier pas est le dernier pas ». Krishnamurti
REPONSE DE SON AMIE KARIMA BENSALAH :
~~ Mardi soir, nous passions une belle soirée à Bruxelles que tu as adoptée, la joie de se raconter les mois qui nous ont séparés. Nous avons sorti nos agendas pour programmer une visite le printemps prochain comme ce printemps 2011 où nous avions tous manifesté à Beyrouth pour la paix, avec toi, tes proches et les Libanais…Mercredi, après l’attentat de Beyrouth, je me précipitais pour t’envoyer un message te pensant déjà rentrée. Comme à chaque bombe, attentat, barbarie, on se précipite pour prendre des nouvelles…Tu m’as rassurée, en effet, tu es encore à Paris. Soulagement de te savoir si proche en ‘sécurité’ tout en pensant aux Libanais au lendemain de cet attentat.Je lis tes mots, en ce matin macabre, te voilà au cœur de cette violence lâche, témoin encore une fois d’un bouleversement si violent. Non, nous ne changerons pas nos plans, oui, nous irons à Paris embrasser nos amis et nos proches, oui, nous irons à Beyrouth et partout ailleurs où l’on tente d’instaurer ce repli, cette peur, cette entrave à la liberté.
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
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FENETRES SUR LE MONDE
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G. EKOUME 18/11/2015 13:18