2 février 2016
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*L'égoïsme m'indigne, la méchanceté m'exaspère, l'injustice me révolte, la misère me saigne le cœur. (Eugène Leroy, écrivain né le 29.11. 1836- décès le 6 mai 1907)
~~Lundi 1 février 2016,
Je me lève à huit heures quinze. Il ne pleut plus. Maurice s'affaire déjà à la cuisine à faire griller les tartines en présence de Sylvie qui fait le café.
Il a bien dormi avec l'euphytose mais une fois de plus sans pouvoir supporter son respirateur. Il étouffe. Ce matin, une fois de plus ses pieds sont gonflés par les œdèmes.
Julien, l'infirmier arrive. Maurice n'est pas trop content car la semaine dernière il lui a ouvert sa plaie sous le pied au scalpel sous prétexte que la veille il a eut un cours sur les maux perforants propres aux pieds diabétiques... mais il me semble que justement on ouvre pas le pied des personnes diabétiques ! N'importe quoi ! Ouf, ça fait peur !
Ce matin, comme je souffre toujours autant de mon tendon du bras et aussi celui de la cheville, je lui demande de me faire un bandage pour m'immobiliser le plus possible... mais il ne sait pas les faire et compte sur Maurice pour le lui montrer ! Tous les deux on tombe des nues... Mais qu'est-ce qu'on apprend dans les écoles d'infirmiers ?
Bref, Maurice et l'infirmier vont plongés dans mes caisses de pansements qui datent de mon amputation. Maurice trouve des bandes adéquates. L'infirmier fini par me faire un bandage de l'épaule jusqu'au poignet.
Sylvie aide Maurice à réparer son fauteuil qui vient de perdre un boulon... pas facile pour lui qui ne peut pas se baisser, ni visser tant il tremble... mais ils finissent par y arriver et il se sent plus tranquille maintenant.
Sylvie nous quitte à midi. Nous déjeunons rapidement et je retrouve l'ordinateur, cependant que Maurice va s'allonger au salon.
Il se repose en attendant Alexandra, la podologue pour nos soins de pieds. Elle répare les dégâts sur le pied de Maurice qui se sent beaucoup mieux.
En fin de journée, je rends visite à mon amie Éliane, je suis heureuse de la voir et de prendre de ses nouvelles... je papote, je babote.
Puis je rentre vers dix-neuf heures et nous soupons. Je retourne sur l'ordinateur jusqu'au film.
La nuit a étendu son drap noir sur la Baie d'Iroise et sur la lande... tout dort !
Mardi 2 février 2016,
Il pleut... nous nous levons pour déjeuner. Maurice n'a rien dormi. Deux petites heures intermittentes. Hier soir les démangeaisons l'ont repris, il s'est énervé, la tension s'est élevée, les œdèmes lui faisaient trop mal, finalement les angoisses ont pris le dessus et l'euphytose n'a rien fait.
Véronique R. arrive toute rafraîchie, Julien à son tour. Depuis que je le lui ai fait remarquer, il se souvient à présent de dire : Comment vous sentez-vous, aujourd'hui ? Au lieu de demander : Comment ça va ? C'est bien... les malades lui en seront reconnaissants.
Il appelle le secrétariat du médecin qui lui fait savoir que le médecin remplaçant passera. Notre toubib est en vacances pour trois semaines.
Mince ça sera un remplaçant... je crains cela car généralement devant les œdèmes, ils appliquent le protocole de soins et nous savons où cela mène, pas question de recommencer !
Nous mangeons tôt, nous savons que le docteur vient entre midi et une heure trente. Et qui franchit la porte... je n'en crois pas mes yeux : notre médecin !
– Mais je vous croyais en vacances, docteur ?
– Ce soir seulement, ce soir !
Je pousse un soupir de soulagement. Le médecin prend le temps d'écouter les soucis de Maurice et prescrit ce qui lui est nécessaire pour trouver un soulagement et lui explique qu'avec les démangeaisons reviennent les angoisses qu'il a tant vécues en 2009, il le comprend dit-il car il a lu mon livre 'Docteurs, vous m'avez tué'.
Eh bien, Maurice n'en revient pas ! Et moi, je suis en phase avec moi-même en pensant que ce livre peut aider à une meilleure compréhension entre patients et médecins, infirmiers et au-delà, il peut aussi servir à des personnes aidantes, accompagnantes auprès des malades en fin de vie, en soins palliatifs. Ce livre est utile.
Ensuite je lui parle de mes tendons douloureux et il me prescrit des pansements alcoolisé ou trois compresses par jour de Versatis 5 % a essayer.
Il me fait remarquer que c'est la première fois que je me plains de mes douleurs auprès de lui... mais pourquoi le ferai-je ? Cette maladie est incurable et rien absolument rien ne peut m'apporter de soulagement sauf de rester dans l'eau durant des heures... je préfère ne rien dire et tout encaisser comme depuis toujours.
Les tentatives qui ont été faites par les spécialistes m'ont menées au pire et finalement m'ont affaibli le pancréas d'où l'apparition de mon diabète et je n'ai vraiment pas envie de revivre ces empoisonnements par l'allopathie.
Non, il n'y a rien à espérer... mon meilleur antidouleur reste encore mon ordinateur...
Julien repasse pour nous soigner. Il s'occupe de Maurice puis il m'applique une compresse sur mon tendon du bras droit et une dans la nuque ou les douleurs sont intenables... le dos et tout le reste, je dois le supporter encore et encore chaque jour, chaque nuit...
La soirée s'achève sans entrain comme toute la journée... mais le soleil est apparu dans l'après-midi, nos petites chèvres étaient heureuses de jouer à attrape-moi si tu peux !
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
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dans
La Maison du Bout...de la Terre
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