9 mai 2016
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Dimanche 8 mai 2016,
Maurice a réussi à dormir un peu. Nous déjeunons et Julien arrive vers neuf heures. Nous lui expliquons le problème que posent les pansements, Maurice souffre inutilement et ils ne tiennent pas... les filets ont donné un résultat identique aux gros pansements fermés : ils font garrots. Et ceux que l'on colle font mal et ils se décollent avec l'eau qui sort en abondance. Du coup, à notre demande Julien applique sur les plaies de l'éosine. Cela a pour effet de ne plus le faire souffrir... ses plaies sont à l'air, évidemment l'eau coule. Ainsi ses jambes et ses pieds gonflent au maximum et perdent leur eau au fur et à mesure qu' ils enflent et dégonflent. C'est la pompe actionnée par l'insuffisance cardiaque. Bon, mais il supporte mieux cette horreur. Il dort tout l'après-midi et la soirée. Lorsque Julien repasse il remet une couche d'éosine... cela va plus vite et Maurice se sent mieux.
Dans le même temps, un couple me téléphone pour venir m'acheter mes livres de contes. Je suis mal en point mais je les reçois en oubliant de leur dire qu'ils pouvaient les trouver à la Biscuiterie ou aux Gourmandises de la Pointe... tant pis, je les accueille et leur dédicace mes livres.
La journée s'écoule à la couleur de nos âmes... démolies ! Il fait un vent fou et froid, le temps est gris, il pleut.
Lundi 9 mai 2016,
Maurice passe une nouvelle nuit difficile et aujourd'hui la journée se traîne dans les souffrances continues. Nous déjeunons puis Julien arrive pour les soins. Désormais, il applique de l'éosine sur ses plaies des jambes... ainsi il ne souffre plus des pansements et il ne les perd plus aux quatre coins de la maison.
Je refais son fauteuil-lit avec des draps propres et de nouvelles couvertures. Je mets également un tapis à ses pieds car les œdèmes qui s'écoulent en cascades de ses jambes et de ses pieds forment des flaques au bas du fauteuil. Je mets le linge souillé à la machine.
Nathalie, auxiliaire de vie arrive toute émotionnée, elle n'a pas dormi cette nuit... son premier petit-fils est né. C'est un grand moment de bonheur dans une vie.
Je vais nourrir et abreuver nos animaux, cependant que Maurice insiste pour éplucher les pommes de terre... il a terriblement envie d'un bon beau gratin dauphinois.
Il fait un vent fort et froid. Je coupe de la haie à mes chèvres et leur fourni de l'eau en la prenant dans un arrosoir. Je file avec le fauteuil roulant réserver aux travaux extérieurs et pour exécuter toutes ces tâches. Je vais faire des photos des massifs fleuris plantés l'an passé. Maurice les admire depuis la véranda. Ils commencent à s'étendre, je vais pouvoir en replanter ailleurs. Je rentre refroidie et ventée. Je prépare le gratin dans un énorme plat, nous en aurons pour trois ou quatre jours... il est fort beau et fort bon, accompagné de côtelettes de porc en sauce blanche avec oignons. On se régale... c'est toujours ça de pris !
Après le repas, Maurice va traîner entre malaises, assoupissements, sommeil, détresse respiratoire où il s'assied dans un fauteuil devant la baie grande ouverte pour reprendre sa respiration, plusieurs fois dans la journée. La vie, heureusement nous réserve ses petits moments magiques ou imprévus, visites et coups de fil des enfants, petits-enfants et des amis qui s'inquiètent.
Ce soir, il reprend de gros maux de tête et ne supporte pas le téléphone car je réponds à mon fils et ma belle-fille à côté de lui, aussi je file m'enfermer dans la chambre pour continuer la conversation. Lorsque je reviens, il me demande de ne pas m'installer devant la télévision, le bruit le gêne trop. D'habitude je règle le son à peine audible, mais cela ne me dérange pas je retourne sur l'ordinateur où le travail m'attend. Il a avalé un doliprane, mais si cela continue (voilà une bonne semaine qu'il reprend des maux de tête), il faudra de nouveaux augmenter la morphine... cette vie est intenable.
Je le vois désormais batailler au téléphone, devant l'ordi et la télévision ; extrêmement usé, fatigué, il supporte de plus en plus difficilement le bruit. C'est normal dans l'état où il se trouve cela n'a rien d'étonnant et les journées finissent par être de plus en plus éprouvantes.
Quand à moi, pétrie de douleurs comme à l'accoutumée avec en plus un lumbago qui me coince, je suis exténuée. Je m'endors au salon près de lui mais l'infirmier arrive déjà !
Aujourd'hui, mes poules ont fait trois œufs (enfin!) dont un double énorme. Ce soir, nos biquettes entendent passer un avion au-dessus de leur tête, aussitôt à toute vitesse, elle courent se cacher aux abris !
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
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PLUS FORT SOUFFLE LE VENT
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Lucile GAUCHERS, auteure 10/05/2016 13:19