6 septembre 2016
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Mardi 6 septembre 2016,
Maurice me sonne à trois heures trente. Lorsque j'arrive vers lui, il me dit :
– Je ne sais plus où je suis, je ne sais plus où je vais, je ne sais plus d'où je viens, je débloque !
Il a le regard fixe et hagard. Il est perdu dans l'espace, perdu entre sommeil et réveil... est-ce la morphine qui lui fait cette réaction, sans doute, mais cela peut-être un AVC, je m'inquiète et alors il me demande de lui faire des soins, le laver et lui passer de l'éosine - car hier dans l'après-midi la jeune infirmière ne lui a pas fait les soins indispensables pour passer une nuit potable – je lui ôte son spatch de trinitrine, la trinitrine ayant pour effet de provoquer des AVC... la morphine lui occasionne des propos délirants, et l'alprazolam peut lui provoquer des hallucinations.
Je ne suis pas tranquille. Je parle avec lui, je lui demande s'il me reconnaît, s'il sait où il est, peu à peu je le réveille tout à fait et il reprend ses esprits.
Je m'allonge dans le fauteuil à côté de lui, mais remis de son délire il me demande d'aller me coucher.
Au lit, je l'entends remuer, geindre, se relever... je ne parviens plus à me rendormir. Tant pis, je me lève et m'installe sur l'ordinateur à l'autre bout de la pièce. Il doit sortir de son fauteuil-lit par deux fois encore pour aller aux toilettes où il s'endort sur les wc et n'a plus la force de se relever depuis sa deuxième crise cardiaque.
Il dort, parle, gémit, tient des mots incohérents. Il me demande de lui mettre le ventilateur car il a du mal à respirer et un moment après il a très froid, je dois stopper le ventilo. Ses nuits sont ainsi depuis des mois ; chaque jour il s'enfonce un peu plus et chaque nuit également... il ne tient plus debout, ne peut plus aller très loin sur ses pauvres jambes martyrisées, ne peut plus faire le moindre effort et ne supporte plus rien... bref, ce n'est plus une vie pour lui l'hyper actif.
Il est seize heures trente et il dort profondément à présent après tout ce chambard mais cela ne dure guère... jusqu'à la prochaine séance aux toilettes... et la journée se calque à ses nuits chaotiques.
Je suis épuisée, je reprends mes douleurs cervicales et de dos - l'impression qu'un géant me broie littéralement sous son poids - maintenant qu'il a l'air de dormir profondément, je vais retourner au lit en laissant la porte ouverte et en ayant l'oreille aux aguets comme depuis des mois... je dois me relever, puis me recoucher, je laisse la porte ouverte et je l'entends gémir aux toilettes et batailler pour se relever malgré les deux barres de relevage.
J'ai encore oublié de parler de ce problème avec le toubib, il lui faut un réhausseur, ce que nous avions durant des années pour moi, mais les soucis ont occultés ce problème récurrent.
Je me promets d'en parler au médecin ce matin. Je n'ai plus le courage de me lever j'attends huit heures trente, l'arrivée de Véronique M., mais je dois me réveiller.
J'appelle le médecin aussitôt. Je suis reçue par sa secrétaire et je lui expose le problème de la nuit... ce que j'ai dû faire. Il doit me rappeler dans la matinée. Je prépare les tartines et le café. Céline arrive et je lui parle de notre nuit, et je lui dis que comme la petite toilette n'a pas été faite j'ai dû faire les soins moi-même tant Maurice s'est trouvé mal... déjà qu'il faudrait lui faire vers dix-neuf ou vingt heures... alors si on ne fait rien à seize heures trente, on imagine la suite. Elle me rétorque que si on ne lui dit pas, elle ne le fait pas ! Incroyable réponse lorsque l'on sait que les soins sont marqués pour matin et soir ! Bref, cela ne se reproduira pas.
Un peu plus tard on frappe à la porte c'est Sophie qui vient nous rendre visite avec du saumon et divers poissons fumés... c'est trop ! Quelle merveilleuse gentillesse ! Nous sommes vraiment heureux de la voir ici, chez nous... et nous parlons de... Maurice.
Lorsqu'elle s'en va, je vais vite cueillir de la haie pour mes biquettes, il fait un temps radieux, très chaud et ensoleillé.
Je ne suis là que depuis quelques minutes, voici Pierre sur son vélo électrique qui nous apporte encore une belle bolée de mûrons. Hum, on va encore se régaler... quelle gentille attention à notre égard. Bon, nous discutons sur l'état de Maurice et sur la nuit que nous venons de passer. Je lui conseille d'aller le voir, il trouve que Pierre ne reste pas assez longtemps près de lui.
Ils discutent ensemble et je termine ma cueillette puis je vais la distribuer à mes petites protégées.
Je rentre à la maison, Pierre est toujours là. Je reçois un coup de fil de l'hôpital de Quimper, l'infirmière du service pneumologique qui s'inquiète de mon appel d'hier. Je lui expose la situation, du coup elle me trouve un rendez-vous pour le 5 octobre 2016 à quinze heures trente, promet de lui trouver un fauteuil adéquat et le pneumologue devrait se mettre rapidement en relation avec notre médecin généraliste. Comme quoi quand on veut, on peut !
Pierre se retire. La table a été mise par Véronique dans la véranda car depuis quelques jours nous avons repris cette habitude... c'est plus gai de manger ici dans cette belle pièce qui s'ouvre sur nos animaux que dans la cuisine.
Lorsque nous avons fini notre repas, Maurice regagne son lit mais comme il vient de s'apercevoir que la semaine dernière il avait annulé son contrat avec les chaînes de Canal Sat, il se trouve bien malheureux de ne plus retrouver ses chaînes préférées et surtout pour les J.O. Handicapés.
Aussi parvient-il à téléphoner dans leur service (sans s'énerver !) afin de ravoir toutes les chaînes. Il y gagne un tarif moins cher pour deux mois... content ! Devant la télévision, les chaînes sont en place. Il va pouvoir se distraire aisément. Mais la gratte le reprend... comme chaque jour et chaque nuit quand il est alité.
Dès quatorze heures, je me remets sur l'ordinateur et je passe un message au médecin par rapport à la discussion avec l'infirmière de l'hôpital. Je téléphone également à la pharmacie pour le réhausseur de wc, un fax a bien été envoyé par le docteur ce matin, mais la pharmacie ne le détient pas en stock une fois de plus. Il nous faudra attendre la commande... et les infirmières le prendront au passage lorsqu'il sera livré... à suivre... !
Dans mes courriels, j'ai découvert, ce matin la dernière image du prochain tome de ma trilogie fantastique, l'illustration de la couverture colorisée... splendide ! Ceci porte à treize illustrations superbes de la part de l'illustratrice Belge, ANKOLIE... je suis très heureuse que cela soit enfin terminé.
J'ai envoyé ce troisième tome chez un éditeur de genre fantastique et comme je serai heureuse s'il pouvait l'éditer avec ces superbes illustrations et prendre aussi les deux premiers tomes... cela me permettrait d'être plus disponible pour mes écrits et occasionnerait une meilleure diffusion de cette saga héroic fantasy que tant de mes fans attendent.
Les fées sur ce coup-là devraient m'entendre et m'exaucer... j'ai bien besoin d'une belle revanche sur la vie !
La soirée s'achève par une visite rapide d'Alain. Il vient chargé de victuailles, de petites cocottes pleines de calamars en sauce et d'un riz italien qu'il a mitonné lui-même à l'occasion de l'arrivée de sa famille et veut nous en faire profiter... voici un talent de plus que je ne lui connaissais pas !
Je me sors du lit où j'étais allée m'enfouir en pleine crise d'asthénie (fonte musculaire douloureuse). Je suis trop contente de le trouver là, mais je m'inquiète je vais finir par me sentir redevable et je fais tout pour ne pas l'être. Je suis une femme fière, peut-être trop, c'est bon parfois de se laisser gâter un peu... mais pas trop.
Du coup, après être allée abreuver mes animaux et dans une lucarne où Maurice ne se trouve pas trop mal, je file en fauteuil roulant leur acheter un cadeau pour l'anniversaire de ma fille et quelques bricoles pour nous... ah, j'ai oublié le café, ce sera pour plus tard.
Je rentre soucieuse d'aller retrouver mon époux. Évidemment je le trouve sur l'ordinateur à fouiller 'Le Bon Coin' pour tenter de se trouver un fauteuil comme le sien qui soit encore d'un bon usage, il ne peut plus continuer ainsi. Il contacte une personne et marchande le prix. Ils tombent d'accord l'un et l'autre et finalement appelle Alain afin qu'il aille lui chercher. Encore un service de plus !
Mais je me fais du souci, il s'est épuisé les neurones dans cette recherche... et au bout du compte il n'en peut plus. Exténué il file se coucher et s'endort... qui pourra arrêter cet homme-là ?
En allant chez Delphine et Alain, une légère brume de chaleur s'est mise à recouvrir le paysage, mais elle ne bruine pas et dans des trouées on aperçoit le soleil. Il fait chaud et très beau.
À vingt heures les biquettes prennent leur coup de folie habituel, elles courent et sautent à perdre haleine, s'envolant au-dessus de la balançoire les deux à la fois, se jetant tête contre tête, se faisant des câlins et rebelote ! Cependant que les oies impériales se dandinent encore, fières comme Artaban, les poules disparaissent dans leur dortoir peu à peu avec la fin du jour.
Je reste à travailler jusqu'à tomber de fatigue... cela me permet de veiller un peu... la nuit risque d'être difficile et il me faudra dormir dans les trous, là où Maurice sera profondément endormi...
mais j'avance dans l'instant.
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
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UN RADEAU DANS LE CIEL
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Joscelyne et Adrien F. 07/09/2016 16:44
G. EKOUME 06/09/2016 15:22
Dana LANG 06/09/2016 21:31