9 septembre 2016
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Jeudi 8 septembre 2016,
Maurice me sonne dans la nuit. Je dois l'aider à se changer, il a pris son vêtement dans le réhausseur du wc. Il me sonne à trois heures du matin pour le panser. Il souffre tellement de ses jambes qu'il a dû se badigeonner de crème, geste qu'il peut effectuer avec un outil de toilette dont il imbibe de bout de pommade et se frictionne avec. Je dois découper un filet dans une bande et lui faire glisser en le passant par le pied jusqu'au niveau de sa plaie. Il me sonne une troisième fois pour la même opération. Ses jambes ont un aspect effroyable.
Je me lève à huit heures et je file directement dans la salle de bains. Je dois partir à dix heures pour mon rendez-vous au Centre Radiologique pour une radio de mon pied gauche en partie amputé. Il me faut être prête pour l'arrivée du chauffeur du VSL.
Ensuite je déjeune seule, Maurice parti aux soins. Je rentre à douze heures trente... soulagée, je n'ai rien mais c'est un pied à surveiller sans relâche, être très vigilant... ça je l'ai appris à mes dépends.
Maurice souffle un grand coup, nous voilà tous rassurés. J'ai passé de l'éosine sur ses jambes cloquées et il s'est endormi pour la journée.
Dans l'après-midi son fauteuil-lit casse carrément... juste bon pour la casse ! Heureusement, Alain nous passe un message, il a bien réceptionné le nouveau fauteuil trouvé sur 'Le Bon Coin' et nous l'amène dans la soirée. Chic, fini le cirque !
Maurice va pouvoir se reposer et dormir sans être inquiété par les gros inconvénients d'un fauteuil démantibulé.
Alain appelle Pierre afin qu'il vienne l'aider à le monter par derrière la maison en utilisant la rampe. Pierre arrive aussitôt sur son vélo et ils chargent sans souci le fauteuil à l'intérieur. Quel bonheur ! Quelle chance d'avoir des amis si dévoués à notre cause.
Nous apprécions vraiment ce secours inopiné et tellement bienvenu. Nous discutons tous autour d'un verre en riant de bon cœur quand je raconte comment au début de notre mariage nous avons cassé quatre ou cinq lits, même celui du camping-car où nous nous sommes retrouvés dans la soute, et celui de l'hôtel qui accueillait les personnes qui soignaient les oiseaux mazoutés de l'Erika ! Jamais je n'ai eu aussi honte de ma vie ! Nous rions à gorge déployée à la narration du comment nous sommes restés bloqués dans l'immense baignoire de leur salle de bains prêtée par des copains. Gros fous rires ! Ah, nous en avons vécu des aventures de toutes sortes !
Nos amis nous quittent. On va se revoir demain autour d'un moules-frites à la maison ! On a pas fini de rigoler !
Ce soir, J'ai recouvert le fauteuil en très bon état avec des linges propres. Maurice est si bien installé qu'il s'endort immédiatement après le souper.
Quant à moi, je suis à bout de fatigue... je ne tiendrai pas longtemps debout ce soir.
La nuit descend vite à présent, les animaux regagnent leur couche... tout est silence.
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Vendredi 9 septembre 2016... nous fêtons les 50 ans de ma fille aînée...
Maurice a bien dormi mais il se lève dans un état de fatigue extrême. Il va dormir tout le matin cependant que je fais les courses de la semaine avec Sylvie.
Nous rentrons pour ranger et je prépare des fraises pour midi. Pierre arrive avec les moules-frites offerts par nos amis de la Pointe. Quel geste merveilleux ! Quelle attention envers nous. Mon cœur s'emplit de gratitude.
Maurice se lève pour se mettre à table et passer un bon moment ensemble. Il n'a guère faim mais devant un tel plateau, ça ne se refuse pas ! Le plaisir rejaillit et du coup il se régale. Encore une fois, il fait fort de nous faire croire qu'il va bien, même le docteur qui débarque au milieu du moules-frites s'y laisse prendre. Il faut dire que nous formons un trio de joyeux lurons !
Le médecin constate l'état de Maurice et lui demande de baisser la morphine. À chaque fois que Maurice l'a tenté c'était pour mieux reculer, ces maux reprenant le dessus au triple galop... nous verrons le résultat, d'autant que l'on baisse déjà la cortisone, ce qui n'est pas un mal. J'oublie de parler de mes radios et lui demander si le pneumologue s'est mis en relation avec lui. Le docteur nous quitte.
Nous terminons notre repas doucement autour des fraises et Pierre, de son côté a aussi apporté son dessert... il est terrible !
Mais voilà Alexandra, la podologue qui frappe à son tour... pas de chance. Elle commence les soins par Maurice. Pierre a ainsi le temps de prendre un café où nous parlons lui et moi encore un peu, puis il nous quitte. Il repart demain dans sa région où il va retrouver Jeanne avec bonheur, finies les vacances. Pierre et Jeanne vont bien nous manquer désormais.
Je passe à mon tour aux soins de pieds. Maurice tombe dans une extrême fatigue, rien de surprenant sa tension était à 17, 9 ce matin et là, maintenant elle est à 12,7. Il dort.
Moi, je file au lit à quinze heures, exténuée. Là-dessus arrive J. pour la deuxième couche de peinture à faire sur le carrosse de la Reine des Fées... puis c'est le tour de Céline pour les soins de Maurice.
Je finis par me lever à dix-sept heures trente pour aller nourrir mes petites biquettes et remplir l'abreuvoir et le bac aux oies. Pendant que je coupe des branches de fusain, je discute avec J. par delà le muret.
Maurice et moi sommes heureux, le carrosse resplendit. Je vais pouvoir chercher des graviers blancs pour les disposer sur la bâche posée au sol. Ce sera parfait.
Ce soir, Maurice n'a aucun appétit. Il accepte deux œufs sur le plat, un yaourt, une petite grappe de raisin. De son lit il suit les Jeux Paralympiques.
Je demeure sur l'ordinateur... je lis mes courriels et je travaille sur mes textes... je vais pouvoir veiller un peu. Le drap étoilé de la nuit s'étend sur la presqu'île.
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
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UN RADEAU DANS LE CIEL
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