21 octobre 2016
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Mercredi 19 octobre 2016... vous avez dit urgence ?
Je suis levée et j'ai le temps de me remettre sur l'ordinateur avant l'arrivée de Jean-François. Annie est là à huit heures trente et range la cuisine, la chambre où je n'ai plus dormi depuis des lustres, et tout le reste de la maison bien chahutée par le transfert de Maurice à l'hôpital mais que nous avons remis en place les uns et les autres, ambulanciers, infirmier et moi-même.
J'attends mes soins, ensuite je me lance dans un gratin de potimarron. Annie me donne un coup de main pour couper les cucurbitacées. Cela demande de la préparation mais Maurice va se régaler.
Il va très mal et ne cesse de me réclamer pour une chose ou une autre. Il prend de très grosses paniques dès qu'il ne me voit pas ou ne me sent plus près de lui. Il souffre tant de tant de maux.
Son cancer de la prostate lui donne de gros soucis pour uriner. Il a des douleurs de partout, sa tête avec son œdème cérébral, sa respiration (sans son respirateur depuis deux ans !), son cœur avec ses extrasystoles et après ses deux derniers infarctus récents, sa Parkinson où il tremble toujours davantage, sa prostate où il ne peut plus uriner sans souffrir atrocement, sa prothèse totale de genou infectée par un streptocoque... et nous sommes là à nous débattre jour et nuit dans un enfer épouvantable, à attendre que les médecins veuillent bien le soulager... plus de deux mois pour mettre en place une éventuelle solution.
Vers treize heures trente, je dois appeler l'infirmier en urgence. Maurice doit avoir recours à un lavement. Il souffre intensément. Jean-François arrive une demi-heure plus tard et procède aux soins qui vont l'occuper une bonne heure. Maurice se vide et il souffre beaucoup.
L'infirmier repasse à dix-huit heures, et Maurice remet ça. Jean-François le change entièrement même les draps.
Lorsqu'il est parti nous soupons rapidement. Mais Maurice remet ça et c'est à moi maintenant de le nettoyer, de le laver, de lui passer de l'éosine sur les premières traces d'escarres, de changer son alèse, sa couche culotte, sa couche. Je suis éreintée... je ne tiens pas debout et pourtant je dois allée par deux fois changer la bassine d'eau.
J'utilise le plus possible mon fauteuil roulant manuel... il ne manquerait plus que je tombe avec la cuvette. Je suis anéantie... un véritable sport que je ne suis pas en état d'exercer... et pourtant ! Quand je pense que la Sécurité Sociale ne reconnaît pas le soignant de son conjoint quand celui-ci est handicapé... pauvre monde absurde et sans pitié !
Bon, Maurice doit être mieux car il s'est enfin endormi. Je suis sur l'ordinateur mais je ne vais pas m'y attarder car je vais essayer de récupérer un peu de sommeil perdu.
Demain, je dois faire quelques courses et je suis en grand souci de laisser Maurice seul. Ce soir j'ai laissé un message à notre ami et voisin afin qu'il vienne une petite heure pour lui tenir compagnie. Rien n'est facile.
Jeudi 20 octobre 2016,
J'ai dormi entre trois appels... changer, laver, masser... vers quatre heures Maurice m'enjoint de regagner mon lit... ce que je fais mais avant de l'atteindre, il m'appelle encore trois fois. Bref, huit heures me voit à nouveau dans le fauteuil à côté de lui où Sylvie nous découvre en rentrant prendre son service.
Elle prépare le déjeuner de Maurice cependant que je vais à la salle de bains. Je dois être prête rapidement pour partir en courses et revenir pour onze heures. Notre voisin et ami me téléphone, il viendra au chevet de Maurice pendant que je serai partie. C'est bien, me voilà tout à fait rassurée.
Au moment de préparer les papiers pour la consultation ce midi à l'hôpital de Quimper je trouve effarée une ordonnance. Je l'avais oubliée celle-là !
Je m'inquiète, je la montre à l'infirmière ce sont des remèdes à prendre. Je téléphone à la pharmacienne qui ne comprend pas bien de quels types de produits il s'agit. Elle me demande de passer. Me voilà un peu paniquée à l'idée que l'hôpital puisse en avoir besoin. Le problème c'est que je ne gère pas les situations d'urgence... ma maladie me tétanise aussitôt et provoque l'effet contraire... je deviens tortue !
Je quitte la maison avec Sylvie qui a déjà rangé le fauteuil roulant manuel dans son auto. Nous partons en direction du magasin mais avant nous passons à la pharmacie où l'on m'attend. Non, en fait il s'agit d'une prise de sang à effectuer à la maison et à porter au labo ce que fera très bien l'infirmière. Ouf !
Nous faisons rapidement les quelques courses dont j'ai besoin pour cette fin de semaine. Puis nous rentrons ranger. Maurice m'attend pour lui donner un léger repas avant de partir à son tour avec l'ambulance Urgences 29. Avec Sylvie nous déménageons la maison à nouveau afin de laisser le passage au brancard. Nous retrouvons notre ami Frédéric avec cette fois-ci Christophe... bientôt nous connaîtrons toute l'équipe soit dix-sept membres. Ils emportent le malade non sans avoir bien bataillés pour le transfert du lit au brancard malgré leur très grande habitude. Ils prennent la route pour l'hôpital de Quimper où Maurice doit recevoir de nouveaux tests aux antibiotiques. Demain, il refera le même chemin. Bien installé dans la coquille sur le brancard, il dort à l'aller comme au retour.
Quand ils sont partis, je m'occupe de nos petites protégées. Toutes m'attendent en folie comme chaque jour. Je n'ai pas pu venir près d'elles hier, redoutant de laisser Maurice seul à la maison en pleine panique. Je coupe trois sacs de fusain et je distribue du grain aux oies et poules... évidemment c'est la bagarre, même les chèvres distribuent de grands coups de cornes à la volée. Ensuite je remplis leurs bacs d'eau propre.
Sur ce Alexandra, la podologue arrive pour curer mon pied sur la partie amputée... et les ambulanciers ramènent Maurice dans son lit. Il fait un temps superbe, très agréable en pareille circonstance. La véranda inondée de soleil nous fait croire à l'été indien.
Je n'ai pas arrêté de toute la journée, être de partout à la fois. J'ai étendu une lessive et fait tourner une autre, étendre encore ce soir... changer et installer le mieux possible Maurice dans son lit qui s'est endormi après le repas du soir.
Je reste sur l'ordinateur, mais à vingt et une heure, je serai au lit... va savoir somment sera la nuit ?
Vendredi 21 octobre 2016,
Je me suis levée toutes les deux heures... vingt-trois heures, une heure, trois heures, à cinq heures il prend une crise de douleur dans son genou, il me fait passer de la crème mais soudain je repense aux poches de glace que nous venons d'abandonner depuis deux, trois jours. Je vais la chercher.
Puis il me sonne à nouveau à sept heures en pleine crise de démangeaisons. Je décide de le laver de bas en haut. Lorsque la toilette est faite, je change son maillot, ses alèses, ses couches. Il se sent soudain beaucoup mieux et sombre dans le sommeil. Il n'a rien dormi de la nuit. Du coup, je reste un moment dans le fauteuil près de lui mais il est déjà l'heure et je vais déjeuner.
Nelly arrive et prend son service. Puis Audrey vient à son tour. Maurice est si fatigué qu'il préfère ne pas recommencer de toilette. L'infirmière doit lui faire une prise de sang mais elle n'y parvient pas, ce sera pour demain. Après avoir pratiqué mes soins, elle se retire.
Nelly a fait le déjeuner pour Maurice, puis elle s'attaque au reste de la maison. Je le fais manger avant qu'il ne s'en aille pour l'hôpital de Quimper.
Les ambulanciers arrivent et ils l'emportent vers son rendez-vous. Dans le service dermatologie, en avance de dix minutes ils attendent pour une lecture de son test qui va durer quelques secondes et ils repartent avec un rendez-vous pour le 31 octobre afin de passer une nouvelle batterie de tests qui vont durer une heure trente cette fois-ci ! Pourquoi n'ont-ils pas faits tous ces tests pendant qu'il se trouvait hospitalisé à Quimper ?...
Les ambulanciers reviennent vers quinze heures et le réinstallent dans son lit que j'ai refait avec l'aide de Nelly. Le voici bien installé dans des draps propres. Il peut se reposer tranquillement.
De mon côté, je n'ai pas arrêté une minute. Après le départ de Nelly à midi trente, je suis allée m'occuper des animaux sous un grand soleil, un temps calme et très doux. Comme hier j'ai dû retirer ma petite veste tant il faisait chaud. J'ai terminé à l'instant où l'ambulance se garait devant la maison.
Je demeure sur l'ordinateur pour lire mes courriel mais je suis littéralement lessivée.
Il faudrait que je dorme plusieurs heures d'affilée mais cela me paraît fort improbable. Nous attendons l'infirmière pour les soins du soir et je ferai le souper. Maurice mange très peu mais il se régale.
Aujourd'hui a été une journée très dure pour lui et après une nuit sans sommeil, espérons que la prochaine sera meilleure. Je lui ferai une toilette complète à vingt trois heures ainsi il sera mieux et pourra profiter d'une nuit apaisée...
Published by Dana LANG, CONTEUR AUTEUR CREATEUR
Lucette M. 23/10/2016 18:33
Marielle S. 22/10/2016 14:59