Samedi 29 octobre 2016,
Je me couche à vingt-deux heures trente... je commence à m'endormir lorsqu'il me sonne. Il est trempé et je dois le laver, le masser, le changer... je ne tiens pas debout... j'ai extrêmement mal dans les muscles, les cervicales, la colonne, les jambes, les pieds, un manque de force absolue et des mains douloureuses qui n'actionnent rien et pourtant j'essaie de le soulager du mieux que je peux. Ses fesses sont entamées par les points d'appui et malheureusement les pansements de duo-derm roulent sous ses va-et-vient pour se remonter dans le lit, quant au Mépilex XT ils se décollent. Je dois lui retirer, les bourrelets lui font mal. Lorsque j'en termine avec les soins, je retourne au lit. Il s'endort profondément.
Il me sonne à trois heures trente pour de nouveau le laver, le masser, le changer. Je dors debout. Lorsque j'ai fini, je file sous la couette. Il m'appelle à cinq heures, il a soif... puis à six heures, il a très froid. Je le recouvre. À huit heures quarante cinq je l'entends crier... il a trop d'air mais il a oublié qu'il peut actionner le ventilateur depuis son lit. Bon, je retourne au lit mais je réalise l'heure et je songe que nous avons nos amis qui viennent pour déjeuner avec nous... j'ai du travail ! Je reste un moment dans le fauteuil à côté de Maurice pour me réveiller doucement... je suis si fatiguée déjà sans rien faire !
Jean-François arrive pour les soins de Maurice puis il passe aux miens. Ensuite il nous laisse et je fais la vaisselle. Je m'aperçois que la matinée est bien avancée et que je n'ai pas déjeuner... Maurice non plus, mais il ne veut rien.
Je fais tourner une machine de linge et en cuisine je prépare des moules. J'avais complètement arrêté d'en acheter car je ne peux plus les nettoyer, or je voulais faire plaisir à Maurice qui en avait envie et à nos amis. Au magasin j'ai réclamé des moules toutes prêtes mais le vendeur n'en avait plus, seulement des bouchots pas trop sales. N'empêche il faut les nettoyer un peu et je bataille vraiment beaucoup, décidément je n'en referai plus, trop dur pour moi !
Et puis je formule un vœu pourvu que je puisse finir avant que nos amis n'arrivent ! J'ai fini les moules et j'en suis à l'ail et au persil à prendre devant la maison. Les voilà qui franchissent la porte dans une aura de bonheur et de joie incommensurable. Leurs rires sonnent étrangement dans une maison devenue si triste, si lourde de peine, accablée jour et nuit des plaintes de Maurice et les miennes au fond de mon âme. Mais ils apportent un rayon de lumière chaleureuse, un rai de soleil sur nos cœurs malmenés au point que je fais l'impasse sur le verre de vin blanc à ajouter aux moules.
Ils s'en viennent chargés de victuailles. Ils apportent des coquilles Saint-Jacques avec des frites et un dessert succulent des profiteroles glacées au caramel... une vraie tuerie !... Et encore une fois des pommes, de grosses belles pommes naturelles. Bon, j'ai l'air si bête avec mes moules que finalement nous ne les mettrons pas sur table, simplement allons-nous les goûter... et du coup j'en oublie les deux belles tartes aux pommes (sans sucre) dans le four confectionnées par Nelly, mon auxiliaire de vie ! Quel dommage !
Bref nous passons un excellent moment d'autant que je leur parle de mes bouquins que nous regardons ensemble très rapidement et toute ma création.
Lorsqu'ils nous quittent car ils rentrent chez eux, finies les vacances, nous nous retrouvons avec Maurice qui tombe de sommeil. Il s'endort et je vais faire la sieste. Il est presque quinze heures.
À dix-sept heures je file m'occuper de nos animaux. Les chèvres m'appellent depuis un petit moment déjà et elles commencent à s'impatienter par les cris effarants que pousse Aig (Aik), la chipie. Les oies s'y mêlent aussi à présent.
Jean-François vient pour les soins du soir, ensuite nous dînons avec... nos moules... et nos tartes ! ! !
En soirée je reste devant la télé près de Maurice et à dix-heures trente je refais les soins en totalité. J'ai remis les radiateurs car les nuits sont froides contrairement aux journées très chaudes de ces derniers jours.
J'achève ma journée sur ces mots... au lit, je repense aux instants magiques qui se sont déroulés...
Passiflore plantée sur el seuil de la maison et une courge plantée là au jardin par un bel oiseau...
Dimanche 30 octobre 2015,
Maurice m'appelle de nombreuses fois pour diverses choses, je le change à vingt-deux heures trente, puis à une heure, à quatre heures ses cris de douleur me réveillent. Il a très mal à ses jambes et plus particulièrement la gauche, évidemment. Elle demeure enflée, rouge et très dure. Je lui pose une poche de glace. J'ai du mal à me rendormir, je l'entends gémir et crier. Sur ces cris, je finis par me lever, il a bien peu dormi.
Je fais chauffer mon café et je lui apporte un morceau de tarte légère et sans sucre.
Puis nous recevons la gentille visite de notre ami Pierre C., il paraît fatigué lui aussi. Ensuite je prépare le repas. Nous déjeunons.
Maurice recommence ses problèmes de transit et je suis obligée d'appeler Jean-François, l'infirmier. Dévoué, gracieux et motivé il aide Maurice à se sortir de ce mauvais pas. Puis il s'en va pour revenir à dix-huit heures.
Dans son lit Maurice pleure d'en être réduit à ce stade. C'est une situation épouvantable pour lui, condamné à rester cloué ainsi dans le lit sans rien pouvoir faire, sans pouvoir suivre un film ou une émission, sans pouvoir se distraire sur l'ordinateur car cela le fatigue intensément ; même parler autour de lui l'épuise et les voix fortes comme la même lui font mal au crâne... et le pire c'est d'être obligé d'avoir recours à moi pour tout... lui apporter de l'eau, ses remèdes, ses poches de glace, enfin tout ce dont il a besoin... puis aussi le changer, le panser, le frictionner, le masser... il n'en peut plus de son sort affreux !
J'ai une nouvelle fois dû baisser les stores tant le soleil irradie la véranda. J'ai dû aussi éteindre les radiateurs... à remettre le soir car les nuits sont fraîches.
Il fait un temps radieux et nous sommes là confinés tous les deux à la maison depuis ce terrible 12 septembre où il n'a plus jamais pu remettre sa jambe au sol après dix mois alité par des œdèmes cardiaques qui pissaient l'eau par les jambes et les pieds et la venue d'un sixième érysipèle ! Depuis le drame s'est accentué en devenant grabataire !
Tout est devenu encore plus difficile que jamais pour nous deux...
Et la galère recommence cet après-midi... à moi de le changer, je ne peux pas le laisser ainsi jusqu'à dix-huit heures !
Puis Jean-François revient ce soir, lui aussi il s'acquitte avec bonheur de cette nouvelle tâche...
Ensuite nous dînons rapidement.
Je dois de nouveau prendre la relève. Je dois le changer entièrement afin qu'il soit bien installé pour la nuit. Je le soigne dans les parties douloureuses. Je range tout son matériel autour de son lit afin que tout soit accessible le mieux possible. Il finit par s'apaiser vers vingt et une heure et s'endort profondément.
De mon côté j'écris une lettre à la perception afin que nos impôts locaux soient mensualisés, cela a été fait depuis toujours et je ne comprends pas pourquoi depuis notre arrivée en Bretagne, deux ans, le percepteur nous le refuse... nous prendrait-il pour Rothschild ou pour Jean-François Copé ? Il y a beau temps que les personnes handicapées ne sont pas riches surtout depuis ces deux derniers gouvernements !
Bon, je pense à nos lumineux amis de Lille repartis de nouveau chez eux. Encore des bons moments passés ensemble, même si cette fois ils étaient graves et lourds de tristesse.
Je vais tâcher d'aller me coucher car je suis littéralement écrasée de douleurs ininterrompues et de crises d'asthénie continues. Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir face à la tâche énorme qu'exige un malade grabataire à la maison.
Maurice de son côté demeure désespéré par son état qui traîne depuis si longtemps... deux ans qu'il diminue chaque jour et depuis dix mois il n'a guère quitté le lit pour finalement y resté cloué depuis le 12 novembre 2016...
Guillaume EKOUME, conteur camerounais 31/10/2016 13:17
Guillaume EKOUME, conteur camerounais 31/10/2016 13:15
Dana LANG 31/10/2016 13:13
josiane horrent 31/10/2016 08:45