Mardi 24 octobre 2016,
Maurice a souffert toute la nuit de problèmes intestinaux. Je l'ai lavé, massé, frotté jusqu'à trois heures trente... je n'en pouvais plus et je suis allée me coucher vers quatre heures. Je l'ai entendu geindre et crier jusqu'au matin. C'est dingue ce que cet homme peut supporter... c'est un OVNI ou plutôt un CSNI, un corps spatial non identifié ! ! ! En attendant à côté il faut suivre !
Tout le matin il est aussi mal. Nous attendons Corinne l'infirmière dévouée, efficace et si charmante. Maurice me sonne à huit heures, je dormais profondément, en plein rêve.
J'ouvre la porte, Véronique ne va pas tarder. Je déjeune... il ne veut rien. Corinne arrive tard et téléphone au médecin devant les problèmes. Il donne un remède (9 euros, non remboursé). Il s'agit d'un grand lavement que l'on pratique pour les cœlioscopies. Mais Corinne reste prudente, il faut qu'il évacue avec les derniers remèdes fournis... car cela pourrait encore provoquer un choc cardiaque. Nous nous en tenons là et Maurice arrive à se dégager un peu plus aujourd'hui.
Nous recevons la visite de nos joyeux amis qui profitent de la visite pour nous gâter toujours davantage !... Des pommes et du pâté Le Hénaff sont au programme !... Pommes qu'ils épluchent à deux et je n'ai plus qu'à faire cuire ! Puis Jeanne m'accompagne pour offrir les déchets à nos petites protégées... oh la là, la belle envolée qui arrive courant de toutes leurs pattes et criant à gorge déployée. Nos amis promettent de revenir mais avant je leur demande s'ils veulent bien sortir le fauteuil roulant et le diable de notre véhicule. Le fauteuil roulant de Maurice est en panne de batterie et ils doivent soulever cet engin de 135 kg... ah, mais il y a une manette pour le conduire en manuel ! Zut alors !
Cet après-midi, Maurice se sent soulagé et s'endort serein et du coup, j'en profite pour aller me reposer. Je m'endors pour deux heures de récupération.
Au courrier des factures qui me contrarient. Courrier encore manger par les korrigans comme l'autre jour où la convocation de l'hôpital s'est retrouvée mangée et le plan découpé de petites fenêtres... heureusement mon diplôme et mon Prix ont été épargnés.
Je profite d'un petit calme pour aller nourrir nos animaux. Finalement cela me fait sortir de la maison où nous vivons enterrés vivants. Je prends l'air et leur manifestation de joie me remplis le cœur d'une sensation de bonheur fugace.
Je rentre lorsque arrive Corinne. Elle pratique les soins nécessaires à Maurice et il se sent mieux. Il l'attendait impatiemment.
J'offre à mon époux une tartine de pâté de foie offert par les amis et de la compote faite ce matin... il ne veut rien d'autre. Puis il s'endort.
La soirée se termine près de lui dans le fauteuil puis je le lave et je vais me couchée exténuée.
Mercredi 26 octobre 2016,
Maurice m'a sonné toutes les heures, le masser, le laver, le frictionner, changer les couches, masser les jambes, etc...
À huit heures j'ouvre à Annie, une nouvelle auxiliaire de vie et je prépare le déjeuner que je porte à Maurice et le mien. Je suis fatiguée mais j'ai une maladie de la fatigue et de la douleur... accentuée à présent par le fait que je dois soigner mon époux 24 h sur 24... il ne me reste que très peu de temps pour souffler. Je ne sais pas combien de temps je tiendrais plongée dans cet enfer !
Audrey, l'infirmière arrive, et malgré cela je suis obligée d'y revenir, de le relaver, de m'appliquer sur les talures du corps, dos, fessiers, jambes, talons, mettre de l'éosine et des pansements sur la peau.
Ensuite je prépare le repas. Pierre C. passe voir Maurice avec sa gentillesse habituelle. Puis Pierre F. et Jeanne, nos amis de Lille aux sourires éclatants nous rendent une petite visite éclair chargés de pommes et d'un petit morceau de tome bretonne ! Ah, ils sont terribles ! Ils restent peu de temps mais nous apportent le soleil de leur cœur.
Maurice mange... très peu. Il est si fatigué que se nourrir l'épuise au fond du lit. Vers quatorze heures, il se vide et je suis obligée de le débarrasser. Je nettoie tout, je le lave, le sèche, mets de l'éosine, remets des pansements et le change avec de nouvelles alèses et des couches propres. Cela me fait exécuter des gestes qui me font mal et m'épuise. Mais, je suis contente, il se sent mieux et plus à l'aise.
Après ça je me dirige vers la chambre où je vais faire une sieste. Je me repose durant une heure trente quand il me sonne.
– Ce n'est pas pour moi... il y a du raffut dans la véranda !
J'écoute puis je cherche du regard et soudain j'aperçois un roitelet prisonnier dans la maison... il se débat à vouloir sortir. Je le suis du regard et il va se coincer vers le séchoir et se trouve bloquer au sol. Je cherche un torchon léger et je le jette sur l'oiseau fragile. Il s'immobilise aussitôt. Je le prends à l'aide du torchon dans mes mains pour l'emmener dehors. Sur la rampe, je le libère mais il reste encore accroché sur ma main. Je l'aide à s'envoler et il revient s'agripper sur le bois de la rampe. Je le laisse se débrouiller.
Au bout d'un moment un autre affolement se déclenche. Je vais voir... mais il y a un autre oiseau... un rouge-gorge cette fois prisonnier lui aussi de la maison. Je m'approche mais il s'affole, je recommence avec mon torchon mais il s'échappe. Tant pis, j'ouvre grand la baie vitrée et il se débrouillera bien tout seul. Je vaque à mes occupations, je file nourrir les chèvres. Je laisse Maurice seul un moment et je pars en roulettes jusqu'au fond du terrain cueillir du fusain. J'entends Maurice me parler de l'oiseau... sans doute s'affole-t-il encore avant de trouver la sortie.
Je remplis d'eau les abreuvoirs et je rentre. Je trouve notre ami et voisin Henke tout contrit. Nous parlons de l'état de Maurice et lui aussi veut le voir et lui dire bonjour. Il pénètre dans la maison, le temps pour moi de couper l'eau et de garer mon fauteuil roulant électrique au garage.
Je discute avec Henke... mais voici l'infirmière... les rideaux sont tirés... nous parlons dans la véranda. Henke paraît extrêmement attristé par notre situation. Lorsque l'infirmière nous quitte, il vient s'asseoir près de Maurice et demeure un long moment près de lui. Avec son épouse Clémentine, ce sont vraiment de belles âmes, nous les aimons beaucoup.
Lorsque Henke est parti, je réchauffe le souper et nous dînons. Puis je lave Maurice encore une fois avant de dormir.
Je m'installe sur l'ordinateur pour lire mes courriels et écrire un peu... mais je suis accablée de fatigue et de douleurs. Maurice m'appelle car ses jambes lui font mal, je vais les frictionner avec de la crème... mais à peine terminé sa jambe droite le démange. Je vais devoir l''éosiner' encore un coup, c'est à dire laver et frotter avec un coton imbiber d'éosine. Je vais aussi devoir le changer avant d'aller me coucher.
Si seulement je pouvais dormir toute une nuit... mais ça c'est impossible !