Mardi 18 octobre 2016,
Nous passons une nuit littéralement épouvantable.
Maurice a besoin de moi constamment. Le sommeil m'emporte et pourtant toutes les heures il m'appelle afin que je le change, que je le lave, que je le masse, que je lui passe de la pommade, que je le recouvre, que je le découvre, que je le ventile, etc... je n'en peux plus. Vers cinq heures je suis clouée dans le fauteuil sans pouvoir bouger, pétrie de sommeil et d'une fatigue incommensurable... je ne pourrai pas tenir à ce rythme, cela va me tuer !
Au matin, il faut se préparer, l'ambulance Urgences 29 va arriver. Je dois le faire manger et déjeuner. Je lui donne une petite tartine beurrée mais il fait une fausse route et m'en redonne la moitié. Bon, je suis prête et je déjeune à mon tour.
L'infirmier arrive juste avant les ambulanciers qui amènent tout le nécessaire pour emporter Maurice dans un brancard. Comme d'habitude ils passent par derrière la maison, du côté véranda par la rampe. Ils font de gros efforts pour déplacer Maurice de son lit au brancard... il est excessivement lourd, gonflé d'œdèmes cardiaques et sa jambe gauche est un véritable poids mort. Mais ils sont magnifiques de courage, d'abnégation et d'empathie. Ensuite ils m'aident à monter dans l'ambulance tout en emportant mon fauteuil.
Nous passons chez le médecin pour rien, pas de papiers pour nous, je n'ai rien compris. Puis nous roulons jusqu'à l'hôpital de Quimper. Nous arrivons en dermatologie, enfin au secrétariat et ensuite chez l'allergologue.
Maurice dans son état de souffrance doit attendre encore car nous sommes arrivés en retard d'une bonne demi-heure. Il subit les tests, plusieurs piqûres dans le bras gauche et un patch sur le bras droit exécuté par une infirmière vraiment très agréable, souriante et sympathique à souhait ce que nous apprécions encore davantage en étant malades. Il devra revenir la voir pour la lecture des tests jeudi et vendredi à treize heures trente.
Les ambulanciers nous attendent et recommencent le chargement du malade et de l'invalide que je suis qui se trouve aux prises avec de très méchantes crampes dans les jambes.
Voilà, malgré son immense fatigue il nous faut refaire le trajet inverse. Nous sommes contents d'être arrivés à treize heures vingt. Nous avons précédemment téléphoné à Jean-François qui vient pour mettre Maurice le plus possible à l'aise. Il le lave, le change et arrange son lit. Nous remettons les affaires déménagées en ordre. Notre enfer reprend son cours.
Jean-François, l'infirmier nous démontre sa gentillesse et sa conscience professionnelle de revenir pour panser Maurice. Nous apprécions grandement ce geste.
La soirée s'achève dans une immense fatigue. Je demeure un peu sur l'ordinateur, le temps de répondre aux courriels de mes amis qui me félicitent pour mon poème 'Sous les Balles !' et de féliciter à mon tour Serge Sommer, mon ami pour son Prix de la biographie avec 'Au-delà du Verbe'.
La nuit est plus calme. Vers onze heures trente je lave Maurice, je le change, je le masse, il se remonte dans le lit où il ne fait que glisser, je le réinstalle. Vers deux heures du matin, je recommence. Puis vers quatre heures, il faut le ventiler, vers cinq heures il faut le changer, six heures il a froid.
À sept heures, je finis par me lever et préparer le déjeuner, cacao et tartine pour Maurice. Je prends mon café et tartines dans la cuisine.