Dimanche 16 octobre 2016,
La nuit a été un cauchemar. J'ai tourné autour du lit de Maurice pour une quantité de soins afin de le soulager... lui frotter le dos, le couvrir, le découvrir, le ventiler, lui masser les genoux qui le démangeaient, masser les jambes, les mollets, les fessiers, le changer, lui donner à boire, prendre sa morphine à heure fixe, maux de tête, doliprane, le laver, le changer, lui passer de l'éosine aux points sensibles... sur le matin enfin l'épuisement aidant nous nous sommes endormis pas longtemps selon ses nouveaux besoins puis plongeant de nouveau dans le sommeil où Maurice se plaint beaucoup, l'infirmière nous a réveillés... KO !
Je prépare le déjeuner. Maurice mange une minuscule tartine beurrée avec un peu de lait. Je déjeune mais déjà il me réclame. Je passe mon temps à tenter de le soulager.
Ensuite je prépare le repas... mais voici Marie-Claude et Marc qui ont eu l'extrême gentillesse d'aller nous acheter des couches car nous sommes tombés en panne ce dimanche, et c'est plutôt très embêtant. Bon, les couches des super marchés ne sont pas aussi efficaces que celles plus médicales de la pharmacie mais en les arrangeant un peu, elles feront bien l'affaire d'autant qu'elles sont trois fois moins coûteuses, et j'en ai assez de laisser des sommes folles à la pharmacie.
Nous discutons un peu autour d'un verre de cidre. Nous sommes contents de les voir. Maurice n'est pas très causant, fatigué à l'extrême. Merci mes amis.
L'après-midi, je laisse tomber la vaisselle, j'étends rapidement une nouvelle machine de linge, puis je m'installe sur le fauteuil. Nous dormons tous les deux. J'entends Maurice gémir dans son sommeil... mais je ne me lève pas, je n'en peux plus.
Lundi 17 octobre 2016,
Nous avons dormi après des soins à vingt trois heures et d'autres à deux heures du matin. Nous nous sommes endormis pour le reste de la nuit. Sommeil très difficile où j'entendais les gémissements continus de Maurice, parfois je lui parlais dans mon sommeil. Nous sommes restés ainsi jusqu'à l'arrivée de Nathalie.
Puis, j'ai tendu une tartine beurrée à Maurice avec un verre de lait dans son canard. Ensuite après le déjeuner, je me suis préparée rapidement pour aller faire la tournée des grandes surfaces afin de trouver des alèses, des couches culottes et des protections suffisamment grandes et larges et moins chères qu'en pharmacie. Nous verrons à l'usage. Nathalie a pris le pain et nous sommes passées chez le médecin mais nos papiers n'étaient pas prêts... il va falloir repasser demain avec l'ambulance... ça risque d'être chaud !
Demain jour J pour la consultation vers l'allergologue à l'hôpital de Quimper afin de savoir s'il est toujours allergique à la pénicilline. Nous devons être prêts à partir pour neuf heures avec les Urgences 29, une équipe absolument formidable !
La journée s'éternise et je suis tellement épuisée que je m'installe dans le fauteuil prêt de Maurice où je m'endors jusqu'à dix-sept heures avec des douleurs aux jambes absolument insensées... il me faudrait un kiné. J'ai vraiment trop mal.
Je prépare le repas du soir. Je fais manger Maurice puis je vais m'occuper de nos petites protégées. Je coupe rapidement du fusain pour les chèvres et de l'herbe pour les oies... je ne tiens absolument pas debout... je fais de la gymnastique entre mes jambes et mon fauteuil roulant pour ne pas tomber. Ma vie se montre de plus en plus compliquée.
Je rentre, il va faire nuit. Je pratique des soins sur Maurice. Je masse toutes ses parties talées avant qu'il ne s'endorme. Il glisse dans le lit et très souvent il doit se remonter par la force des bras, c'est très dur car son abdomen est horriblement gonflé par les œdèmes cardiaques. Ensuite je lui redresse ses jambes ; la droite avec un coussin dessous le mollet pour éviter le frottement, le point d'appui du talon ; la gauche avec son abcès dans la prothèse ne bouge plus aussi je l'avance et la replace avec mes mains très doucement. Quand tout est bien soigné de partout, il peut alors s'endormir serein. J'y porte beaucoup d'attention car sinon dans la nuit les angoisses de mort sont terrifiantes et difficiles à calmer... il faut alors reprendre les soins, le laver au milieu de la nuit.
Je ne veillerai pas trop longtemps, ce soir. Nous devons dormir car demain une journée pas triste nous attend de bon matin.
Troisième journée de grand beau temps, il a fait bon et chaud sans vent sur la presqu'île... temps d'octobre royal !