Mon poème est lu sur la passerelle lors de la Marche Des lampes pour Alep à Audierne jusqu'au phare...
Dimanche 18 décembre 2016... marche pour Alep à Audierne...
Je m'occupe de Maurice jusqu'à une heure, puis je vais me coucher. À deux heures quinze, il m'appelle, il a faim... je lui prépare des tartines beurrées. Il me rappelle à trois heures quinze, je dois le laver, le masser, le changer.
Je l'entends crier à cinq heures trente, je me lève... sa jambe le fait souffrir horriblement. Je le masse, lui cale un gros coussin dessous et je lui pose un pain de glace. Il crie jusqu'à six heures trente du matin... je me relève et je vais voir ce qui le met dans cet état. Il a très mal sous la cuisse. Je lui demande de se retourner en s'aidant avec la barrière du lit. Il a gratté avec un goupillon et de la crème et son alèse de coton est en miettes. Je vois qu'il s'agit de la grosse tache noirâtre de sa cuisse qui lui mène la vie dure.
Lorsque je suis debout à huit heures, je lui prépare son déjeuner et je déjeune à mon tour. Audrey, l'infirmière arrive pour ses soins. Pendant ce temps, je commence à préparer les moules. Heureusement qu'André les a nettoyées car je ne pourrai pas les faire moi-même. Là le travail est bien dégrossi.
Lorsque l'infirmière s'en va, après mes soins, je m'occupe à nouveau de Maurice. J'applique deux très gros pansements de duo-derm... mais il ne devra pas se remonter sans cesse dans son lit. Pour cela je lui mets le drap de glisse sous la grande alèse. Je dispose aussi le petit drap de glisse sous ses pieds afin qu'il puisse faire sa gymnastique dans la journée.
Je retourne à mes fourneaux. Je fais cuire les moules avec de la bière comme Maurice a envie. Manque de pot, évidemment, je ne parviens pas à ouvrir la bouteille, elle échappe de mes mains de singe et se renverse sur le sol... je peste tant et plus. Maurice dans son lit m'ouvre une autre bouteille. Je rajoute à ma sauce du persil, de l'ail préparé la veille (heureusement) et de la crème.
Nous déjeunons autour du lit de Maurice et nous nous régalons avec des poireaux en salade, du gratin dauphinois et les moules sauvages grosses comme des huîtres !
Je vais voir mes petites protégées. Je leur amène du grain et de l'eau puis je rentre car malgré un énorme soleil, il fait froid.
Je fais la vaisselle puis je me mets sur l'ordinateur... Maurice s'est endormi profondément juste après un coup de fil de mon fils. Cette année les enfants fêtent Noël chez leur sœur Nathalie, cela me rend toujours très heureuse de savoir toute la fratrie réunie. Eux, bien entendu, sont toujours tristes de devoir faire les fêtes sans nous... mais depuis plusieurs années nous sommes victimes de notre état de santé dégradée.
Aujourd'hui toutes mes pensées volent vers Alep, et ce soir la population se met en marche et se réunit au phare d' Audierne pour envoyer les pensées du peuple de France à celui de Syrie sous le joug de dictateurs sanguinaires qui bafouent impunément la vie sacrée, et ne respectent pas le désir du peuple Syrien à l'émancipation, à la démocratie. Pour garder leur pouvoir et leur suprématie sur les peuples, ils noient ce besoin de liberté dans le sang des innocents ! Ce soir mon pamphlet 'Alep, ton cri monte au ciel ' sera lu devant tous les participants. Comme je suis bloquée à la maison, que je ne peux pas marcher, ni conduire, ce sera une manière d'être là-bas avec tous, par mon âme et mon cœur. Car je pleure, et je saigne de savoir autant de petits enfants sous une pluie de bombes !
Maurice se réveille et vers dix-sept heures je dois le changer. Il se plaint d'avoir mal sur sa cuisse... évidemment le pansement a bougé et fait un bourrelet. Je le décolle doucement pour le recoller... je verrai ce soir si je dois le lui retirer avec de l'eau. Il s'endort après avoir mangé un bout de raisin.
Lundi 19 décembre 2016... consultation à la Cavale Blanche à Brest...
La nuit se trouve très agitée, après l'avoir lavé, massé, changé, je me couche à minuit... mais il me réveille toutes les heures.
Il me sonne à huit heures car il veut déjeuner mais je lui rappelle qu'il va avoir une prise de sang. Zut, il est déçu, il risque de déjeuner tardivement. L'infirmière arrive à neuf heures trente et nous lui avons préparé ses tartines et son cacao sur la table de la cuisine. Audrey lui passera, en attendant je sors en courses avec Nathalie... il serait temps que je songe à Noël.
Nous rentrons rapidement. Nathalie a terminé le tour de la maison et elle m'aide à confectionner une salade de fruits copieuse, cela m'évite bien de la peine... je n'arrive plus à peler les oranges.
Sur la revue que m'envoie l'association CMT France, je vais pouvoir m'acheter un stylo pour écrire correctement et un doigt pour m'aider à ouvrir les paquets et toutes sortes d'autres choses... il faudrait que je trouve un ouvre bouteilles de lait, d'huile, etc... et aussi, des couverts spéciaux pour la Parkinson.
Nathalie nous quitte à midi. Auparavant, elle m'a donné un coup de main pour déblayer toutes les affaires autour du lit de Maurice car les brancardiers viennent nous prendre à treize heures trente pour une consultation d'après opération. Ils arrivent en retard retenus par les travaux sur Audierne et aussi pour avoir déposé une malade en route.
Les ambulanciers que nous connaissons tous à présent, portent Maurice du lit au brancard, puis ils chargent mon fauteuil roulant manuel et nous voilà partis après avoir été bien installés dans l'ambulance.
Il nous faut deux bonnes heures pour parvenir à Brest. Le voyage s'est fait bien pénible pour Maurice et pour moi aussi qui ressens une vive douleur neurogène dans le dos. Nous faisons malheureusement la queue à la radio pour son genou et de nouveau la queue pour des papiers cependant que Maurice souffre de plus en plus sur le brancard surtout de ses traces noirâtres sur le cuisse et sur sa cheville droite, enfin le brancard est vraiment petit pour sa morphologie exubérante. Je m'inquiète car depuis avant hier son ventre s'est remis à enfler et se gonfler d'eau... les œdèmes cardiaques vont-ils revenir de plus belle... j'en ai comme une mauvaise impression.
Les médecins font entrer le brancard dans leur bureau et ausculte sa jambe débarrassée de ses quarante agrafes. Ils sont contents de leur boulot... ils peuvent. Il fallait oser faire une telle intervention sur un bonhomme perclus de tant de pathologies graves. Bon, mais Maurice s'est trouvé entouré une belle collégiale de médecins qui ont réfléchi durant quinze jours à cette situation périlleuse.
Finalement, nous ne sommes pas fâchés de rentrer... crevés ! Maurice n'a qu'une hâte, retrouver son lit, souper et dormir. Nous téléphonons dans l'ambulance à Jean-François qui a la gentillesse de venir à dix-neuf heures pour laver, masser et changer Maurice.
Une fois bien installé dans son lit, je lui apporte la soupe et un morceau de flan... il commence à s'endormir. Alain et Justine nous rendent visite... nous sommes très heureux de les voir mais ils ne sont pas en forme pris par une bonne bronchite. Ils s'en vont, Maurice s'endort tout à fait... ah, s'il pouvait dormir la nuit entière... mais là, il ne faut pas rêver !
Ce soir j'ai reçu un message du responsable de la marche d'hier soir à Audierne... mon poème a bien été lu sur la passerelle devant une assemblée de cent-soixante personnes. Merci à toi, Jean-Paul... ainsi j'étais présente.
J'ai également lu un message de ma grande, douce et si belle amie Lucette. Cela m'a apporte du baume au cœur.
Jean-Paul M. 19/12/2016 23:18
Lucette M. 19/12/2016 22:58