Vendredi 6 janvier 2017... des nuits et des jours plus que difficiles !
La nuit s'est trouvée comme chaque nuit très perturbée par ses crises de douleur et ses cris épouvantables. Je me suis levée comme chaque nuit, autant de fois. Il a dû prendre 40 mg de morphine et un doliprane pour parvenir à se calmer... je me suis levée à quatre reprises pour l'aider.
Au matin, Nelly est là et je me dépêche car je dois partir faire des petites courses obligatoires. Du coup, comme toujours j'abandonne mes soins. Nelly intervient plusieurs fois pour aider Maurice cependant que je me prépare.
Nous filons vite. Jean-François, depuis la visite du médecin, pratique des inhalations à Maurice qui ont le méritent de soulager sa mauvaise respiration très saccadée qui ne supporte pas son respirateur. Sa température affiche toujours plus de 39°... il va très mal.
La kiné passe dans l'après midi, mais il est amorphe, aussi pratique-t-elle des drainages à défaut de ne pas pouvoir le faire bouger... elle reviendra lundi.
Alexandra devait passer le 2 ou le 3 janvier, mais je pense qu'elle doit être grippée, je n'ai pas eu de ses nouvelles, sauf si le téléphone continue à ne pas me passer mes interlocuteurs. Il faut que je pense à l'appeler.
La soirée s'achève lentement, Maurice ne cesse de dormir depuis onze heures, et il finit par se réveiller pour le dîner... et ne se rendort plus.
Je dois lui donner tous ses remèdes à vingt heures, le changer à vingt et une heures trente... puis une nouvelle fois à minuit... je file me coucher mais il me sonne à une heure vingt.
Àtrois heures vingt, ses cris de douleurs insupportables me réveillent :
–Non, j'ai trop mal... trop mal ! Je n'en peux plus, je n'en peux plus ! J'ai mal, j'ai mal, j'ai trop, trop, trop mal !
Il ne cesse de hurler. Je vais lui donner la morphine qu'il n'a pas prise de la nuit, son doliprane, je le change, le masse, lui arrange son lit, ses draps, ses alèses, ses couvertures. Je retourne au lit mais ses cris redoublent... je repense à la glace que je n'ai pas mise... je me relève et lui pose sur la jambe. Je vais dans le lit... il continue à crier de plus belle... je lui donne à boire. Je file au lit... il crie toujours... je dois lui passer de l'huile d'olive sur ses irritations... et c'est ainsi toutes les nuits.
Je me relève à cinq heures vingt pour le changer. Il a faim, je lui fais des tartines beurrées à la confiture. Il me rappelle de sept heures trente. Il est près de huit heures, je devrai me lever... mais je suis claquée, je m'engouffre au chaud dans mon lit... tant pis, j'ai le temps après tout... Jean-François, l'infirmier vient me réveiller à dix heures... il peut me faire mes soins. Je n'ai plus envie de me lever, je dormais comme un bébé enfin tranquille. Bon, mais il insiste et il doit me soigner. Je me tire du lit avec toutes les douleurs, les difficultés habituelles. Lentement je m'extirpe du lit pour me rendre à la salle de bains à deux pas. Je lui raconte notre nuit aussi sauvage que celle d'hier... rien ne change. Hier Maurice se plaignait du cœur, cette nuit encore. Hier, il m'a fait vraiment peur avec ses crises de paranoïa... il me voyait comme son ennemie, il ne se retrouvait pas dans l'espace. Il mélangeait le passé avec le présent... les soucis d'hier à ceux d'aujourd'hui. Je l'ai disputé mais lorsque j'ai compris qu'il était perdu, je m'en suis voulue de l'avoir secoué si durement. Jean-François s'est montré mon allié dans cette affaire.
Aujourd'hui, je reste en chemise de nuit et robe de chambre. Cela ne met pas arrivée depuis des années... je fais la vaisselle d'hier soir puis je vais consulter mes courriels où des vœux me parviennent encore... j'ai tant de courriers à faire, jamais je n'y parviendrai cette année.
De plus je me casse la tête pour certaines inscriptions à des concours. En même temps, j'ai un retard énorme de mise à jour de mon travail littéraire et de tri aussi... oh, la, la, quel boulot, quand je suis au fond du gouffre !
Ce matin, de belles gelées matinales se lèvent au point du jour et un soleil flamboyant apparaît. Il fait très beau, mais les journées demeurent très courtes.
Cependant que j'écris, Maurice s'est enfoncé dans le sommeil où de temps à autre, je m'entends hurler de douleur.
Le deal passé avec le médecin comme quoi Maurice doit reprendre le diurétique pendant dix jours, temps de la grippe, arrêté depuis cinq jours par nous ne me plaît guère.
Maurice hélas a les jambes qui regonflent et une plaie s'est ouverte sur sa cheville et son ventre pour faire passer l'eau exactement comme avant son opération. Il reprend un ventre très dur élargi de vergetures abominables... un tonneau d'eau... le ventre d'Obélix ! Six personnes à l'hôpital ne suffisaient pas à le relever... ils l'ont même fait tomber du lève-personne !
Jamais il ne pourra se relever du lit. Il a déjà un mal énorme à se tourner du côté droit... son ventre l'entraîne toujours sur la gauche justement sur sa jambe coincée par l'infection, opérée et toujours couchée en travers... les œdèmes se reforment à chaque fois que l'on lui envoie des diurétiques.
Le gastro-entérologue qui l'a sauvé nous l'avait affirmé, plus on envoie de l'eau à un malade cardiaque pour le faire pisser, son cœur en fera trois fois plus et nous entrons dans le cercle infernal et vicieux d'un traitement épouvantable : sonde à demeure, diffu-K, et prise de poids exorbitant !
Ses œdèmes aux jambes, aux pieds et sur tout le corps, dos, bras, abdomen rajoutent à sa souffrance. Ses douleurs atroces pour uriner depuis la dernière pose de sonde pour huit jours à l'hôpital se sont ravivées à outrance... on dirait qu'il accouche ! Il faudrait l'opérer de sa prostate à nouveau, quelle misère !