Lundi 30 janvier 2017... départ en ambulance pour une consultation à Brest...
La nuit s'est passée comme toutes les autres avec plusieurs changes... il n'a rien dormi comme d'habitude, prenant le jour pour la nuit. Au matin, il est épuisé et après le passage de l'infirmier, il dort.
Sylvie arrive à neuf heures à la place de Nathalie souffrante. Elle s'emploie aux tâches de la maison. Elle m'aide à déménager le coin où les ambulanciers ont besoin de passer le brancard pour prendre Maurice à partir de son lit. Je prépare un repas rapide pour onze heures trente mais mon époux ne mange rien sauf une clémentine.
Nous sommes prêts pour le voyage de deux heures en ambulance, Maurice risque d'être extrêmement fatigué.
Arrivés au CHRU de Brest, les ambulanciers nous mènent dans le couloir en attente de la visite médicale. Pendant ce temps l'un d'eux va faire les papiers et ramène les étiquettes pour l'année 2017. Nous attendons, trois patients sont avant nous.
Lorsque les médecins nous invitent à entrer dans leur cabinet ils restent interdits, médusés et très déçus de trouver Maurice toujours sur son brancard et dans cet état épouvantable, gonflé d'eau de ses œdèmes. Cela ne ressemble pas à Maurice après une intervention chirurgicale... en mars 2001 après la pose de sa prothèse (et trente opérations dans les jambes), deux mois plus tard il a fait le tour du Lac des Sapins soit cinq kilomètres à pied. Mais là, quinze ans après sur un cœur au bout du rouleau, une opération aussi lourde n'a pu que le jeter dans un gouffre de douleurs incalculable... il allait au casse-pipe, c'était tellement évident !
Nous sommes rentrés laissant les médecins dubitatifs. Maurice très mal sur le brancard, cela ne peut pas être autrement avec son ventre exorbitant a bien hâte de retrouver son lit. Il se trouve dans une fatigue incommensurable. Après notre retour l'infirmier arrive et le soigne. Puis je lui donne son menu repas et il somnole pris entre quatre dimensions, le passé, le présent, les rêves et la télévision où il fait un mixage ahurissant de délires.
Je reste vers lui le plus longtemps possible. Je le change, je l'arrange et vais me coucher vers minuit. Il m'appelle à une heure et il me dit :
–Regarde, mais regarde, je t'assure il y a un camping-car dans le jardin...
–Mais non, Maurice il n'y a pas de campring-car et là, tu vois les volets sont baissés !
Il me sonne à trois heures, il me déclare :
–Donne-moi ma pommade je dois redessiner les rues de Paris...
J'essaie de le ramener à la raison, mais il entend une émission à la télé qui parle des rues de Paris... je comprends alors sa confusion.
Il me rappelle à cinq heures... il a perdu sa lunette d'oxygène... depuis combien de temps ? Je la cherche dans son lit et la lui remets.
Je retourne me coucher.