Mercredi 5 avril 2017... Maurice revient à la maison...
Je me lève pétrie de douleurs intenables à six heures, je me recouche un moment pour me relever à sept heures cinquante, au même instant on frappe à la porte... c'est le fournisseur du lit et du matelas à air qui apporte sa livraison. Chic, c'est Maurice qui va s'en trouver bien.
Véronique franchit la porte à son tour. Je fais les tartines cependant qu'elle prépare le café. Je déjeune et file à la salle de bains. Avec Véronique je vais nourrir les animaux. Puis elle déménage la partie véranda pour laisser passer le brancard. J'arrange quelques petites choses en attendant.
Les ambulanciers me téléphone pour me prévenir qu'ils quittent l'Unité des Soins Palliatifs à onze heures... ils seront là dans une bonne demi-heure.
Je retrouve trois membres de l'équipe que nous connaissons très bien à présent et que nous apprécions si fort. Maurice rentre particulièrement calme. Nos amis l'installent dans son nouveau lit où il se sent tout de suite à l'aise. Il va rester ainsi la journée serein mais très blanc surtout ses mains, ses bras et son visage. Il est heureux de me retrouver mais je le sens très triste. Je le suis également.
Il me redit comme il a été bien traité à l'USP, lui qui a tant de mal à supporter les hôpitaux (surtout après les avoir fréquentés durant trente-sept ans !). N'empêche que les médecins, le personnel sont vraiment au top ! S'il devait y retourner, il n'aurait plus d'appréhension. Cela me réconforte d'autant pour lui. Il me dit aussi que les médecins ne lui ont pas caché sa fin de vie... ce qu'il préfère entendre mais je le sens différent... l'impression qu'il a assimilé la chose, il lâche les bagages, il ne lutte plus contre l'inéluctable.
Nous allons passer une bonne journée ensemble. Je lui prépare son repas de midi, épinards œufs durs, yaourt à la cerise... je n'ai plus rien dans le frigidaire... je le réapprovisionnerai demain.
Cependant qu'il dort, je reste près de lui devant la télévision, puis je fais un gâteau aux poires. Ensuite je prépare un concours, je le posterai en allant en courses.
Ce soir la chèvre Froudenn s'est sauvée de son enclos mais finalement elle accourt dès qu'elle me voit et entre dans l'enclos sans problème. Deux poules se sont fait la belle... mais elles ont des ailes !
Ce soir après un repas très léger, Maurice s'endort profondément... il n'a pas pu attendre son morceau de gâteau. Je reste devant la télévision... il dort profondément. Puis à dix-heures trente je dois lui soigner ses jambes qui le font souffrir, le grattent insupportablement. Je l'enduis d'huile mais je me trompe de flacon... j'ai pris du Natispray... quelle dégourdie ! Du coup, je dois chercher une bassine, un gant, une serviette pour le laver, rincer, sécher, puis appliquer les huiles essentielles. Ce matin j'ai cherché son pilulier dans la valise mais il n'était pas là... mince alors ! Les ambulanciers m'ont promis de le réclamer à l'hôpital.
J'arrange Maurice dans son lit, ce n'est pas simple, je n'ai aucune force et lui non plus... dur, dur de le faire se mettre droit dans le lit, il part toujours en diagonale, dans un lit de 120 ça peu aller mais dans un 90 c'est juste. Bon, je suis obligée de lui mettre le long boudin du côté droit là où sa jambe pend toujours dans le vide. Et de l'autre côté il faut un coussin pour son bras qui part dans la barrière... nous finissons bon an, mal an à trouver une position convenable.
Maurice s'endort vite, il dort bien... cette nuit je vais peut-être pouvoir dormir dans mon lit. Nous verrons bien s'il m'appelle. Je fais les comptes, puis je file me coucher à minuit trente.