Jeudi 25 mai 2017... je veux mourir !
Hier soir nous nous sommes endormis tôt... Maurice presque immédiatement après le repas et moi à vingt-et-une heures. Je suis allée me mettre au lit.
À une heure vingt il me sonne... il a trop mal aux jambes, je dois les lui masser. Vers quatre heures je l'entends pris de quintes de toux qui n'en finissent pas... il est de plus en plus encombré et il se met à étouffer... je lui passe ses gouttes de propolis mais le bouchon a sans doute un problème... il faut voir ça en pharmacie. Il se calme peu à peu... et me déclare qu'il a faim... je lui apporte du fromage blanc sucré, puis il s'endort.
Vers cinq heures il me sonne
–Arrête le ventilo nous n'allons plus avoir assez de batterie dans le camping-car !
–Mais Maurice on n'est pas dans le camping-car mais dans la maison en Bretagne !
–Ah oui, c'est vrai !
Mais je stoppe le ventilo, il fait suffisamment frais. Il me réveille à six-heures-trente il pense que je dois le changer mais il n'en est rien.
Enfin à sept heures trente il me sonne pour ouvrir la porte... mais nous n'avons personne, aujourd'hui est un jour férié.
Je finis par me lever et préparer le déjeuner. Je fais la vaisselle et épluche les pommes pour une compote, les patates, les oignons et l'ail pour un ragoût d'agneau avec toujours les mêmes difficultés. L'infirmier arrive soigne Maurice puis il passe à mon dos et mes pieds. Je mets en route le repas à onze heures et quart.
Lorsque le repas est prêt, je sers Maurice et je mange sur la petite table près de lui. Ensuite je confectionne un flan avec deux œufs d'oie et quatre œufs de poule pour ce soir. Puis j'étends deux lessives cependant que le flan cuit dans le four. Enfin lorsque tout est terminé, je file faire une sieste à quatorze heures trente après avoir masser les jambes et le dos de Maurice. Lui ne dort pas et regarde le film Out of Africa, mon film préféré.
Maurice me sonne à dis-sept heures trente. Il fait très chaud aujourd'hui et la chambre au soleil malgré le volet baissé offre une fournaise. Dans la véranda j'ai ouvert les baies et cela provoque un petit courant d'air bienfaisant... Maurice ainsi n'avait pas trop chaud.
Il me dit :
–J'en ai marre, je veux mourir !
L'infirmier est passé et je dois lui masser les jambes... il est crucifié par tous ses maux qui l'accablent sans cesse.
Nous soupons puis l'enfer recommence, je lui masse les jambes, puis j'applique de l'éosine, puis je le lave, puis je repasse de la crème, puis rien ne va....
Je ne tiens pas sur mes jambes et je dois cependant être là toutes les cinq minutes près de lui pour une chose ou une autre !
Nous regardons la télévision. J'ai dû le masser à six reprises. Ses jambes lui font trop mal mais le pire est encore sa respiration. Son visage présente des bajoues très enflées et des petits vaisseaux éclatés sur les joues. Maurice a voulu prendre le séresta à la fin du film. Il a faim et me réclame des tartines. Je lui donne un petit bol de compote et deux tartines à la confiture d'orange... mais il dort déjà en mangeant.
Il est tard... il fait très chaud... je laisse tourner le ventilateur.