Lundi 15 mai 2017... tout se complique !
La nuit a été agitée par la douleur de ses jambes d'abord, puis les douleurs affreuses de la prostate... ses gémissements ont duré toute la nuit. De plus elles s'accentuent des douleurs musculaires intenses qui l'empêchent de se tourner ou de se soulever... difficile pour pratiquer les toilettes maintenant... fort heureusement il semble que les douleurs de la tête s'éloignent et la douleur cardiaque aussi. Enfin, c'est fluctuant et précaire et avec tout ça il faut se débrouiller seule la nuit face à Maurice accablé qui n'en peut plus !
Ce matin il me réveille à sept heures et je traîne dans le fauteuil. Je finis par me lever pour faire griller les tartines, les siennes d'abord puis son cacao que je lui porte. Je chauffe mon café et emporte mes tartines près de lui.
Puis je me prépare et je songe que je dois aller à la pharmacie... une nouvelle bien plus sympathique où je n'aurai pas à me prendre le chou pour des réflexions mal placées. Cela va nécessiter que je me déplace dans le bourg voisin, mais qu'importe j'y prends déjà mes courses.
Véronique M. m'y conduit et nous rentrons à midi. Elle nous quitte et je réchauffe le déjeuner.
Le médecin passe inopinément et il tombe bien. L'employée de la pharmacie m'a fait remarquer que l'ordonnance de Maurice n'est valable que pour un mois. Cela donne l'occasion au médecin de la refaire. Il trouve Maurice plus prostré, plus triste, plus coincé dans son lit que jamais. Il est certain que plus les jours passent, plus il s'abîme à vivre ainsi sans pouvoir s'asseoir, ni bouger, contraint de manger couché ! ! !... Et moi, je n'en peux plus non plus de mon impuissance à me battre pour tout et contre tout afin qu'il souffre le moins possible... mais tout est vain, à présent.
Je demeure un moment près de lui cet après-midi où je m'endors. Puis à seize heures, je veux aller couper de la haie aux chèvres, j'oublie que mon fauteuil est en panne dans le jardin... il faut que je prenne le plus petit mais je dois descendre la rampe et j'ai peur de tomber. Je reste un court moment vers les chèvres, je ne tiens pas sur mes béquilles... tant pis je verrai demain avec Véronique. Je dois changer Maurice atteint de diarrhées sévères depuis ce matin.
Le temps est aux averses entrecoupées de moments ensoleillés.
L'infirmière repasse pour les soins du soir. J'ai changé Maurice à deux reprises avant qu'elle n'arrive et il remet ça. Elle doit le laver et le changer à fond. Je lui donne deux smecta en attendant le tiorfan.
Maurice prostré, accablé, ne bouge plus, coincé par les coussins boudins qui le calent afin de ne pas glisser soit dans la barrière, soit les pieds hors du lit... et il doit manger ainsi !
Quel drame pour un être hyper-actif jusqu'au bout malgré son handicap et ses maladies, toujours prêt à relever tous les défis !
Je fais tout ce que je peux afin de lui faire oublier son triste sort.