Mardi 2 mai 2017... fatigué et sans forces, malheureux de son état...
Totalement épuisée je suis allée me coucher vers vingt deux heures. Maurice s'est endormi pour me réveiller à quatre heures dans de grosses douleurs avec sa sonde. Puis il a gémi jusqu'à cinq heures où j'ai dû me relever, puis à six heures. Enfin je me suis levée à plus huit heures et demi, Véronique était déjà là.
Elle nous prépare le déjeuner. Maurice se plaint de sa sonde et j'appelle le médecin... il devait venir vendredi mais devant l'urgence il viendra aujourd'hui. Depuis plusieurs jours Maurice se plaint aussi d'être très mal, de se sentir mal, on le serait à beaucoup moins que ça. Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire... notre part d'impuissance à tous est extrême.
L'infirmière passe vers neuf heures et il est heureux de la voir... la toilette, le change de vêtements, des draps et alèses, l'arrangement dans son lit matin et soir devient plus que nécessaire... bien qu'il n' ait plus la force de le supporter.
Véronique nettoie et range la maison, repasse, ensuite un faisons un saut dans l'enclos de mes protégées car le vent ou les chèvres ont cassé une clôture où des clous dressent leur pointe et j'ai peur que cela blessent mes coquines si joueuses qui en sautant ont aussi cassé un touret. Bon Véronique évacue le tout puis nous allons ranger au séchoir le reste de foin et des piquets que les tempêtes ont bousculés. Il est l'heure pour Véronique de nous quitter pour un long moment, elle prend des vacances bien méritées.
Nous dînons rapidement et attendons le médecin. Il arrive pour ausculter Maurice et lui prescrire une nouvelle sonde... espérons que cela aille mieux. Puis il regarde mon pied. Il me demande de mettre ma Barouk pour éviter le frottement de la plaie. Bon, il me faudra me rendre chez le cordonnier afin qu'il remonte la semelle de l'autre chaussure pour la placer au même niveau... cela va être coton de faire les transfert, je suis déjà tellement déséquilibrée malgré mes grosses chaussures orthopédiques alors avec une Barouk c'est le pompon !
Le médecin nous laisse... et comme d'habitude j'oublie toujours quelque chose et cette fois ce sont les patchs de trinitrine...
Maurice reprend un mal de tête carabiné et malgré les comprimés, ces maux terribles persistent... nous recommençons les gants d'eau froide sur le crâne. Ces maux de tête m'inquiètent... son œdème cérébral demeure omniprésent.
Corinne revient et s'occupe de commander les nouvelles sondes. Puis elle lui pratique les soins habituels avec la gentillesse qui la caractérise.
Toute la soirée Maurice va mal, il n'en peut plus de son état, il ne cesse de me dire qu'il en a marre, marre, marre... je reste auprès de lui... il faut être sans arrêt à ses côtés pour une demande ou une autre. Ce soir, je sens que je ne me coucherai pas.
La journée baignée de soleil et d'éclats de lumière nous a illuminée de ses feux. Le vent a soufflé plus modérément aujourd'hui. Il s'apaise lentement.
Lundi 1er mai 2017... muguet porte-bonheur ?
La nuit é été blanche. Impossible de me coucher avant quatre heures et demi... Maurice me sollicite sans arrêt... je reste sur l'ordinateur. À peine au lit il me sonne à cinq heures vingt et à six heures vingt où je ne suis pas parvenue à trouver le sommeil. Un vent terrible et la pluie battante tambourinent sur le volet et le font chanter sans cesse. Il me rappelle à six-heures-vingt, je suis desespérée... rien dormi !
Je retourne au lit en lui disant de ne pas m'appeler avant neuf heures, peine perdue i m'appelle à huit heures... je suis une loque humaine... je ne tiens plus. Je me lève avec de grosses crampes musculaires sourdes et brutales.
Bon je me résigne à préparer notre déjeuner. Maurice a terminé, je déjeune seule à la cuisine, cependant que Corinne le soigne. Puis elle fait mes soins. Je m'habille, Maurice s'est rasé au fond de son lit comme presque tous les matins.
Je vaque aux occupations de la maison, étendre une lessive, en faire tourner une autre, faire la vaisselle, préparer le repas. J'épluche des champignons et des carottes sur la table tout près de Maurice... cela nous permet de parler et de suivre les actualités chargées en ces temps d'élections.
Lorsque le repas est prêt, je sers Maurice puis nous déjeunons. L'après-midi je vais me coucher à quatorze heures, mais hélas Maurice me réveille à quinze heures... impossible de trouver le repos. Il souffre, sa sonde fuit... il a hâte de voir l'infirmière. Il est trempé et me demande de lui glisser une alèse sous le corps. Il ne cesse pas d'être mal et d'en avoir marre d'être dans cette éternelle position depuis bientôt huit mois ! ! !... Mais malheureusement que pouvons-nous faire sinon subir cette horreur ?
Moi, je me traîne de plus en plus mal et pourtant je vais m'occuper de nos petites protégées. Je leur amène des restes de table et des épluchures, je coupe un sac de fusain, je change leur eau et rempli les abreuvoirs, je coupe un peu d'herbe, récolte encore sept œufs, je coupe l'eau et je rentre... je suis laminée.
Nous mangeons rapidement ce soir. J'appelle ma petite-fille. Elle se marie samedi. Nous en sommes très heureux.
Comme j'aimerai pouvoir dormir une vraie bonne nuit. Maurice aussi, lui qui souffre sans arrêt, soit de la sonde, soit de la tête, soit de ses jambes... ou d'autre chose... cette situation est intenable ! C'est beau les soins palliatifs où l'on laisse agonir les gens dans leur souffrance abjecte jusqu'au bout du bout... où est notre Humanité ? Nous en avons plus que marre tous les deux...