Mardi 16 mai 2017... il va trop mal...
La nuit fut agitée par la douleur de ses jambes que je dois lui masser par deux fois. Je dois également le changer à chaque fois, ce qui devient très difficile car il ne peut plus se retourner sans étouffer et aussi avec si peu de forces.
Je tente de dormir dans mon lit mais il m'appelle à quatre reprises au milieu de la nuit. Il prend mal à la tête à deux heures, je lui donne un doliprane et 10 mg de morphine... puis une fois calmé, il se rendort jusqu'au matin... où il me sonne à sept heures trente pour déjeuner.
J'ai encore bien sommeil mais je fais griller les tartines et prépare son cacao et comme chaque matin maintenant, je bois mon café et mange mes tartines près de lui. Véronique frappe à la porte et se met tout de suite au travail avec la vaisselle, le linge à étendre, le balayage. Pendant ce temps je vais dans la salle de bains afin d'être prête pour aller nourrir les animaux. Nous allons de l'autre côté de la haie afin de couper du fusain. Nous emportons un énorme sac que nous remplissons et qui a le mérite de leur offrir de la nourriture pour deux ou trois jours.
Ensuite nous rentrons et je prépare le repas avec foie de veau, riz à la tomate, yaourt ou crème. Maurice mange peu, il va très mal.
Toute la journée au fond de son lit il va psalmodier :
–Chérie, j'en ai marre ! J'en ai marre ! J'en ai marre !... Jusqu'à la folie.
Il se sent si mal, si mal. Par moment il étouffe, ses yeux sont rougis, il somnole ou il crie, il se plaint, il geint... je reste près de lui où je finis par m'endormir et je l'entends encore... Clémentine et Nelly nos amies passent nous rendre une petite visite avec les bons caramels de Hollande, elles tombent mal de le voir ainsi.
Puis Corinne, l'infirmière repasse, elle aussi en bave à essayer de le tourner pour le mettre au propre. Le lit a été cassé la semaine dernière et cette fois il cède.
Je dois rappeler le fournisseur qui doit m'apporter mon nouveau fauteuil roulant électrique mais il est en vacances. Son frère me propose d'envoyer son stagiaire demain. C'est bien nous ne pouvons plus rester ainsi. Je dois également passer à la pharmacie pour le tiorfan qui urge maintenant.
Alain et Justine arrivent pour mettre l'oie dans le cadoie qu'ils ont eu l'immense gentillesse de me fabriquer et de m'apporter hier. Quelle partie de rigolade avant de parvenir à faire rentrer l'oie dans cette grande cage sur roulettes pour lui faire brouter l'herbe du pré en dehors de l'enclos. La pauvre bête croit sa dernière heure venue, elle ne comprend pas que l'on la poursuive ainsi avec autant de persévérance. Mais Alain dépose la cage devant leur cabane et Justine y pénètre en la chassant. Ainsi elle sort et entre automatiquement dans cet espace qui s'ouvre à elle. Et la voilà dans le cadoie. Bien entendu, Ricette qui ne cesse de couver sur son nid vide ne sort pas de son coin. Deux poignées permettent de rouler la cage en faisant avancer doucement Gwenn, l'oie blanche et la voilà hors de l'enclos. Alain et Justine vont pousser le cadoie devant la maison et le bloquer le frein à cet endroit. Nous la laisserons là pour la nuit. L'oie effrayée se calme et se met à brouter. Elle ne comprend pas pourquoi tout à coup la voici séparée de toutes ses amies. Je ne sais pas si mon idée était la bonne, nous verrons bien demain.
Lorsque nous rentrons Corinne s'en va en me recommandant de me rendre à la pharmacie demain. Maurice est en crise... il va très mal et Alain le constate. Je lui parle du morceau de muret écroulé au fond du terrain et il s'en va tout de suite pour le remettre en état. Ensuite il jette un coup d'œil à mon fauteuil où il trouve des boulons dé-serrés.
Lorsqu'ils nous quittent Maurice prend mal à la tête pour compléter la crise qui le secoue. Je lui donne tous ses cachets du soir et il refuse son repas. Soudain sous l'effet des remèdes il se sent un peu mieux. Il me parle légèrement confus. Il mange une petite brioche aux pépites de chocolat et après cette violente crise qui s'est éternisée sur la journée, comme celle d'hier finalement, il s'endort profondément... ah, s'il pouvait dormir la nuit entière !
Le soir tombe à vingt-et-une heure trente. Tout s'endort... le calme s'installe. Je vais tâcher de récupérer un peu...