Jeudi 15 juin 2017... est-ce que quelqu'un pourrait m'aider à me relever ?
La nuit tourne au cauchemar... il ne dort pas, reste très énervé et perd la raison. Il se croit dans une jeep dans une caserne... toute la nuit la confusion va régner dans son esprit, et il va m'appeler sans arrêt. Je demeure près de lui dans le fauteuil releveur où une crise d'asthénie me surprend, je suis bloquée par la douleur, je l'entends et je ne peux pas bouger... au bout d'une heure, je finis par me surpasser pour me lever... pour rien... il tient des propos totalement incohérents... mais je m'aperçois qu'il a perdu sa lunette de très nombreuses fois. Je la retrouve en revenant vers lui traînant le long de son lit... et plusieurs fois en dehors de son nez... il étouffe sans arrêt, il cyanose. Et chaque fois je lui remets la lunette, et remonte un moment l'oxygène.
Tous ces délires peuvent venir du manque d'oxygène... il arrache l'alèse qui protège le drap et la réduit en bouillie, je la trouve au pied du lit. Je récupère la poche d'urine dans son lit où il veut couper la tubulure. Il souffre au paroxysme de ce qu'il n'est pas possible d'imaginer... je n'en peux plus... mon pauvre époux dit tant de sottises que je l'abandonne pour aller dans la chambre à six heures trente, je souffre trop. Je finis par m'endormir en gémissant... et il a dû somnoler de son côté.
Lorsque Sylvie franchit la porte d'entrée, je l'entends, elle va voir Maurice puis elle me cherche et me trouve dans mon lit accablée de douleurs. Je me réveille mal en point et me lève difficilement. Elle grille nos tartines et sort le beurre, la confiture. Je prépare les tartines et elle les porte à Maurice.
Je déjeune et elle prend un café avec moi. Je lui dis que je vais me laver et m'habiller car nous partons en courses, sauf que je suis très angoissée à l'idée de laisser Maurice tout seul. Je téléphone à mes voisins et amis et ils passeront le voir, cela me rassure un peu.
Sylvie pendant ce temps s'attaque à la lessive à plier et celle à étendre. Puis nous filons... je dois prendre des sous à la boîte à sous... mais dans mon inquiétude j'en oublie mon code bancaire et nous devons retourner à la maison... je n'arrête pas de pester contre moi... je dois encore acheter des couches et des alèses, des jus de fruits, des viennoiseries, des fruits qui lui font tant plaisir... et les produits qui me manquent. Nous rentrons à onze heures trente. Sylvie m'aide à ranger toutes mes emplettes.
L'après-midi se déroule comme cette nuit... infernale. Maurice ne parvient pas à dormir. Il ne cesse de héler des personnes imaginaires en leur criant :
–Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider à me relever ?... Ma jambe gauche est paralysée !
Je lui réponds que je ferai venir nos amis voisins.
Alain passe lui dire bonjour et le trouve dans la confusion... il ne sais plus où il habite, où il est, pourquoi il est là, il veut se lever, il veut marcher, il se débat !
J'étends une lessive et attache un séchoir le long de la rampe devant la maison. Avec la chaleur il devrait sécher rapidement.
J'appelle mon voisin pour aider à remonter Maurice dans son lit... il arrive en renfort avec un ami mais ils n'y parviennent pas, ils reviendront lorsque l'infirmière sera là. Maurice s'agite et soudain il recommence une détresse respiratoire si forte que je remonte l'oxygène jusqu'à ce que sa respiration redevienne plus calme.
Son état s'est dangereusement aggravé et il devient impossible de le soulever sans être deux ou trois personnes. J'ai commandé un lève-malade et un drap de glisse qui viendront la semaine prochaine... nous verrons.
Après les soins du soir, Maurice retrouve un peu ses esprits, mais il se trouve à ce point exténué qu'il s'endort à dix-neuf heures après avoir mangé des fraises... il ne voulait rien, mais devant ma proposition il n'a pas pu refuser... je pense que je vais en profiter pour dormir, moi aussi... je suis dans les choux !
J'ai rentré le linge que Sylvie avait étendu devant la maison. Il n'est pas vraiment sec, il finira son séchage à l'intérieur.
La journée a été très belle sous un très chaud soleil et un grand ciel bleu, la mer marine marque la ligne d'horizon.