Jeudi 22 juin 2017... une fin de vie beaucoup trop difficile...
Je vais me mettre dans le lit à deux heures. Il m'appelle au secours à cinq heures... il étouffe, il n'a plus d'air... il a perdu sa lunette ou se l'est arrachée. Puis à six heures pour la même raison et à sept heures une nouvelle fois... se sont des ennemis qui la lui ont enlevée !...
Sylvie entre à huit heures vingt et je me lève... Maurice continue de délirer en rêve et réalité, entre demi-sommeil et réveil...
Je lui donne son déjeuner... mais il veut se lever : appelle les gamins, ils doivent me lever !
Cette nuit il s'est débattu et il a encore rampé pour arriver à sortir, si bien que ce matin il se trouve écrasé au fond de son lit.
Il fait une chaleur supportable aujourd'hui. L'air frais passe par la fenêtre grande ouverte de la cuisine... ailleurs j'ai baissé tous les volets.
J'ai reçu un message du médecin... il doit passer aujourd'hui.
Après le passage de l'infirmière, nous déjeunons rapidement puis à treize heures trente le médecin traitant nous rend visite. Il nous dit qu'il faudrait envisager de remettre Maurice en Soins Palliatifs durant la semaine de vacances de l'infirmière. Je perds le moral.
Maurice va mal, de plus en plus mal et il reprend son obsession... il veut se lever. Je vais dans la chambre tenter de récupérer un peu... il m'appelle à seize heures... il a soif. Je lui apporte son jus de fruit et un gros sorbet.
Puis il recommence à vouloir se lever... pris dans ses confusions. Il me supplie de chercher le voisin pour qu'il le lève. Je lui explique qu'il n'a jamais remarché depuis neuf mois... et il pleure qu'il n'en peut plus... démolie, j'éprouve beaucoup de mal à tenir le choc de ses divagations de toutes sortes.
Mercredi 21 juin 2017... crises de douleur, bras gauche enflé...
Il s'endort tard après des crises de douleurs, mais il dort jusqu'à ce qu'Annie, notre auxiliaire de vie nous réveille en pénétrant dans la maison.
Maurice a le regard fixe et il râle... cela dure un très long moment et m'inquiète... il a chaud mais fort heureusement le soleil est tombé dans la mer... une brume nous envahit pour la journée nous plongeant ainsi dans la fraîcheur d'une atmosphère bien plus supportable.
Je prépare les tartines à Maurice et les lui apporte. Je dois lui donner dans la main et l'aider pour les porter à la bouche... je reste près de lui... ses mouvements paraissent désordonnés.
Il n'est vraiment pas bien ce matin... il va traîner ainsi jusqu'à l'arrivée de l'infirmière à onze heures quinze. Elle nous quitte à treize après avoir pris grand soin de sa toilette.
Je fais une petite omelette... la chaleur lui a coupé l'appétit. Après le repas, il reprend des crises de douleur de sa prostate... puis de sa tête. Il somnole.
Je fais une sieste d'une heure interrompue par ses appels :
–Viens-vite Dana, je suis dans un bus !
J'ai encore très sommeil, je m'endors sur le fauteuil près de lui, mais il m'appelle plusieurs fois.
L'infirmière arrive pour les soins du soir et repart. Nous dînons d'une salade de tomates, betteraves et œufs durs.
Il va mal... il se plaint... il souffre de sa prostate et me signale que son bras gauche est très enflé depuis trois jours... il geint... il se plaint... il a trop mal !... Et la nuit va se passer ainsi... à crier, à parler, à se débattre !