Mardi 20 juin 2017... trop de chaleur pour pouvoir respirer...
Maurice me réveille à sept heures quinze minutes. Il a bien dormi sans se réveiller une seule fois... parfois je l'ai entendu tousser toujours très encombré. Il a faim, je lui donne son petit-déjeuner et je prépare le café. Je déjeune à mon tour.
Véronique arrive et prend son service. Elle se met aussitôt à la tâche... moi, je traîne un moment sur l'ordinateur, puis à dix heures, je file à la salle de bains pour me laver et m'habiller.
Maurice demeure toujours aussi désorienté. Il veut un café et puis non, il me le rend en disant :
–Tiens jette-le par terre !...
L'infirmière arrive. Maurice trop bousculé par ses soins, malgré la très grande douceur de la personne soignante, demeure rafraîchi ensuite et bien mieux dans le lit.
Je mets en route le repas de midi et Maurice n'a pas faim... il faut dire qu'avec cette chaleur cela n'a rien de surprenant.
Les mouches se font nombreuses et très piquantes. Elle embêtent Maurice au fond de son lit. Il doit se recouvrir d'un drap et je lui plonge le ventilateur dessus. Il fait horriblement chaud... il s'endort et je prends sommeil !
Nous traînons, les volets clos, dans cette chaleur... Maurice se sent mal... il étouffe, d'abord rouge comme une tomate et ensuite il cyanose. Je monte à 3 litres le débit d'oxygène... il me dit qu'il va mourir... j'augmente le rythme du ventilateur tourné sur lui.
Lorsque les rais de soleil se font moins chaud j'ouvre les portes... tout doucement cela va mieux. L'infirmière vient pour les soins du soir. Très professionnelle, très scrupuleuse, très attentive elle prend grand soin de Maurice avec beaucoup de douceur... il souffre tellement !
Nous allons passer une soirée plus fraîche et cela va nous faire le plus grand bien... si près de la mer et ne pas pouvoir se baigner...
Lundi 19 juin 2017... une nouvelle crise épouvantable...
Sa crise s'accentue... il se croit enfermé dans son véhicule et appelle à l'aide toutes les personnalités politiques qui défilent devant lui à la télévision en les appelant par leur prénom et en hurlant au secours. Il veut sortir et marcher aussi il rampe sur le dos et fini par avoir ses pieds par-dessus le lit... heureusement qu'il y a les barrières pour l'empêcher de tomber !
J'ai beau lui dire qu'il est dans son lit médicalisé, rien n'y fait. Soudain je le vois entortiller la tubulure de sa lunette d'oxygène dans son maillot. Je ne me rends pas compte toute de suite qu'il vient de la couper en deux et qu'il n'est plus relié à l'oxygène. Il dit qu'il étouffe, qu'il va mourir.
Je m'approche de lui pour lui remettre la lunette mais il me repousse méchamment. Je ne peux rien faire tant il me rejette, mais là je comprends qu'il n'est plus relié à l'extracteur. Je mène une vraie lutte pour lui faire comprendre que je dois réparer. Il ne veut rien savoir.
Au bout d'un trop long moment je parviens à prendre du scotch et à relier les deux bouts de tuyaux en y mettant un embout et du scotch... seulement les bouts sont si déchirés que cela ne fonctionne pas. Je dois couper le morceau de tubulure abîmé et le mettre directement et proprement à l'embout de la lunette... ça fonctionne !
Mais j'ai drôlement bataillé avec mes mains... de plus en tirant sur la tubulure il a fait tomber tous ses comprimés pour demain et je ne peux pas les ramasser... tant pis, je demanderai à Nathalie demain matin.
La lutte avec lui dans cet état s' avére bien pénible, et je suis dévastée... je file me coucher... je m'endors... je l'entends crier comme il l'a fait jusqu'à maintenant en pleine crise, désorienté, angoissé... je suis en pleine crise d'asthénie et je ne parviens nullement à me lever... il crie mon nom... mais je ne peux pas bouger...
Nathalie franchit la porte, et je me lève avec difficulté les jambes crispées par des crampes extrêmement douloureuse et toujours cette douleur si vive de la colonne vertébrale.
Nathalie s'est mise à la vaisselle tout de suite et elle prépare les tartines. Je viens de donner des brioches à Maurice et je déjeune. Puis je file à la salle de bains afin de me préparer pour aller à la pharmacie.
Lorsque nous arrivons, je prends toute l'ordonnance de Maurice. Le drap de glisse est arrivé mais je n'aurai pas la dimension la plus grande, seulement celle en dessous. Bon, elle est toujours plus longue que celle que j'ai déjà. Prix :75 euros au lieu de 160 euros. Ma note s'élève pour mon porte-monnaie à 111 euros... généralement ma note avoisine les 300 euros à la fin du mois.
Je demande au pharmacien la pommade de calendula et les gouttes d'huile essentielle de carottes qui ont fait merveille sur la jambe de Maurice que je n'arrivais pas à faire cicatriser... le pharmacien me parle aussi de la crème à la calendula pour le change et pour la peau... je prends les deux, nous allons essayer de les lui passer, si cela a le même effet que celle de la jambe Maurice se sentira mieux surtout au niveau des démangeaisons.
Il fait une chaleur incroyable... je plonge la maison dans le noir en baissant tous les volets du côté plein sud et j'ouvre tout grand du côté est et nord. Je fais un maximum de courants d'air... Maurice étouffe, il est rouge comme un coquelicot... j'ai monté le volume de l'oxygène à 3 litres. J'ai placé le gros ventilateur sur une petite table où je mange près de lui, afin qu'il reçoive l'air sur le corps. L'air est brûlant...
J'attends en principe la visite du médecin... Il ne vient pas. Dans la soirée pendant ses soins, Maurice se met à pleurer et dit : Je n'en peux plus, je n'en peux plus... j'ai le cœur crevé !... Mon impuissance me dégoûte ! J'ai envie de pleurer !
Nous terminons la journée sous une ardente chaleur. Sur le soir, je sors abreuver les animaux, je ramasse le linge sec et je coupe l'eau... puis je rentre. Je m'installe aur le fauteuil près de Maurice. Il s'est endormi très profondément... tant mieux pour lui, c'est tellement dur !
J'ai mis FR3 où j'assiste à l'ouverture des chorégies d'Orange avec l'émission 'Musiques en Fête'... sublime ! Je me régale à écouter ces artistes lyriques et chaque fois j'entends dans mes souvenirs la voix de mon oncle Roger ténor à l'Opéra de Lyon... quelle merveille !
Je finis par aller me coucher... Maurice dort comme un bébé.