Jeudi 27 juillet 2017... étouffements !
La nuit est difficile. Maurice me réveille car il tousse beaucoup et étouffe. Puis il m'appelle plusieurs fois sur le matin... l'infirmière arrive à sept heures, et je lui explique sa nuit. Elle lui passe un aérosol, mais il ne les supporte plus... et c'est nouveau. Est-ce le bruit de la machine qui résonne dans sa tête, ou est-ce sa respiration privée d'oxygène ? Peut-être tout simplement les deux !
Nelly arrive pour m'aider. Elle prépare mon déjeuner et celui de Maurice. Ensuite elle vaque aux occupations habituelles, notamment étendre toutes les lessives dont je suis arrivée à bout.
Ensuite elle vient m'aider pour cueillir des fusains dans un très grand sac de déchets verts... ainsi j'aurai une bonne provision et je serai tranquille pour un petit moment. Pendant ce temps là Maurice m'appelle cinq fois... il a trop chaud, ensuite il a soif… mais ce sont plus des angoisses que des demandes particulières. Une première fois c'est Nelly qui va le voir, moi en équilibre instable au fond du jardin, derrière le muretin, je suis trop lente à regrimper dans mon fauteuil. La seconde fois je réponds à son appel, puis les fois suivantes nous sommes si occupées avec les animaux que je n'y parviens pas... il est obligé d'attendre et il en est fort mécontent.
Il reste confus au niveau de sa localisation... aujourd'hui il est à l'hôpital ! Lorsque l'infirmière revient à onze heures cinquante, il reste peu de temps à Nelly pour l'aider mais cela suffit car il s'agit juste de le sangler sur le lève-malade. Nelly s'en va jusqu'à demain où nous irons en courses.
Je fais manger Maurice et je prends mon repas comme chaque jour à ses côtés près de son lit. Il s'endort pour l'après-midi et j'en fais de même dans le fauteuil, cependant une douleur récurrente dans la jambe me conduit à aller au lit. Vers seize heures deux coups de fil me dérangent et bien entendu je ne parviens pas à temps à l'appareil. Je rate donc ces deux appels.
Avant l'arrivée de l'infirmière, Maurice me lance :
–Surveille car elle ne connaît pas la route !
–Qui ça ?
–Ben tu sais bien l'infirmière, elle ne va pas trouver !
–Mais Maurice, elle connaît bien le chemin à présent depuis le temps qu'elle vient ici !
Il n'en demeure pas moins convaincu pour autant, mais c'est comme ça ces jours derniers. C'est comme nos auxiliaires de vie qu'il a vu travailler à l'hôpital !
Quelquefois ses confusions deviennent pénibles.
Ces derniers jours je recherche activement une maison pour retourner auprès de nos enfants, je me sentirai plus rassurée. Et la naissance prochaine d'un deuxième arrière-petit-fils nous donnent des ailes dans notre tête, mais matériellement c'est une toute autre histoire ! Je n'ai pas fini d'en baver car cela provoque un cumul de soucis, d'organisation et de travail... ah que les fées me viennent en aide !
Mercredi 26 juillet 2017... j'ai marché !
Maurice s'est endormi en me disant :
–Tu l'as vu, j'ai marché.
Du fond de son lit, il marche dans sa tête depuis dix mois et demi.
Il m'appelle à cinq heures, puis à six, puis à sept... je me lève à chaque fois et sur le matin je le laisse m'appeler, finalement je renonce et je vais à la cuisine.
Je lui donne ses pains au chocolat. J'attends Annie pour me faire servir. Comme chaque jour je suis vannée. Je ne sors pas ce matin et le réveil a été fort déprimant... un brouillard épais recouvrait le Cap et il a stagné là en duo avec la pluie.
Je voulais un coup de main de la part d'Annie pour couper du fusain derrière le muretin, mais la pluie m'en a dissuadée. Annie étend une lessive, et j'en fais tourner deux autres... puis l'infirmière arrive et elle l'aide à manipuler Maurice dans son lit.
Enfin Annie nous quitte puis l'infirmière. Nous prenons notre repas et Maurice s'endort.
Lorsque l'infirmière revient, elle s'aperçoit que mes biquettes se sont sauvées de leur enclos. Bon je les laisse manger à satiété, cependant qu'elle me soigne mes pieds... mais cette fois les fraisiers y sont restés... tant pis, pas de fraises pour cette année ! Puis elle vient m'aider, mais à peine suis-je dehors mes petites chèvres rappliquent à toute allure. Avec une tranche de pain, elles rentrent dans leur parc.
La soirée se termine dans le même rythme quotidien.