Lundi 9 octobre 2017... dormir le jour, crier la nuit...
Il a fini par s'endormir et je suis allée me coucher. Il m'a réveillée à trois, quatre, cinq et six heures.
À six heures j'entends :
–J'ai mal aux yeux !
Tellement surprise, étonnée je me lève d'un coup.
Lorsque je m'approche de lui, il crie :
–J'ai mal !
–Où as-tu mal ?
–Là à la hanche, ça fait mal !
J'avance pour me masser et je lui demande de se tourner, il me dit :
–Non, non j'ai pas mal ! Tout en dormant.
Je n'ai rien compris, peut-être rêvait-il ! Je retourne me coucher.
J'entends à peine l'infirmière à sept heures trente. Je me lève lorsque Véronique pénètre en disant bonjour... je suis zombie, je dors sur mon fauteuil. Maurice dort à poings fermés.
La journée s'est passée comme d'habitude, sauf que cette fois Maurice est resté totalement endormi même pour la toilette, pour tous les soins donnés par l'infirmière. Il s'est réveillé à peine pour manger sans grand appétit puis il s'est rendormi aussitôt.
J'ai fait une sieste de quinze heures à dix-huit heures. Juste avant, mon ancien fournisseur d'appareil médical est venu m'annoncer une mauvaise nouvelle, le fauteuil roulant de Maurice est en panne du roulement de la roue droite, cela ne vient pas de la batterie qui a été changée récemment. Je dois faire une nouvelle demande de réparation à la Sécurité Sociale. Il ajoute que la marque n'est pas réparée chez eux, cela veut tout dire ! Bon, j'essaierai de voir ce problème avec mon nouveau fournisseur qui lui se met en quatre pour satisfaire nos demandes difficiles... lève-malade, lit adapté, mon fauteuil roulant électrique... et pliable... etc... J'aurai peut-être plus de chance avec lui, mais je dois faire vite à présent.
Clémentine m'a réveillée vers six heures. Avec son époux, ils vont emmener nos palettes à la déchetterie... il n'y a pas de mots pour dire ma gratitude envers eux... quelle gentillesse, quelle amour pour leur prochain ! J'ai eu beau leur dire que je me débrouillerai, ils n'ont rien voulu entendre et veulent m'aider à tout prix. Ma reconnaissance est infinie.
J'ai appelé ma fille aînée vers vingt heures. J'ai eu de bonnes nouvelles.
Maurice dort toujours et finit par se réveiller à vingt trois heures... comment sera la nuit ?
Dimanche 8 octobre 2017... nuit épouvantable, effarante de cris et de douleurs...
Après le repas Maurice commence à s'agiter ainsi jusqu'à vingt trois heures. Puis il prend une douleur cardiaque phénoménale qui le fait hurler et ainsi jusqu'à cinq heures du matin. Dans le même temps il développe une douleur aiguë dans l'épaule gauche et la colonne vertébrale... son corps ne supporte plus cette position, toujours la même depuis bientôt treize mois... il prend aussi des maux de tête intenables... des bouffées de chaleur excessives, il souffre de sa prostate. Il est aussi victime de ses sempiternelles crises de démangeaisons, et de plus voilà que des selles viennent arranger la situation, bref dans un état infernal.
Comme depuis tant et tant de nuits je fais ce que je peux, je le masse avec de la pommade à la calendula, puis je retire ses selles par deux fois, chose pas aisée car je ne peux pas utiliser le lève-malade. Je recommence à le masser, le dos, les fesses, les cuisses, etc... je n'en finis plus de tourner autour de lui. Lorsque des maux se calment d'autres arrivent plus violents où je suis impuissante. Pour le cœur un petit coup de natispray n'y suffira nullement mais il faut le ménager à cause de son œdème cérébral.
Quoiqu'il en soit j'ai beau m'agiter, lui mettre les deux ventilateurs qui refroidissent l'espace, moi j'ai froid... je demeure sur le fauteuil près de lui où je me lève sans cesse. Puis je vais sur l'ordinateur suivre des épisodes ratés des dix petits meurtres d'Agata Christie (un pur délice) mais je suis également appelée de nombreuses fois, c qui fait que je perd le fil de mon histoire... enfin, je ne vais pas me coucher... l'infirmière et le jour nous surprennent en pleine crise d'insomnies.
Elle prend le temps de le nettoyer avec le lève-malade... c'est déjà mieux pour son bien-être. Comme chaque matin, elle lui donne ses remèdes directement dans la bouche avec une petite cuillère. Elle vide sa poche d'urine et puis elle se retire.
… Et Maurice s'endort très vite. Il avait manger deux tartines et le voilà reparti dans un lourd sommeil pour la journée... moi je suis dans un état lamentable et je vais enfin me coucher... nous allons dormir moi jusqu'à dix heures trente et Maurice jusqu'à l'arrivée de l'infirmière. Il a du mal à savoir où il en est, est-ce le jour ou est-ce la nuit, quel jour sommes-nous... etc...
Nous mangeons et finalement je retourne me coucher vers quinze heures jusqu'à dix-sept heures trente. Maurice dort toujours... cela n'a rien d'étonnant compte tenu des comprimés administrés pour la journée mais pas la nuit !
Le soir vient et avec lui l'infirmière pour les soins, elle lui ajoute des granules homéopathique contre la douleur que je suis allée acheter à la pharmacie.
Nous dînons rapidement et Maurice recommence à s'agiter... déjà il a trop chaud, je dois remettre les ventilateurs... il gémit et se plaint... des crises de démangeaisons s'annoncent,... comment ne seraient-elles pas là tant il est gonflé d'eau , ... et les talures de son corps recommencent à le mettre sur des charbons ardents insupportables... je lui donne deux euphytoses. La nuit s'annonce comme égale à la précédente...
Nadia Zékri-Bergougnoux, auteure, responsable Salon du Livre de Morières-les-Avignon 09/10/2017 23:20