Jeudi 7 décembre 2017... vomissements... douleurs... souffrances...
Maurice dort jusqu'au matin où il se réveille très mal en point... il se plaint... il dit que c'est la fin... qu'il descend toujours plus bas... il n'a pas faim... il se sent vraiment très mal. J'entends l'infirmière et puis de la vaisselle que l'on rince... je pense qu'il s'agit d'elle en train de rincer les tubes pour sa prise de sang, mais c'est impossible ! Je réalise alors qu'il s'agit de Sylvie, je ne l'avais pas entendue. Je mets un moment à réagir et enfin je me lève.
Sylvie me prépare mon déjeuner et prend un café avec moi. Je vais me préparer. Maurice s'est rendormi profondément. Nous partons en courses.
Au retour Sylvie rentre les commissions et mon fauteuil roulant comme à chaque sortie. Elle a peu de temps pour ranger avec moi, déjà elle s'en va.
Au courrier je reçois la lettre d'un ami auteur et poète breton. Je dois corriger ce qu'il va faire paraître d'une anthologie de 116 pages. Il m'écrit que mes textes ont retenu l'attention du Jury et qu'ils vont paraître avec ma présentation d'auteure.
L'infirmière revient. Maurice se trouve de nouveau en pleine crise... il vomit par trois fois. Il semble qu'il ait de gros problèmes intestinaux. Céline pratique un lavement... cela paraît ne pas suffire. Il souffre terriblement, il est épuisé, il ne mangera pas ce midi.
Je me réchauffe un bol de soupe... je suis gelée, cela me fera du bien. Puis je reste un moment près de lui où finalement en crise d'asthénie je file m'allonger sur le lit non sans lui avoir masser l'intérieur du bras droit avec une pommade à la cortisone.
J'ai oublié le passage de ma podologue. Elle frappe et entre, hélas je dois me lever. Dès qu'elle s'en va, je retourne au lit. L'infirmière repasse pour de nouveaux soins sur Maurice toujours aussi mal. Je ne l'entends pas... Maurice me sonne à dix-huit heures trente. Accablé il me demande un peu de raisin et deux clémentines. Je me sers un bol de soupe. Maurice se rendort...
Je me régale à suivre l'hommage rendu à Johnny Hallyday par l'A2, et ensuite l'émission de dix ans en arrière 'Johnny fait son taratata'. Ensuite j'écris ces lignes et je file au lit.
Mercredi 6 décembre 2017... jour de la Saint-Nicolas... de plus en plus bas... de plus en plus mal... de plus en plus douloureux... de plus en plus fatigué...
La soirée se passe difficilement... et puis à bout de résistance et de douleur il s'endort vers une heure... je vais me coucher à une heure et demie. À cinq heures il m'appelle en criant... il a très mal dans la poitrine... il prend une goutte de natispray puis un peu plus tard, des crises de vomissement l'étouffent par trois fois. Il vomit et son visage devient noir sous la poussée... il souffre longtemps jusqu'à l' arrivée de l'infirmière à sept heures vingt.
Elle pénètre dans la maison surprise de me trouver dans mon fauteuil, je viens juste de m'installer sur l'ordinateur en l'attendant. Elle constate son état mais la crise est passée... elle découvre aussi des rougeurs sur le torse... on ne comprend pas celle du bras... elle l'installe un peu mieux dans le lit, vide ses urines et lui donne ses cachets.
Un moment plus tard Annie frappe à la porte et entre. Elle prépare mon déjeuner. Maurice ne mange pas, il dort profondément jusqu'à midi.
Annie range le linge sec, puis en parlant, elle m'apprend le décès de Johnny Hallyday. C'est bizarre je n'ai rien vu sur l'ordinateur, je devais vraiment avoir la tête ailleurs. Johnny est de notre génération et comme nous il a un enfant né en 1966, lui un fils, nous chacun une fille. Quelle tristesse !
Annie m'aide à continuer les cartons, principalement de la déco oubliée dans les chambres du haut. Elles sont vraiment chic, mes filles... je dis mes filles car elles ont l'âge des miennes.
Lorsqu'elle nous quitte, le médecin rmplaçant, une femme vient ausculter Maurice et lui faire un électrocardiogramme. Sa tension qui est restée stable depuis plusieurs jours à 14, 8 se situe ce matin à 16,10. Bon, il semble que Maurice rencontre des problèmes intestinaux, demain il aura une prise de sang et un lavement costaud. Une fois de plus, il a pas fini d'en baver.
La toubib au demeurant très sympa nous quitte et l'infirmière aussi, Maurice ne veut rien manger... je lui apporte une crème protéinée et il mange un peu de raisin.
L'après-midi, je me repose sur le fauteuil près de lui, puis la grande fatigue habituelle me saisit et je file sur le lit où je m'endors jusqu'à l'arrivée de l'infirmière. Je dors profondément et je ne parviens pas à me relever. Enfin au bout d'un long moment, elle m'appelle juste où je sors du lit, elle veut pratiquer mes soins de pieds comme tous les jours...
Au soir le dîner est rapide... une pizza achetée alors que je n'ai plus de four... et visiblement plus ma tête... posée dans la grosse poêle (trop lourde pour moi) je la fais cuire avec un couvercle par-dessus et finalement elle se trouve mieux rôtie !
Nous n'avons pas très faim l'un comme l'autre... nous regardons la télévision avec un hommage à Johnny sur l'A2, et l'A1 fait de même. Les émissions en son hommage vont pleuvoir sur toutes les chaînes... c'est bien normal.
Enfin, Maurice épuisé s'endort et je reste un peu sur l'ordinateur. Je file me coucher à une heure trente...
Mardi 5 décembre 2017... pas le moral... Maurice de plus en plus bas...
La soirée a été difficile comme toujours... Maurice gémit, se plaint, se sent mal... rien ne va. Vers minuit il s'endort... jusqu'à quatre heures où il me sonne, trop mal à l'estomac... des maux nouveaux depuis dix jours avec tout le reste... il veut un chocolat chaud. Toute ensommeillée, je vais le lui faire à la cuisine...
Au matin, je n'entends pas l'infirmière, mais vaguement l'arrivée de Véronique. Maurice me sonne à neuf heures, il a déjà déjeuné et le mien est prêt... juste à mettre les pieds sous la table... j'aimerais dormir encore tout le matin, hélas !
Je file à la salle de bain. Véronique repasse quelques vêtements. Lorsqu'elle termine, nous partons à la poste et nous allons au magasin 'La Vie Claire' où je veux reprendre de la pommade à la calendula, mais aussi des infusions de sauge pour son estomac. Puis nous rentrons, il est déjà onze heures trente... pour Véronique juste le temps d'éplucher et de couper en dés quatre pommes de terre, trois gousses d'ail et mettre le tout à cuire dans une casserole pour faire une purée.
L'infirmière revient... Maurice s'est plaint longuement ce matin... il me dit qu'il descend chaque jour d'un cran, toujours davantage. Il en a marre de cette situation. Aujourd'hui il se sent si fatigué qu'il ne veut pas aller dans le fauteuil releveur... nous devons téléphoner à la kiné, qui doit le recoucher, qu'elle ne vienne pas pour rien...
L'après-midi se passe de la même façon... je reste près de lui dans le fauteuil, moi aussi épuisée et contrariée par la tournure des événements, moi qui espérais tant être arrivés près des enfants avant Noël afin qu'il goûte à cette dernière joie... mais au train où vont les choses !
Finalement, je vais faire une sieste et lui s'endort. L'infirmière repasse tôt ce soir, aussi nous dînons de bonne heure.
Il se plaint toujours... une large rougeur s'étale dans le creux de son bras droit, heureusement que j'ai ramené les tubes de pommade si précieux... et mon état se détériore aussi...
Dans 5 jours cela fera 15 mois qu'il ne se lève plus, toujours couché sur le flanc gauche, avec l'oxygène (difficulté respiratoire) et la sonde à demeure !
Lundi 4 décembre 2017... mal au cœur, mal de tête... les maux continuels reviennent sans cesse, jour et nuit... nuit et jour...
Il s'endort difficilement vers onze heures. Je suis scotchée sur l'ordinateur pour tirer des documents à envoyer à ma fille pour un logement... je me couche à trois heures trente... vidée !
Il m'appelle vers les cinq heures toujours pour les mêmes maux... le cœur, la tête, les démangeaisons...
Au matin je n'entends pas l'infirmière, seulement Nathalie mais je ne parviens pas à me lever bloquée de douleurs et besoin irrépressible de sommeil... enfin après de gros efforts, je me lève à neuf heures !
Elle a donné son déjeuner à Maurice, cacao, tartine et deux kiwis. Elle prépare le mien, tartines grillés, café et deux kiwis.
Ensuite je lui explique le coup de la soupe et je lui montre comment la mouliner avec mon appareil cent fois trop haut (posé sur le snack) et trop lourd pour moi. Ensuite elle verse la soupe mixée dans deux récipients à mettre au frigidaire. Puis elle découpe un potimarron posé sur le rebord de la fenêtre, et un autre qui a eu le temps de pourrir sera pour les poules de Pierre.
Lavé et coupé en tronçons, elle engouffre les morceaux dans un sac de congélation et le range à sa place. Enfin, elle épluche deux kilos de poires et deux kilos de pommes qu'elle découpe dans une grande cocotte et pose sur la plaque électrique. Enfin elle étend une lessive et donne un rapide coup de balai.
Nous sortons poster le courrier urgent, et nous passons rendre visite à nos ami-e-s Delphine et Alain. Je suis heureuse de les revoir et de pouvoir discuter un peu avec eux. Nous rentrons, l'infirmière arrivée en soins auprès de Maurice écoute ses plaintes souffrant moralement et physiquement... il n'en peut plus, il veut mourir !
Dans l'après-midi je termine un courrier urgent et je prends l'idée d'aller le poster jusqu'au village dans ma chaise roulante. Du fond de son lit Maurice m'a ouvert le parapluie car je ne peux pas le faire avec mes mains... tout devient extrêmement compliqué.
Je sors sous une pluie fine qui rend la rampe très glissante. Je suis obligée de me lever difficilement pour faire avancer lentement le fauteuil roulant qui dérape.
Je file sur la route de campagne qui bifurque une fois et je tombe sur un ami près de ses chevaux avec une chienne tout pareille à ma Starlette que nous avions autrefois mes enfants et moi et qui est morte d'une crise cardiaque dans les bras de mon fils... nous l'aimions tant ! Plus tard, mon fils dans sa vie adulte avec son épouse a repris une chienne boxer. Enfin, nous avons connu tant d'anecdotes avec nos animaux toujours si aimants et si fidèles.
Je continue sur la route et je rencontre un grand groupe de marcheurs et je me mêle à eux qui me reconnaissent comme l'écrivaine-conteuse du secteur dont ils adorent les livres... nous parlons et je ne m'aperçois pas que nous avons quitté la route principale et je viens buter sur un sentier de terre qui s'enfonce sous les halliers... zut alors, mais qu'est-ce que je fous là ! Nous rions bien de ma méprise !
Je dois retourner en arrière pour retrouver la route principale mais je ne reconnais pas le lieu. Je me renseigne auprès de baladeurs. Ils m'indiquent que je tourne le dos au château d'eau, en fait je faisais marche arrière... ben, manque plus que ça ! Heureusement que j'ai chargé mon fauteuil roulant.
Après un bon moment pour parvenir au château d'eau, je roule encore longtemps sur la grande route à six kilomètres heures... le panneau d'indication de vitesse me l'annonce et à chaque fois cela me fait sourire... avec mon gros fauteuil roulant, je roulais à sept kilomètres heures... il allait plus vite ! Mine de rien ça se connaît !
Bon, me voilà devant la poste où je me cogne le nez sur une porte fermée, bien la peine de se donner autant de mal ! Zut, zut et rezut ! Ce service est fermé tous les après-midi ! C'est bien ma chance encore... en ce moment tout va mal !
Avant de repartir, je vais voir si je peux dire bonjour à mes ami-e-s Marc et Marie-Claude, mais ils semblent absents. La marche devant le perron m'onblige à me contorsionner et à prendre des risques de chute pour atteindre la sonnette, pas la peine de se donner autant de mal... ils ne sont pas là.
Je repars et reprend la même route en sens inverse toujours sous mon parapluie. Après un long moment je retrouve les petites routes de campagne, rencontre à nouveau André avec qui je discute un moment, puis je file en direction du bout de la terre, du bout du monde...
Me voilà devant la maison. Je rentre le parapluie ouvert, je ne peux pas le refermer et je vais chercher le fauteuil abandonné au bas de la rampe pour le remonter devant moi en appuyant sur le jostic... puis je m'asseois dessus pour franchir le seuil de la maison. Ouf, enfin au chaud et à l'abri !
Il est seize heures trente et je suis restée deux heures dehors... cela m'a rafraîchie. Je retrouve Maurice somnolant mais toujours aussi mal. Je dois lui masser ses jambes et le pli de son bras gauche tout rouge. Il tousse aussi toujours de cette même toux chargée et d'une respiration sifflante.
Après le passage de l'infirmière, il est pressé d'avaler son comprimé de Nuit Zen, de manger une crêpe et de dormir... ce qu'il fait.
Moi, je regagne l'ordinateur car j'ai de très nombreux courriels où je dois répondre... je n'ai pas le moral en pensant à notre situation, où nous espérions tant Maurice et moi notre déménagement, rapatriement pourrait-on dire, en région lyonnaise près de nos enfants, petits-enfants et arrières (que nous ne connaissons pas autrement que par des photos) avant Noël... mais là, nous nous trouvons devant le néant...