Samedi 30 décembre 2017... crémation et cendres jetées en mer...
Je me lève à sept heures... la tempête n'a pas cessé, un peu moins violente que la dernière avec des vents de 137 km / heure qui s'est arrêtée la veille de l'arrivée de mon fils, Yvan et de Naïli, mon petit-fils.
Je déjeune lentement puis je vais me préparer dans la salle de bains. Je passe un ensemble pantalon noir, maillot noir décoré d'un beau papillon bleu. Je mets un bijou 'la fée de l'amour' et mon petit-fils accroche mes boucles d'oreilles.
Il remplace son grand-père, il m'embrasse matin et soir depuis son arrivée à grands coups de 'je t'aime'.
Nous sommes prêts tous les trois et nous attendons les pompes funèbres.
Quand ils arrivent, ils nous préviennent que nous devons attendre la visite du maire. Il va poser les scellés et ensuite nous devrons suivre le corbillard.
Nos voisins Pierre, Éliane et André sont là. Vraiment je leur suis infiniment reconnaissante d'être présents en ce jour de départ de notre aimé.
Monsieur le Maire s'en vient accompagné d'un adjoint. Il pose les scellés cependant que les employés des pompes funèbres posent les vis du cercueil.
Juste avant j'ai posé les mains sur le visage et les mains rigides, figés, et froids de mon amour. J'ai déposé le bouquet de roses rouges sur son drap de satin bleu. Il repose en paix, le visage serein et les mains jointes. Il paraît être un ange.
Nous partons en suivant le véhicule qui nous précède, nos amis suivent derrière. Nous arrivons devant le crématorium niché dans un espace de verdure.
Nous pénétrons dans un intérieur vaste et clair. Nous entrons dans la salle d'accueil où nous pouvons prendre une boisson. Pour l'instant nous attendons que l'on vienne nous chercher.
C'est à ce moment que surgit Alain que je n'attendais plus.... désolé de ne pas avoir pu voir le corps de Maurice, sa fille est tombée et s'est cassée la clavicule... vraiment pas de chance !
Une personne affable nous conduit dans la pièce de cérémonie où se trouve des chaises placées en demi-cercle et un podium avec un micro. Le cercueil trône au milieu... un gros bouquet de lys et de fleurs blanches est posé là. Notre hôte défait l'enveloppe et me tend la carte. Sur le moment je ne comprends pas de quoi il s'agit. Je lis 'Yvan et l'équipe'... mon fils me dit qu'il s'agit de ses collègues de travail... je suis très touchée d'une si belle attention envers nous. Notre hôte tourne alors le micro de façon à ce que je sois devant. Puis je lis l'hommage que j'ai préparé hier soir. Je suis émue et bouleversée... mais il ne peut pas en être autrement.
Puis la personne qui nous a accueillie nous conduit dans la salle où, devant une grande fenêtre vitrée, nous pouvons assister au départ du cercueil vers la crémation. L'opération est très rapide, et l'homme nous conseille de revenir à seize heures quinze pour recueillir l'urne qui contiendra les cendres. Voilà c'est fini... une cérémonie grandiose de simplicité dans une maison très belle, très accueillante.
Je propose un café à mes ami-e-s que nous prenons dans la salle d'accueil, puis chacun se disperse.
Les enfants décident d'aller nous restaurer à la cafétéria et de nous balader à la galerie marchande de Quimper. Nous passons un petit moment comme toujours très agréable et très gentil ensemble. Naïli, mon petit-fils me sert mes plateaux. Puis ils se servent à leur tour. Nous trouvons une place sympathique et prenons le temps de déjeuner. Enfin nous allons faire du lèche-vitrine dans la galerie marchande juste à côté, immense et bondée de monde en ces jours de Fêtes.
Ensuite sous la pluie nous retournons à la voiture garée sur un parking fort heureusement abrité, et nous repartons pour le crématorium où l'on nous remet les cendres.
Je signe une déclaration de remise des cendres et je devrais porter un papier de crémation à la mairie mardi, également le signaler à la mairie de son lieu de naissance.
Naïli porte l'urne contenant les cendres de son grand-père et veut tout de suite aller les jeter en mer. Nous filons en direction de l'océan. Là, mon petit-fils s'approche de la mer houleuse et jette l'urne qui plonge aussitôt dans l'océan déchaîné sous la force du vent... mon fils, Yvan et moi-même suivons la scène des yeux... ainsi le destin de Maurice s'est accompli... il s'achève ici pour commencer dans une autre, déjà parti vers la prochaine...
Nous sommes malheureux de le perdre mais satisfaits que tout ce soit bien passé, que la journée bien remplie se soit déroulée sans entraves.
Je suis contente d'avoir pu obtenir un créneau pour l'incinération aujourd'hui, car sinon il aurait fallu attendre mardi, soit une semaine... personne n'aurait pas pu attendre aussi longtemps.
De retour à la maison, les enfants préparent leur départ, ils mettent toutes leurs affaires dans la voiture et vont se coucher tôt... éreintée, je file au lit à dix heures...
Vendredi 29 décembre 2017... visites de nos voisins près de sa dépouille...
La matinée se déroule vite et d'autres voisins viennent s'incliner devant le corps de Maurice.
Je me couche tardivement car je prépare un hommage à mon amour.
Je suis dans la douche à une heure lorsque sous l'effet du vent, le compteur électrique disjoncte... dans le noir je cherche la lampe de poche que je garde précieusement dans la sacoche accrochée à mon fauteuil roulant.
Soudain je vois mon petit-fils dégringoler l'escalier pour venir à ma rescousse... c'est bon il a remis la lumière.
Je file me coucher. La tempête fait un tel vacarme dans les volets que je finis par les soulever tout à fait... le barouf se poursuit mais un peu moins violemment...
Jeudi 28 décembre 2017... Maurice dans son cercueil à la maison...
Je me suis couchée à deux heures du matin pour faire les premières lettres... puis levée à sept heures trente, le nez dans les paperasses.
Ensuite déjeuner et salle de bains. Annie arrive, Yvan est réveillé et bientôt Naïli.
Puis ils partent en courses et moi, je file avec Annie voir Delphine et Alain, étrange la boutique reste fermée.
Nous rentrons. Les pompes funèbres arrivent avec le corps et l'installent dans la véranda, face à son lit.
Quelques heures plus tard, le fournisseur vient reprendre tout le matériel avec l'aide d'une autre personne. Ils emportent le lit, le matelas à air, le lève-personne et le releveur électrique, objet dont malheureusement Maurice n'aura jamais profité, hélas. Nous gagnons de la place.
Les jeunes reviennent avec des gambas et des coquilles Saint Jacques qu'ils font flamber eux-mêmes. Puis mon fils fait la vaisselle.
L'infirmière vient pour mes soins. Puis c'est au tour du médecin traitant de frapper à la porte. Il me fait une ordonnance d'antibiotiques et de gel bétadiné pour mon pied... nous parlons de Maurice.
Ensuite l'après-midi se ponctue de la visite sympathique de nos voisins. Ils viennent tous dire au revoir à Maurice.
Les jeunes repartent cet après-midi tenter de trouver le disque que je souhaite passer à la petite cérémonie de la crémation 'Vivre pour le meilleur' chanté par Johnny Halliday et dont Maurice disait qu'il allait le suivre dans la tombe.
Mercredi 27 décembre 2017... un cercueil hors norme, plus grand que les plus grands !
Le vent mène un tapage infernal. Toute la nuit il bat furieusement les volets ; des rafales sauvages tourbillonnent autour de la maison.
Annie arrive pour huit heures... j'ai traîné... je ne me suis pas réveillée pour être prête immédiatement, nous partons à neuf heures.
Nous arrivons à la mairie de Douarnenez où la personne rencontrée hier, nous annonce que ce n'était pas à nous de venir chercher ce papier mais aux pompes funèbres qui de leur côté doivent apporter un autre papier en échange. Donc, elle nous le remet et nous retournons à Audierne.
La secrétaire est là. Annie va lui donner l'acte de décès de l'hôpital et la secrétaire veut me voir. Elle monte dans la voiture et discute avec moi.
Finalement je voulais faire une petite cérémonie mais le maître de cérémonies ne reprendra qu'après le jour de l'an. Si je veux faire un hommage, je peux le faire seule.
Mais il y a un gros souci. Elle m'explique qu'il ne sera pas possible d'avoir le cercueil à la maison ce matin. En effet les pompes funèbres se sont rendues dans la chambre mortuaire mais Maurice ne rentre pas dans le cercueil... il faut en livrer un autre beaucoup plus grand encore... décidemment Maurice sera resté un personnage hors norme jusqu'au bout !
Et il y a un autre problème, il faut le traiter car il commence à s'abîmer, rien d'étonnant avec toute l'eau de son corps, ses problèmes intestinaux et tout ce qu'il a reçu dans les veines !
Coût de la piqûre : 290 euros, ben heureusement qu'il n'y aura pas de cérémonie ! Nous rentrons.
Annie a encore un peu de temps et prépare la chambre du haut pour les enfants. Elle monte un radiateur d'appoint... il fait trop froid.
Dans l'après-midi, mon amie Éliane vient me voir, je suis touchée par la sollicitude de mes voisins.
Au soir les enfants arrivent, nous sommes si heureux de nous retrouver et dans ce moment, cela m'offre un soutien irremplaçable.
Annie m'a préparé une bonne soupe et du coup, je l'a fais mouliner par Naïli, mon petit-fils... nous soupons.
Mardi 26 décembre 2017... il meurt à deux heures du matin...
Le téléphone retentit dans mon sommeil profond, je me suis couchée à vingt-trois heures trente... la sonnerie se fait stridente dans mon cerveau embrouillé... l'hôpital, c'est l'hôpital... c'est ça, c'est fini !
Le temps d'arriver à l'appareil je rate l'appel... depuis combien de temps tente-t-on de me joindre ? Pas le temps de penser... le téléphone résonne comme l'annonce d'un malheur... j'entends une voix avec un fort accent... non cela ne peut pas être une plaisanterie, c'est forcément l'hôpital à une heure pareille.
L'homme hésite :
–Madame, c'est l'hôpital... votre mari ! Je comprends aussitôt... –Mon mari est décédé ?
–Oui, madame !
–A-t-il souffert ?
–Non, madame, il est parti tranquillement...
Je lui demande encore si je peux venir plus tard sur le matin... il me répond que oui, pas utile de prendre un taxi en pleine nuit.
Ah et moi hier qui agitée d'un sombre pressentiment voulais prendre un taxi et passer la nuit avec lui... comme j'aurai due m'écouter, ne pas le laisser seul dans ce moment, cet instant où l'âme s'échappe du corps aspirée dans ce long couloir lumineux, étincelant avec une musique angélique... son âme m'aurait vue là près de lui... au lieu de cela il a été seul !
Mais je me console, chaque jour nous nous sommes dit au revoir, chaque jour nous avons pu nous dire notre amour, nous avons eu bien du temps pour le faire et il m'a dit au revoir chaque jour... je ne me recouche pas, je vais prévenir tous nos ami-e-s dont j'avais dressé la liste hier pour leur adresser mes vœux. Ça va assez vite, au matin j'ai terminé.
Je vais déjeuner et je passe dans la salle de bains.
Auparavant je vérifie les horaires de l'auxiliaire de vie, flûte elle n'arrive qu'à neuf heures... c'est vraiment bien le jour, non seulement je suis restée seule ces trois jours de Noël, sans pouvoir me rendre auprès de lui, mais encore on me retire l'heure prise par le temps passé avec le médecin des soins palliatifs aussitôt comme si j'allais la voler... en connaissant mes problèmes on pouvait repousser cette heure au mois de janvier... mais bon !
C'est Nelly qui vient au lieu de Véronique, nous partons vite. Arrivées à la moitié du trajet, je m'écrie :
–Oh, mais c'est pas vrai, j'ai oublié ses vêtements !
Nous retournons derechef à la maison. Mince, ce n'est pas possible une tête pareille ! Nelly file prendre le paquet d'habits dans le placard puis revient en trombe et elle repart à toute vitesse... je lui dis de faire attention à ne pas glisser, il pleut des seaux d'eau et le vent souffle en rafales.
Nous arrivons à l'hôpital dans la nouvelle chambre qu'il occupe depuis samedi avec un lit et matelas à air de 120.
Quelle grande tristesse de le découvrir gisant ainsi. Je suis bouleversée, je l'embrasse te le caresse longuement.
Comme tu vas me manquer et comme je vais être habitée par toi désormais, impossible de t'oublier...
L'infirmière me remet l'acte de décès dressé par le médecin à remettre en mairie afin que l'employée de l'état civil me dresse des actes de décès nécessaires à toutes les démarches. Elle me demande si je laisse mon époux dans la chambre mortuaire à l'hôpital ou à Quimper, ou chez moi. Je demande à l'avoir à la maison. Je dois régler cela avec les pompes funèbres, Nous repartons.
C'est bête j'ai oublié le livret de famille nous aurions pu nous rendre directement à la mairie, au lieu de ça je vais être obligée de trouver un ami pour m'y amener cet après-midi, la poisse, je les accumule !
Lorsque nous pénétrons dans la maison il est déjà onze heures quarante minutes, plus le temps de retourner à Douarnenez. Nelly range deux ou trois choses et se retire.
La tempête fait rage, il pleut à verse. Je téléphone à Pierre qui accepte immédiatement de m'aider, quel type formidable ! Nous partons à deux heures sous la pluie battante... vraiment pas de chance !
Lorsque nous pénétrons dans la mairie, superbe bâtiment bien décoré en ces jours de Noël, un grand Père Noël de chiffon nous accueille. L'hôtesse nous guide vers l'état civil.
Nous nous asseyons près de l'employée très gracieuse et accueillante, du coup je me mets à lui parler de Maurice et de notre vie... incroyable, déjà en sympathie !
Elle me prépare mes papiers et en partant elle m'annonce que si je venais à manquer d'actes de décès, je pourrai lui téléphoner et elle me les enverrai. J'apprécie une telle gentillesse... le monde serait tellement plus beau si chacun se conduisait de la sorte !
Nous partons sous une pluie plus fine et nous nous dirigeons chez les pompes funèbres à Audierne. Dans le magasin je signe des papiers, je choisis le cercueil le plus simple, mais le plus grand et le plus solide, les coussins, l'urne qui se dissout totalement dans l'eau au bout d'une demi-heure.
La secrétaire n'est pas là et le patron réclame le papier d'acte de décès donné à la mairie nécessaire pour la crémation. Zut il va falloir retourner à la mairie de Douarnenez... demain ! Mais c'est pas vrai !
Nous rentrons. Je remercie Pierre et je reste seule.
Normalement on emportera Maurice dans son cercueil à la maison demain vers onze heures.
Il faudra que je me dépêche. Mon fils et mon petit-fils m'annoncent leur arrivée pour demain soir, je suis trop contente, mes enfants sont en or !
josiane horrent 31/12/2017 15:27
Dana Lang 31/12/2017 20:51