Mercredi 3 janvier 2018... encore à courir...
J'ai regardé Kirikou à la télévision hier soir... pas facile avec l'omniprésence du souvenir de Maurice à agonir à petit feu en ce lieu... j'ai hâte de m'en aller, de quitter cette maison habitée de ses souffrances.
La 4ème tempête 'Éléanore' s'est levée hier et n'a pas cessée de la nuit faisant un fracas épouvantable dans la chambre... j'ai mal dormi très souvent réveillée par la violence des éléments déchaînés et aussi victime d'aigreurs d'estomac, je ne sais pas pourquoi. J'ai dû prendre un remède.
Au matin la tempête ne s'est pas assagie. Annie vient et vaque aux occupations habituelles du temps que je déjeune et me prépare.
Nous allons devoir repasser à la poste puis à la mairie. Pour cette requête l'employée m'envoie à Audierne, nous rencontrons Monsieur le Maire. Du coup nous allons à Audierne pour rien, c'est le jour de fermeture... je devrai repasser demain... bonjour les frais de déplacements !
Nous filons à la Pointe-du-Raz, je dois porter ma trilogie fantastique demandée par mes amis.
Il pleut et le vent tabasse tout sur son passage.
Nous rentrons à la maison et Annie me quitte.
Cet après-midi je recommence les coups de fil et les papiers... ça risque de durer longtemps... la poisse !
Mais je n'ai pas de courage... je ne me sens pas bien... j'ai de plus en plus mal à la colonne vertébrale la nuit.
Les journées sont dures à passer. Je reprends mal à l'estomac, ce que je ne comprends pas... je mange peu, pas faim.
Mon amie Éliane arrive dans ce grand vent. Elle me rend visite et j'en suis très touchée.
Ciska me téléphone, il y a longtemps que je ne l'ai pas eue au fil... j'ai raté l'anniversaire de mon amie Clémentine... je me rattraperai plus tard... et puis c'est ma chère Clémentine qui me présente ses vœux et ses condoléances. Les grands esprits se rencontrent j'allais lui écrire... elle doit me rappeler.
Après une accalmie soudaine voici que le vent repart de plus belle à vingt heures trente.
Mardi 2 janvier 2018... des papiers, des papiers et encore des papiers !...
Hier n'en pouvant plus et pour ne pas pleurer je suis allée me coucher à dix-sept heures et j'ai dormi jusqu'à huit heures... soit quinze heures d'affilée ! ! !
Au matin Sylvie est arrivée avec les petits croissants (quelle fille extra !), nous avons pris le café et je suis allée me préparer.
Nous sommes parties aussitôt pour nous rendre à la mairie porter le certificat d'incinération et bonne nouvelle l' employée va le communiquer à la mairie de Mâcon, son lieu de naissance.
Nous passons à la boulangerie, puis aux pompes funèbres, ensuite je dois chercher de l'encre et nous rentrons.
Nous avons oublié de passer chez Alain et nous y courons mais mes ami-e-s sont absents.
Nous rentrons. Sylvie termine deux ou trois choses et s'en va.
J'attends l'infirmière pour mes soins. Je reçois plusieurs coups de fil et je ne cesse de courir au téléphone que je rate à chaque fois car je ne parviens pas assez vite au combiné.
Tant et si bien que je me mets à table qu'à treize heures trente.
Ensuite je passe mon après-midi à téléphoner pour mettre les dossiers en ordre... que de paperasses, je ne suis pas rendue !
Lundi 1er janvier 2018... bonne année à tous mes enfants et à tous mes ami-e-s qui m'ont soutenue dans cette douloureuse épreuve... que tout vous soit doux et merveilleux dans des moments magiques inoubliables...
Nouvel an... après la tempête 'Bruno' pour Noël avec des bourrasques de 137 km/heure, voici 'Carmen' avec des vents très violents. Elle fait un fracas épouvantable et me réveille à sept heures et demies, impossible de me rendormir.
J'ai l'impression que les volets vont exploser et le toit s'arracher... ce bruit infernal me tire du lit une heure plus tard, où je me trouve bien au chaud.
À peine levée voilà que le courant s'éteint et se rallume par deux puis trois fois et finalement se coupe. Je suis dans le noir. Je cherche ma lampe de poche toujours bien rangée dans la sacoche de mon fauteuil roulant.
J'ouvre tous les volets. Le jour point à neuf heures.
Bon, je tente de chercher l'interrupteur du compteur, mais je n'y comprends rien, je ne sais plus faire... pourtant la dernière fois j'y étais bien parvenue. Je ne peux pas lever le bras jusque là... je tente d'appeler Pierre.
Je trouve un postit sur le bureau... je ne pense pas immédiatement que l'ordinateur fonctionne sur la batterie. J'appelle Pierre sur ses deux téléphones. Du coup sans électricité je ne peux rien faire... pas de déjeuner sinon froid, pas de cuisine, pas de lessive, pas de télévision, rien sinon dormir ! ! !
Avec les batteries je peux me mettre un moment sur l'ordinateur... combien de temps ?
La tempête tabasse furieusement la maison... cette fois il risque bien d'y avoir des dégâts !
Quelques éclairs, du tonnerre, des trombes de pluie, un rayon de soleil et rebelote, le vent lui, ne se calme pas, il siffle comme mille serpents et hurle comme des loups d'une sauvagerie inquiétante.
Est-ce que tout le quartier est coupé de courant ? C'est à craindre... et j'espère que cela ne va pas durer car j'ai déjà très froid même habillée, ce vent fou pénètre de partout.
Les enfants ont rencontré hier sur la route un température extérieure à 17°, rien d'étonnant à ce que nous ayons une telle tempête dévastatrice.
Du coup sans personne sur la route et de bonnes conditions météorologiques, ils sont arrivés à seize heures... j'étais contente de l'apprendre.
Demain, tout le monde repart au boulot ! Le courant revient à treize heures... je vais pouvoir retrouver un peu de chaleur.
Mélissa, ma petite-fille m'a encore envoyé de très belles photos du bébé Malo... quand je pense que Papi ne l'aura pas vu, ni connu...
Je me sens bien seule dans la maison vide à présent... Maurice occupe l'espace de sa souffrance, je ne pourrai pas rester là bien longtemps.
Il me reste beaucoup de papiers à m'occuper, aller demain à la mairie du pays et aux pompes funèbres, prendre aussi des rendez-vous et s'y rendre, ce qui est bien compliqué pour moi en problèmes de déplacements... ah la la, tout devrait ce faire automatiquement lorsque l'on devient veuve, ils en ont la possibilité !
Bref, cela ne va pas être triste encore !

Dimanche 31 décembre 2017... la boucle est bouclée... les enfants me quittent... une page se tourne... je reste seule...
Je me lève à quatre heures, impossible de me rendormir avec le vent qui tabasse dans les volets.
Je me mets sur l'ordinateur.
À cinq heures j'entends du bruit dans les chambres. Les enfants se réveillent et se préparent.
Nous déjeunons puis ils m'embrassent une dernière fois.
Yvan monte dans sa voiture, Naïli ouvre et ferme le portail, dernier au revoir de la main.
Je me retrouve seule face à mon deuil. Je demeure sur l'ordinateur où je relate ces dernières journées vécues ensemble.
J'avais fait trois photos de Maurice dans son cercueil et des vues sur l'océan houleux mais sur une mauvaise manipulation voilà qu'elles ont disparues... ah, je suis terriblement déçue, mais peut-être est-ce mieux ainsi.
Déjà de regarder les anciennes photos me perce le cœur. J'ai l'âme affligée... dehors le vent furieux se déchaîne... les larmes coulent toutes seules, je ne parviens pas à les maîtriser.
Je passe la matinée ainsi à tourner en rond. Je finis par grignoter un bout et l'infirmière arrive vers treize heures.
Je demeure inutile et dans une mélancolie profonde. Il faudrait que je puisse sortir. Un grand soleil inonde la presqu'île mais le vent enrage... j'ai peur d'être emportée par le vent sur mon fauteuil roulant.
J'ai très froid... finalement je file au lit où là au moins je vais pouvoir me réchauffer.
Les souvenirs tristes de ses souffrances m'assaillent encore, mais je finis par m'endormir.
Ma fille me réveille à dix-neuf heures trente pour prendre des nouvelles. J'ai également ma fille aînée au bout du fil et puis mon petit-fils qui m'annonce leur retour à seize heures et enfin mon fils et ma belle-fille. Ils ont bien roulé et sont bien rentrés. Je suis soulagée et heureuse de les savoir de retour chez eux.
Ici, la tempête fait rage avec de bonnes radées par moment, et elle va encore forcir.
Je mange un petit bout et je me cale devant la télévision... lorsque je serai épuisée j'irai au lit... je regarde 'Sans Famille', un film déjà vu mais si beau... je ne parviens plus à suivre des variétés, cela me fait trop penser à lui sur la fin...
Les enfants m'appellent mais une fois de plus je ne parviens pas au téléphone à temps... je les rappellent... ils réveillonnent ensemble chez Mélissa.
Yvan et Sandrine vont se coucher tôt, ils faut se reposer avant de reprendre le train-train du travail.
Je recommence à avoir froid, je file au lit...
Marie-Hélène PHUEZ-FOUQUET 04/01/2018 17:41