Dimanche 21 janvier 2018... silence, vide, solitude, chagrin...
Je me lève souvent dans la nuit, j'ai des problèmes urinaires, une belle infection. Vers neuf heures je file à la cuisine pour lire l'heure... je me recouche, j'ai encore sommeil. Je traîne une heure de plus au lit puis je vais déjeuner et passe dans la salle de bains.
J'ai énormément de mal a m'habiller... plus la force de porter mes vêtements, plus la force de monter mon pantalon, plus la force d'attraper les manches et les ramener sur l'avant.
Sans aucun goût pour la cuisine je fais cuire quelques pommes de terre à l'eau. Je découpe des morceaux de harengs mais ils ont tournés... je suis dégoûtée ! Je jette le tout dans le sac pour les poules. Je fais cuire les chanterelles avec de la crème, puis des œufs... mais je n'en ai aucune envie.
Je fais la petite vaisselle d'hier et mes mains de singe ne parviennent pas à porter le poids des bols, des casseroles... en plus c'est douloureux, mes mains, mes doigts me font mal même en frappant sur le clavier de l'ordinateur... sans force certaines lettres n'apparaissent pas et je suis obligée de me relire systématiquement... je me demande où ça va aller... comment je vais finir.
Lorsque je me mets à table, je mange trois cuillères et je renonce. Je n'ai aucun goût, aucune envie de rien... Je m'installe sur l'ordinateur... le vide immense, le silence habitent la maison à présent... il pleut sans arrêt. La pluie accompagne le temps du chagrin.
L'infirmière doit passer à quinze heures... et ma fille doit me téléphoner. Je devance son appel. Elle prend des nouvelles, elle s'inquiète pour moi, mais je la rassure... tu vas voir tout va bien se passer.
Je sors prendre l'air, je veux aller à la Pointe mais je n'en ai plus très envie... le temps ne m'inspire pas... du coup je prends le café chez Éliane... nous discutons entre ami-e-s et cela fait du bien.
Puis je rentre, je dois faire le trajet inverse du départ... stopper mon fauteuil roulant lourd au pied de la rampe, monter la rampe à pied en me cramponnant et m'asseoir dans la chaise roulante électrique dans la maison, aller jusque dans la chambre... me lever, aller au garage ouvrir la porte puis refaire tout le chemin arrière pour garer mon fauteuil roulant lourd (dont j'ai fait changer la batterie) dans le garage. Je ferme toutes les portes et je regagne ma chaise roulante à l'intérieur.
Auparavant j'ai relevé la boîte aux lettres et j'ai trouvé les actes de naissance de Maurice que j'attendais, par contre les miens, je vais devoir patienter encore huit jours ! C'est follement contrariant !
Samedi 20 janvier 2018... où je remets le nez dans les papiers...
Un coup de téléphone me réveille à neuf heures vingt... pas moyen d'être tranquille, je dormais si bien.
Je me lève, déjeune, me lave et m'habille. Puis je file sur l'ordinateur. J'ai entrepris de nettoyer nos photos qui se sont multipliées par des doubles, des triples... cela va alléger mon disque dur... et je m'y retrouverai plus facilement.
Je revois Maurice dans toutes nos activités de l'époque... j'ai le cœur gros, l'âme dans une tristesse infinie... comment je vais pouvoir vivre sans lui maintenant ? Le courage m'abandonne.
Vers midi l'infirmière arrive pour mes soins... elle m'offre ainsi un petit intermède dans ma solitude immense.
Je prends le repas de midi puis je pense à vérifier mes dossiers. Effectivement l'un ne me demande pas d'acte de naissance pour moi mais les deux autres dossiers réclament les deux. Quel casse-tête ! Bon, il faut se résigner, ces dossiers vont traîner sur la table une quinzaine de jours... super ! C'est fou d'être obligée d'attendre des pièces ainsi.
Je retourne sur l'ordinateur où je vais y passer l'après-midi. Ma petite-fille m'appelle. Ils s'en vont manger des crêpes chez des copines malgré la pluie. Il fait presque aussi mauvais qu'ici.
Je dîne puis je vais me changer pour être plus à l'aise dans le fauteuil.
Vendredi 19 janvier 2017... le décodeur est arrivé...
Nelly entre et je me lève. Elle me prépare mon déjeuner puis je file dans la salle de bains.
Ce matin nous devons nous rendre au point relai pour chercher le décodeur. Lorsque nous sommes prêtes nous partons.
Dans le magasin nous trouvons des employés très accueillants et ils s'occupent de nous aussitôt. J'ai bien tout emmené sauf que j'ai oublié la télécommande... zut, une vraie tête percée !
J'envoie Nelly à la maison. Une employée me sert un café et me donne le journal. J'ai le temps de le feuilleter et de lire les grands titres.
Nelly revient avec la télécommande et les employées nous remettent le nouveau décodeur.
Lorsque nous rentrons je demande à Nelly de tout laisser sur la table, j'appellerai Alain pour m'aider. La matinée se termine, Nelly s'en va et Céline arrive pour mes soins de pieds.
L'après-midi s'étire difficilement, je demeure sur l'ordinateur.
Alain m'a téléphoné pour me dire qu'il passerait avec sa fille à la sortie de l'école. Lorsqu'ils arrivent, ils ont vite faits de tout mettre en place et ô miracle ça fonctionne... je vais pouvoir regarder la télé. Tous les deux me quittent.
Puis le soir tombe vite. Je soupe, et je m'installe devant le petit écran. Vers vingt et une heures trente un coup de fil me sort de mon fauteuil très difficilement... c'est ma fille. Elle me dit qu'elle me rappellera dimanche après-midi. Je n'ai pas l'habitude d'avoir des coups de fils si tardifs.
Je finis par m'endormir devant l'écran, aussi je décide d'aller me jeter dans la douce chaleur du lit.
Ma tête est pleine de lui, je repense à ses paroles malgré ses souffrances horribles :
–Je supporte le pire car je ne veux pas te quitter, ma chérie !
Je ne peux m'empêcher de pleurer.
Gérars JOUBERT, un ami 22/01/2018 18:05
Lucette MOLIERE, mon amie,... 22/01/2018 18:03