Mercredi 11 avril 2018... rien ne va plus ! RAS LE BOL !
Je me lève toujours dans le même état... j'entends la pointeuse. Annie est entrée. Elle me trouve sur l'ordinateur. Je vais déjeuner.
Je me prépare, je dois aller à la poste et prendre un peu d'argent. Lorsque je suis prête, Annie m'accompagne jusqu'au garage où elle dépose mes lettres dans la sacoche arrière pendue au fauteuil roulant, elle m'ouvre la porte et le portail. Je file en direction du bourg qui ne se trouve pas à côté, il me faut bien une demi-heure pour y parvenir à 9 km heure.
Lorsque j'arrive, je me dirige dans le local de l'ADMR où sur l'ordre de son chef la secrétaire refuse tout bonnement de venir m'aider au distributeur de billets. Trois personnes se trouvent là et aucune ne va lever le petit doigt pour m'aider. C'est incroyable la lacheté des gens... lorsque les ordres du chef ne sont pas justes nous avons l'impératif devoir moral de les refuser.
Le nazisme nous l'a pourtant bien démontré at appris à nos dépens... si une telle guerre revenait en France nous aurions droit à la même délation, à la même obéissance aux mauvais chefs, nous verrions encore des enfants déportés... etc... etc... d'ailleurs ne le voit-on pas avec les migrants, ces enfants que l'on va arrêter dans les écoles, toute cette violence envers eux, mauvais traitements, racisme et j'en passe ! Vive la France !... C'est facile de produire des moutons, je le comprends lorsque l'on fait du chantage à l'emploi, et toutes sortes d'autres pressions ! Enfin la semaine dernière j'étais allée demander de l'aide que l'on m'a refusée, j'étais venue avec deux chèques, je suis rentrée avec et cette fois-ci je fais de même. Le président instaure un rapport de force entre lui et moi... il fait pression sur moi ! Dois-je trouver là une forme de harcèlement ?
La secrétaire m'a dit tout de go de m'adresser à la mairie où à la poste... mais que je sache la petite postière se trouve seule derrière sa banque et elle ne risque pas d'abandonner son bureau... je vais donc à la mairie où je commence à exposer mon problème, la personne m'envoie l'assistante sociale, pas étonnée par les méthodes de l'ADMR. Elle vient avec moi jusqu'au distributeur d'argent. Je compose mon numéro mais hélas comme la semaine dernière je mélange les chiffres, je tente deux fois et voilà que ma carte est avalée à nouveau. Je ne décolère pas ! J'ai relevé mon code comme une dyslexique en inversant deux chiffres cette fois !
Ras-le-bol, il ne me reste plus qu'à appeler ma banque et de nouveau je vais devoir attendre pendant huit jours ma nouvelle carte et apprendre un nouveau code, c'est la barbe ! Enfin tout cela n'a rien d'étonnant avec le chagrin et les soucis que je traîne depuis le décès de Maurice survenu le 26 décembre, entre son agonie, ses funérailles, la paperasse et les caisses de retraite qui ne savent plus ce qu'elles font ! Tout est fait pour me faire péter les plombs !
Ah, je ne suis pas prête de me retrouver près de mes enfants quand il faut encaisser autant de lenteurs et de mauvaise foi !
Je vais poster mes lettres. Comme d'habitude la jeune postière vient m'ouvrir la porte et son battant, puis elle prend mes lettres dans la sacoche. Du coup je lui achète encore une fois deux carnets de timbres que je règle avec un chèque cette fois-ci, car la dernière fois je lui avais payé en monnaie et du coup je n'en avais plus. Je lui explique ce qui vient de se passer.
Il y a là deux dames offusquées par un tel traitement envers moi qui me déclarent :
–Mais on va aller faire un sitting devant l'ADMR !
Cela me fait sourire. L'une d'elle me donne son numéro de téléphone pour la joindre en cas de besoin.
Je lui dis :
–Mais vous habitez où, Madame, je ne vais tout de même pas vous déranger de chez vous pour cela ?
Mais elle me donne son numéro et elle me propose alors de me ramener chez moi. Je lui explique que c'est impossible avec ce genre de fauteuil électrique lourd équipé pour la route. Lorsque l'on m'emmène en voiture, généralement les dames prennent mon fauteuil manuel. La chaise électrique pliable qui me permets toute autonomie dans un magasin, dans une galerie marchande malheureusement avec ses 28 kg ne peut pas être soulevée et mise dans un coffre de voiture par une femme, il faut que ce soit un homme.
Bref, je rentre et je retrouve Annie à qui je commente mes mésaventures... puis il est l'heure pour elle de s'en aller.
Je déjeune et comme il fait vraiment très beau, je me décide à aller dire bonjour à mes ami-e-s de la Pointe. Je suis fatiguée, énervée mais tant pis, je vais prendre un bol de vitamine D, cela ne me fera pas de mal.
J'avais laissé le fauteuil au bas de la rampe pour ne pas avoir à refaire le grand tour du garage. Je file chez mes ami-e-s.
Ils m'acceuillent avec leur chaleur et leur gentillesse habituelles. Heureusement qu'ils existent, j'ai une chance inouïe de les avoir dans ma vie !
Ils m'offrent un café et une crêpe et nous discutons. Évidemment je leur narre les problèmes en plus que je rencontre depuis deux semaines de suite... je vais m'installer sur la terrasse pour profiter du soleil.
Mais au bout d'un moment trop vêtue, je suffoque et puis la fatigue reprend le dessus... au bout d'une heure à peine, je dois m'en aller à regret. J'en profite pour m'acheter quelques gourmandises défendues.
Puis je rentre. Je laisse mon fauteuil au bas de la rampe car il est trop large pour entrer dans la maison, je monte et je fais le tour jusqu'au garage pour ouvrir.
Je refais le sens inverse pour venir prendre celui-ci et le garer à l'intérieur. Enfin, je saisis mes béquilles en prenant garde de ne pas tomber. Je referme le garage, je rentre dans la chambre que je ferme à clef et je m'asseids dans ma chaise roulante. Je me déshabille difficilement puis je vais sur le lit. Il est seize heures.
L'infirmière arrive à dix-huit heures qui me trouve au lit. Elle me soigne consciencieusement les pieds. Puis elle me quitte.
Je téléphone à deux amies. Il est tard.
Je soupe et je m'installe devant la télévision... brisée.
De Mme DL veuve Maurice J.
à Monsieur... Président de l'ADMR...
Monsieur,
Dans le climat délétère que vous avez instauré entre nous, je m'étonne que vous daignez encore m'envoyer vos auxiliaires de vie.
Je vous remercie d'interdire à celles-ci de me venir en aide, notamment l'accompagnement au distributeur de billets, dont je vous rappelle que j'ai signé un contrat le stipulant en début d'année 2018 ! Par trois fois, je me suis présentée au bureau. La 1ère R. est venue à mon secours. La 2ème fois une bénévole particulièrement inapte me l'a refusé, et pour la 3ème V. P. m'a carrément annoncé votre refus d'accompagnement et d'aide au distributeur qui se situe tout à côté. Avec trois personnes à l'intérieur des locaux la chose était aisée.
Or donc, V. m'a indiqué que je pouvais tout aussi bien demander secours à la mairie ou à la poste (sic !). Bref je m'y suis rendue... à la mairie une employée dévouée m'a envoyé vers une assistante sociale pas étonnée des problèmes rencontrés par l'ADMR... et elle m'a accompagné au distributeur.
À la poste, les personnes présentes voulaient aller faire un sitting devant votre bureau. Bref, par deux fois j'étais venue vous porter deux chèques, ce qui prouve ma bonne volonté, mais devant le constat de votre entêtement ou peut-être faut-il y voir du harcèlement, je n'ai pas remis mon enveloppe au secrétariat !
En outre, je vous fais remarquer que vous m'avez fait parvenir un questionnaire sur l'état de satisfaction de votre service... eh bien je dois vous dire tout net que si je suis pleinement satisfaite des personnes qui interviennent auprès de moi avec tant d'abnégation et le souci d'être utile malgré les pressions d'horaires digne du moyen-âge, je ne peux pas en dire autant venant de vous, mais cela ne vous étonnera pas. Je ne vous salue pas.
À Plogoff, le 12 avril 2018, Mme...