Mercredi 27 juin 2018... chaleur excessive... ventilateurs poussés à fond...
Il fait chaud, très chaud malgré la fenêtre entrouverte. Annie arrive et je me lève. Comme hier je déjeune puis je vais dans la salle de bains, mais je ne sortirai pas aujourd'hui... comme d'habitude toujours plus bas avec mes mouvements ralentis, sans force et sans l'usage de mes épaules, de mes bras et de mes mains... perte totale d'autonomie...
Je m'énerve encore ce matin, plongée dans les paperasses jusqu'au cou... j'en ai marre, vivement que tout cela finisse ! Je suis ko !
Annie épluche les légumes de la soupe qu'elle fait cuire et elle épluche aussi une quantité de fruits qui s'abîment avec la chaleur. Après la soupe moulinée et mise dans quatre bouteilles en plastique, elle dépose les fruits dans une casserole et sur la plaque de cuisson. Ainsi j'aurai ma soupe faite d'avance et des fruits cuits pour le soir.
Lorsqu'elle a terminé son service elle me quitte. J'éprouve comme chaque fois du regret à voir partir mes auxilaires de vie. Je prends un repas rapide et je m'allonge dans le fauteuil le nez au vent du ventilateur... il fait une chaleur insupportable ! Finalement je vais me coucher dans la chambre où l'air est pulsé par le gros ventilateur.
Je ne parviens pas à m'endormir... où bout de deux heures je finis par me lever. J'ai baissé les volets mais malgré les portes ouvertes ça cogne dans la véranda, j'essaie de faire du courant d'air...
La journée s'étire comme les autres... dans la douleur, la souffrance, la solitude et le manque de mon amour chéri...
Mardi 26 juin 2018... six mois que Maurice, Momo, le clown nous a quitté... je suis si seule sans lui...
Je n'entends pas l'arrivée d'Annie... je rêve que je conduis ma voiture, moi qui ne conduis plus depuis tant d'années !
Je me lève devant un déjeuner déjà tout prêt. Annie a eut le temps de faire la vaisselle... et comme tous les jours je ne suis pas dans mon assiette. Je file à la salle de bains où je me prépare car je pense aller faire un tour... il fait déjà si chaud. Je pense même aller manger chez mes ami-e-s, mais j'ai tant de papiers à faire que finalement je ne sortirai qu'après seize heures.
Annie vaque aux occupations quotidiennes. Elle me prépare un gazpacho du tonnerre. J'en aurai pour ce soir et demain. Chic... et cela me fait aussitôt penser à Maurice en Andalousie... lui et moi pour Noël 2001, en manches courtes sur les terrasses ensoleillées autour d'un gazpacho... quelle merveille que la beauté de ce pays !
Nous étions partis après son AVC pour un long périple de six mois en camping-car depuis notre domicile jusqu'à la Bretagne en longeant la côte du Finistère jusqu'à la Vendée, de la Vendée au pays Basque. Nous avions passé la frontière du Pays Basque espagnol aux Asturies, puis la Galice enchantée, le Portugal, le détroit du Guadalquivir, le détroit de Gibraltar et l'Andalousie sillonnée par trois fois... le bonheur total... où suivait notre courrier. Bien sûr nous avions emmené avec nous notre adorable Toopie, petite chienne westie... voyage inoubliable et que de souvenirs !
Annie m'aide à sortir mon fauteuil roulant lourd du garage et elle me quitte puis vient l'infirmière. Je prends un repas rapide et je vais me reposer car les crises d'asthénie ne me lâchent pas. Je parviens à me hisser dehors par la rampe, je m'assieds dans mon fauteuil et je prends la direction de la Pointe sous un soleil écrasant, heureusement il y a un peu d'air. Je ne m'attarde pas, des douleurs dorsales me poussent à rentrer à la maison.
Je dîne et m'installe au frais, les portes de la véranda grandes ouvertes devant la télévision...
Lundi 25 juin 2018... rien ne change... je tombe de plus en plus bas...
Je me réveille à six heures et je file sur l'ordinateur. Puis je vais déjeuner seule. J'éprouve un mal terrible pour ouvrir la barquette de beurre... aucune force dans mes doigts et mes mains atrophiés, j'utilise mes dents... impossible... je tente avec le couteau à plusieurs reprises et finalement je l'ai eu... la boîte s'est ouverte... non sans mal. Puis je ne parviens pas à porter la cafetière, ni à verser le café... je bataille ferme... après bien des difficultés je parviens à déjeuner ! Je me sens plus mal que jamais... le manque de forces, la fatigue intense, le déséquilibre constant me plongent dans un état de malaise permanent chaque jour... aujourd'hui je ne parviens plus à lutter... je file m'allonger dans le fauteuil releveur où je somnole un long moment. Puis ma fille m'appelle pour des papiers. Je m'occuperai demain matin de tous ces appels téléphoniques que je dois passer, j'espère que je me sentirai un peu mieux.
L'après-midi se passe aussi mal et de nouveaux appels m'obligent à me lever. Je suis k.o. ! Rien à faire pour aujourd'hui... j'ai l'impression de glisser vers le bas de plus en plus vite.
La journée s'achève comme elle a commencée...
Dimanche 24 juin 2018... un grand beau temps d'été se lève sur la Bretagne...
Comme chaque matin les douleurs me font sortir du lit, mais pas seulement, les oiseaux s'ajoutent à cela... avec maintenant les cris puissants des faisandeaux qui s'ébattent depuis quelques jours dans le jardin. Comme cela est plaisant !
Bon aujourd'hui je vais me pousser pour aller profiter un peu de ce temps royal. Isabelle revient ce matin et nous passons un très agréable moment, comme chaque matin avec 'mes filles' qui m'apportent tant de réconfort par leur présence. Heureusement que je les ai, et j'apprécie plus encore le fait que depuis le mois de mars, elles viennent même les week-ends. Les jours fériés je n'ai personne et je ressens un très grand vide.
Avant de partir Isabelle m'aide à sortir mon fauteuil du garage... tout m'est devenu si difficile à présent.
Lorsque je suis prête, je mange un bout vite fait et je pars en direction de la Pointe-du-Raz, chez mes ami-e-s. Ils m'aident à m'installer sur la terrasse et m'apportent un délicieux thé vert aux algues et à la menthe avec une crêpe à la crème de citron. C'est très agréable d'être là à observer l'océan si bleu. Des voiliers lâchés comme un chapelet s'égrainent peu à peu venant de Douarnenez et filent le long de la côte. Les vieux gréments se détachent sur l'horizon par la beauté de leurs voiles. La sérénité de ce spectacle nous fortifie.
Je rentre rappelée par des douleurs dorsales. Je m'installe devant la télévision où je m'endors à vingt-en-une heures trente.
Samedi 23 juin 2018... je suis ko... grand beau temps chaud !
Je me lève à sept heures trente. J'attends mon auxiliaire de vie... mais elle ne vient pas. Annie est malade. Finalement je déjeune seule.
Isabelle franchit la porte à dix heures. Elle partira à midi. En attendant je prépare encore un courrier abondant. Encore une lettre aujourd'hui.
Ma fille aînée m'appelle. Elle me demande de lui envoyer une série de chèques pour mon installation dans le Rhône. Mes filles s'occupent de tout et me préparent de belles surprises... j'apprécie leur dévouement et leur gentillesse. Valérie m'apprend que mon petit-fils va être opéré de l'épaule, blessure assez méchante et Nathalie va aussi être opérée... pour mon retour cela tombe mal !
Je ne me sens pas bien depuis le réveil et cela dure. J'ai envie de sortir, le soleil m'attire, mais finalement en crise d'asthénie trop violente, je déjeune d'un casse-croûte froid et rapide, puis vais me coucher. Je me réveille à dix-sept heurs trente, toujours aussi mal... et je ne peux pas faire grand chose.
J'attends le soir où je serai allongée sur le fauteuil à suivre un programme de télévision... et la roue tourne ainsi dans la longue attente du départ... espérons que je tienne jusque là...
Vendredi 22 juin 2018... beau temps chaud sur la Bretagne... mon état se dégrade de jour en jour...
La matinée se lève, debout depuis sept heures j'attends Véronique. Elle doit aller chercher le pain et deux croissants. Quand elle revient, elle chauffe le café et je déjeune. Puis je me prépare, je ferai sans doute un tour cet après-midi, même si je ne suis pas en forme, je m'oblige.
Mon auxiliaire de vie vaque aux occupations habituelles puis elle me quitte. Je prend un repas vite fait, je n'ai guère d'appétit et je vais faire un tour. Au courrier je trouve encore un problème ! Un papier que je dois fournir et j ne sais pas ce que c'est. Je vais devoir téléphoner la semaine prochaine. Au courriel des nouvelles de mon éditeur.
Je rentre pour aller me coucher... je n'ai vraiment pas la forme.