Lundi 30 juillet 2018... beau temps de retour... plus que neuf jours d'attente !
Je me réveille au milieu d'un rêve où je suis avec Maurice.
Nathalie est déjà là. Elle fait mon déjeuner, puis la petite vaisselle. Nous discutons toujours heureuse de nous retrouver sauf que cette fois c'est la dernière.
J'ai le cœur gros de laisser mes petites amies, car il faut bien le reconnaître dans la terrible épreuve que j'ai dû traverser, toujours elles ont été là et leur présence fut souvent mon seul réconfort. Nous avons passé ensemble de bons moments malgré la dureté de ces trois années de cauchemar.
Nathalie me quitte et Céline arrive plus tard pour mes soins. Puis le médecin passe à quinze heures pour me dire au revoir et mettre à jour mes ordonnances. Nous discutons un long moment et je vide mon sac des tourments, du supplice que nous avons dû endurés Maurice et moi, Maurice surtout, sa trop longue agonie. Il m'écoute attentivement. Je lui décris mon ressenti de toutes ces souffrances et de tous ces abus. Il demeure attentif et m'encourage à poursuivre mes livres et trouver un éditeur. Il dégage depuis que je le connais une grande sympathie... on a envie de l'aimer ce toubib.
Lorsqu'il est parti, quoique fatiguée, je décide de faire un tour, prendre l'air toujours du même côté. Le temps me dure d'en finir, de partir... mais ça vient enfin.
Je demeure un moment chez mes ami-e-s devant un café sur la terrasse devant l'océan infini... la houle décourage les voiliers.
Puis je rentre à la maison. Je m'installe sur l'ordinateur et par les baies vitrées j'observe les lapins et les faisanes dans le pré. Tout ce petit monde vit tranquillement à l'abri des prédateurs. Comme c'est beau toute cette faune qui m'entoure depuis que nous avons emménagés ici... cela ne nous changeait pas trop de nos belles montagnes habitées par les chevreuils, les sangliers, les blaireaux, hermines, belettes, renards, les lapins de garenne, les faisans, une multitude d'oiseaux et tant d'autres. Les vingt-trois années passées en forêt ont été des années magiques, des années de bonheur, des années inoubliables... la Bretagne a été le point d'orgue final à la vie si palpitante, si belle, si mouvementée, si remplie, mais aussi si éprouvante de Maurice. Il était écrit qu'il devait mourir ici, dans ce pays merveilleux qui l'avait tant séduit et où il venait pêcher tous les étés durant cinquante années... et je l'aurai accompagnée jusqu'au bout pour nous retrouver dans la prochaine vie.
Et voilà, je repars dans le département de ma naissance, tout près de l'endroit où Maurice est né et où il a vécu tant d'années. Tout près aussi du château de son enfance et de son adolescence... et tout près de là où nous nous sommes rencontrés puis mariés et où nous avons vécu tant d'années de bonheur. Nul doute que notre prochaine vie sera meilleure encore débarrassée du poids du handicap et de la grande maladie...
J'obtiens mes enfants au téléphone. Ma fille aînée est rentrée de vacances, prête à m'attendre, à tout préparer pour ma venue... la cadette partie deux semaines en vacances dans la Gard avec ses filles et petits-fils passent leur temps dans la piscine avec 39°... et mon petit-fils travaille encore avant de partir à son tour avec Maryne...
La soirée s'achève doucement avec la chaleur revenue…
Dimanche 29 juillet 2018... mauvais temps, pluie et vent... orages sur la France... plus que dix jours !
Trop de chaleur font crever les fleurs... les hortensias respirent enfin, nous aussi.
Pétrie de douleurs de la hanche à la jambe droite, je me lève à l'arrivée de Sylvie.
Elle me prépare le déjeuner et nous buvons le café ensemble. Le temps passe vite, déjà elle me quitte.
Je me retrouve seule, pas en forme. Il fait si mauvais que cela ne va pas me coûter de rester au lit tout l'après-midi.
Journée maussade, crachin toute le jour qui se termine comme chaque soir.