Jeudi 29 novembre 2018... il fait froid mais ensoleillé...
Je me lève, lève le volet à énergie solaire et remarque une grosse voiture garée devant la fenêtre... une jeune dame en sort. D'un coup, je repense qu'il s'agit de mon infirmière ! Elle arrive tôt pour la prise de sang.
Elle frappe et entre. J'arrive en fauteuil roulant jusque dans la cuisine. Je suis à peine réveillée que déjà elle me pique. Puis elle s'en va. Je déjeune avec ma fille comme chaque matin.
Puis Valérie file en courses. Elle prend son week-end de vacances et samedi matin Évelyne, mon auxiliaire de vie prendra le relais pour rester près de moi jusqu'à son retour.
Lundi 26, mardi 27, mercredi 28 novembre 2018... fraîcheur, pluie, brouillard...
Lundi 26... onze mois que Maurice nous a quitté... toujours en moi son intolérable agonie, son effroyable fin de vie... ses cris de douleur, ses pleurs et ses suppliques pour en finir... son amour infini... ses mots d'amour... impossible de l'oublier, il est en moi, il vit en moi... bientôt je le retrouverai pour venir vivre une autre vie folle où nous ferons de grandes choses délivrés de la maladie...
Mardi 27... journée calme, travail assidu sur le classement de mes nombreux livres.
Mercredi... rendez-vous chez le podologue pour une nouvelle paire de chaussures orthopédiques... une heure avant de partir, je tombe de ma hauteur en voulant mettre une écharpe. J'atterris sur le côté droit comme la dernière fois. Je me cogne la tête et la hanche droite. Je suis choquée et je ne peux plus me redresser. Je lutte sans succès pour y parvenir. Je ne parviens pas à me remettre sur les genoux. Ma fille tente ce qu'elle peut pour me soulever mais hélas, elle n'en a pas la force. Elle approche mon fauteuil roulant lourd afin de m'y cramponnser mais je n'arrive à rien, ni sur mes jambes, ni sur mes bras. J'ai mal de partout et je suis au bord des larmes à batailler de la sorte. Je repense soudain que j'étais tombée dans la chambre et j'étais parvenue à me relever en m'appuyant sur la fenêtre ouverte. Valérie réussit à me caler sur mes genoux, aussi je file comme je peux dans la chambre où elle me débarrasse du montauban et ouvre la fenêtre. Je me suspends avec les mains sur les rebords de la fenêtre en relevant la jambe gauche et ma fille doit remettre ma jambe et mon pied droits en place car ils ne bougent pas et demeurent coincés. Enfin après autant d'efforts épuisants et douloureux je finis par m'asseoir sur le lit pour reprendre mon souffle, mes légères forces. Ensuite je peux rejoindre mon fauteuil roulant. Valérie prend ses affaires et m'habille pour le départ.
Nous prenons la route de la montagne par les cols pour nous rendre à Charnay-les-Macôn. Ma fille a bien préparé le parcours et malgré le brouillard dans les cols, nous trouvons parfaitement la route à suivre et arrivons vingt minutes à l'avance. Nous nous garons sur une place éloignée du Pôle Orthopédique. Ma fille doit pousser mon fauteuil manuel et nous entrons dans le magasin. Une jeune femme fort agréable nous reçoit et nous passons aux empreintes et aux moulages de mes pieds fort atrophiés qui m'ont provoqué tant de chutes depuis l'enfance à cause de cette maladie génétique orpheline, neuromusculaire, évolutive et dégénérative, démyélinisante (sclérose en plaques rare).
Puis c'est au tour de ma fille. La jeune femme prend ses empreintes pour lui préparer des semelles adaptées. Ensuite nous quittons ce centre orthopédique pour repartir à dix-sept heures vingt. Nous arrivons enfin chez nous, j'ai hâte de me reposer toujours sous le choc de ma chute... je passe une nuit difficile et comme toujours douloureuse.