(le jeudi 18 juin 2020)
Les jours passent et ma situation empire chaque jour un peu plus. Je me réveille en crise d'épuisement totale et je me fais coucher dans mon lit par ma fille dans le même état. Mes journées sont invivables acculée de fatigue et de douleurs.
Dans notre pays, hélas nous n'avons encore pas la chance d'avoir une loi cadrée, juste, efficace, et digne afin de pouvoir partir dans une autre vie (puisque pour moi la porte de la mort mène à la porte de la naissance) dans la dignité, tranquillement sans souffrance excessive, bien accompagnée, entourée de sa famille pour un au revoir apaisé. Ce que Maurice mon époux bien-aimé réclamait depuis l'année 2009 et n'a cessé de crier avec force contre l'acharnement thérapeutique et de pouvoir mourir dans la dignité et l'apaisement.
Je le réclame à mon tour à chaque instant, depuis l'été 2017 où une nouvelle crise évolutive dégénérative c'est abattue sur moi. Je me bats dans deux associations pour obtenir le droit et avoir le choix de mourir dans la dignité.
Le soir lorsque je suis couchée, je mets un temps interminable à calmer mes douleurs, particulièrement celles des bras et des mains, des jambes et des pieds. Valérie est obligée de m'installer deux coussins sous mes bras de manière à ce que les coudes reposent bien et je dois caler mes doigts sur le bords de ceux-ci. C'est assez laborieux d'autant que les coussins doivent être plats, souples et lisses. Ensuite, je dois me battre avec les vibrations du moteur du matelas à air, qui mal positionné ne cesse de ronfler comme un frigidaire. Mais l'affaire est résolue en installant le moteur sur le sol.
Je m'efforce d’ôter mon esprit de la douleur en faisant des exercices respiratoires, comme inspirer et expirer très fort. Ce mouvement avec le parfum de lavande, déposé par ma fille sur les couvertures, me permettent de m'endormir totalement jusqu’au matin.
J'ai la chance d'avoir un cerveau qui libère des endomorphines qui favorise un sommeil profond. Il m'arrive pourtant d'avoir mal à l'estomac de quatre heures ou cinq heures du matin à cause de mon ulcère duodénal. Mais généralement, avec mon traitement et en faisant attention à mon alimentation, je parviens à ne pas être dérangée par ces maux.
Mon problème actuel, et il est de taille, c'est que je ne peux plus écrire sur mon ordinateur. Ce qui m'inflige une grande frustration. Je ne peux plus le manipuler. Même un logiciel oral ne me vient pas en aide, aussi je dicte tous ces mots à Ingrid, mon auxiliaire de vie qui prend des notes, et retranscrit sur ces pages. Je dois supporter ma vie ainsi.
Je connais la chance d'avoir une famille unie autour de mes enfants, petits-enfants, et arrière-petits-enfants. Ce qui nous permet de fêter chaque occasion qui se présentent, anniversaires, fêtes et ils sont nombreux,... Malheureusement, nous venons de vivre une période de confinement et nous avons du rester cloîtrés chez nous, seul le téléphone nous reliait pour les nouvelles de chacun. Cela a été très difficile pour ma fille aînée qui a du beaucoup m'aider dans cette période difficile. Mais par bonheur la maison est agréable et le jardin avec sa vue est un enchantement, pour les yeux et pour l’âme.
Dans cette période évidemment toutes les réunions et les Salons du Livre, Rencontres Littéraires ont été supprimés. Cependant mon éditeur a pu publier le septième de mes livres soi « Contes Soufflés par le Vent », douze contes écrits en Bretagne durant la période effroyable que nous avons vécus mon amour et moi.