6 décembre 2015
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~~Samedi 5 décembre 2015,
Le vent a repris son souffle formidable. Il enrage avec la force d'un dragon.
Je suis bloquée et j'ai l'impression que je vais rester là sans pouvoir me lever, mais ma volonté reprend le dessus sur la douleur pour m'extirper du lit... ah, vacherie !
Maurice tourneboulé par sa difficile opération émerge difficilement d'une nuit médiocre. Il est enflé et un gros hématome s'étale sur sa joue et son cou. Je le sens mal et pourtant il est debout à faire griller les tartines.
Céline arrive tourmentée... le laboratoire est insatisfait. Il lui fallait une fiole de sang supplémentaire. Pas de chance... zut et rezut. On refera une prise lundi matin. Elle est très contrariée, mais je la rassure, une petite piqûre ce n'est pas grave et j'ai une grande habitude de la chose.
Maurice quant à lui furieux doit repartir chez le pharmacien pour prendre une boite de Pariet que celui-ci a encore oublié d'ajouter sur la liste qu'il prend chaque mois. L'infirmière repart soucieuse.
Maurice lui se traîne lamentablement et doit fournir un effort insupportable pour se rendre à la pharmacie. Je l'aide à se changer une nouvelle fois, tant il est trempé de sueur... la cortisone doublée de morphine lui donnent une sudation surabondante et intenable. Cela rajoute à son épuisement. Je le vois vraiment diminuer chaque jour un peu plus... ses moments de bricolage se réduisent en peau de chagrin, la fatigue neurologique intense le fait rester allonger presque toute la journée et le sommeil le gagne peu à peu.
Le vent mauvais reprend sa douce folie, il fait plus frais.
J'ai mis mon corset, la douleur aiguë ne me quitte pas. Hier soir, j'ai eu beaucoup de mal à sombrer dans le sommeil. J'ai lu jusqu'à une heure du matin une brochure de poésie envoyée par Terpsichore.
Mais la douleur tenace ne m'a pas lâchée. Qu'importe c'est ainsi. Je ne veux pas prendre de canabis, ni de morphine, trop peur d'abîmer mon cerveau. Il n'y a que dans l'eau que la douleur lâche prise, mais c'est si compliqué tout ça !
Bref, j'ai demandé à Maurice de me laisser le fauteuil roulant électrique sous la main car je vais m'occuper de mes princesses. Je vais leur chercher du maïs et je rentre dans l'enclos pour le déposer dans leur auge. Toutes se précipitent sur moi, les deux chèvres et les trois poules... c'est la bousculade !
Aig me fait toujours bien rire par son caractère si charmant et Froudenn pour sa tête de mule. Mais, Aig se met carrément debout pour atteindre le seau que je tiens et je dois la repousser non sans mal. Quand c'est fait, je me mets à jeter l'eau de leur récipient pour le nettoyer au jet d'eau et le remplir d'eau fraîche et propre... et c'est tout un art !
Je fais un voyage en roulant jusqu'au robinet extérieur, je lave le bassin vide à grands coups de jet, puis je le ramène presque vide... je ne peux pas porter lourd. Ensuite je fais trois fois le voyage aller retour avec un arrosoir à demi plein. Je fais couler l'eau en dirigeant le bec de l'arrosoir à travers le grillage. Voilà qui est fait. Bon, je me mets à nettoyer le petit poulailler. Je gratte le nid, enlève la paille souillée, puis je tire le tiroir que je gratte avec un grattoir. Je range le tout. Je me dirige vers le séchoir où un paquet de paille gît au courant d'air. Là, je vais cueillir une brassée de foin, mais soudain je perds l'équilibre et je me retrouve par terre. J'ai éprouvé une peur bleue de me faire très mal. En attendant, je suis tombée sur la tondeuse dans une très mauvaise posture et je ne peux plus me relever. Impossible d'appeler, Maurice dans la maison ne peut pas m'entendre. Je mets un temps fou à tenter de me redresser. J'ai encore plus mal de partout. Je me cramponne avec difficulté, je n'ai rien pour m'aider. Enfin, finalement après d'horribles efforts et des contorsions impossibles, je parviens à redresser mes jambes molles, exercice très difficile.
Ouf, je regrimpe dans mon fauteuil avec ma brassée de foin, vais l'installer dans le pondoir et le vent me complique la tâche. Je donne le reste aux biquettes bien heureuses de cette aubaine. Tout est prêt, je suis tranquille pour un moment. Je rentre à la maison en ayant ranger le matériel, contente de retrouver sa douce chaleur.
Puis, je fais la vaisselle d'hier et prépare un gaspacho avec les aspics que j'ai fabriqués et le reste de purée cela fera un repas acceptable pour les gencives recousues de Maurice.
Je parviens à mettre le couvert et nous déjeunons. Ensuite, je débarrasse la table et je me mets à mon travail : préparation de mon spectacle du samedi 12 décembre. Danielle me téléphone. Dans la presse, ils se sont trompés de jour, il annonce mon récital pour aujourd'hui. J'appelle immédiatement la mairie. L'employée me dit qu'ils ont fait tout de suite le nécessaire. Ouf !
Je travaille tout l'après-midi, cependant que Maurice suit le Téléthon plus ou moins en dormant... je suis lessivée. Ce soir j'irai m'étendre dans mon fauteuil au Salon. Il fait déjà bien nuit. Nous dînerons rapidement... le vent s'affole vert de rage.
Dimanche 6 décembre 2015,
Maurice subit le contrecoup de son opération des mâchoires. Un deuxième hématome a fait son apparition sur son visage et il demeure très enflé.
Céline, l'infirmière passe ce matin pour les soins, mais nous les refusons car ce soir nous devons passer à la douche à la bétadine... Maurice ne supportera pas autant de fatigue. Sa fièvre d'hier a disparue mais il n'est pas brillant.
Cependant Maurice est prêt et nous allons voter à dix heures pour élire nos représentants aux Régionales. Je ressens une très grande lassitude envers la classe politique. J'aimerai que la Société Civile soit en état de prendre les rênes du pays. Les abus sont trop manifestent et rien ne va plus.
Il fait un temps très doux et ensoleillé, par moment une petite averse se manifeste et le soleil revient. Il y a beaucoup de fleurs, les massifs de roses, les camélias et les bruyères fleurissent. Nous arrivons sur la place, nous nous garons et Maurice sort nos fauteuils roulants.
Nous entrons dans le bureau n°7 où je constate qu'il y a beaucoup de monde qui se presse devant les urnes. Les Français semblent avoir un sursaut après les attentats meurtriers de Paris. Surtout faire barrage au Front National par tous les moyens si nous ne voulons pas d'une guerre civile (pour ce qui me concerne ce parti n'aurait jamais dû avoir droit à la parole et aurait dû être un parti pour toujours interdit comme dans les années après-guerre). Il ne manquerait plus que nous ayons en plus des milliardaires, des voyous et des skinheads au pouvoir ! Ce sera la guerre civile à nos portes !
J'étends et je range le linge, ce qui n'a pas été fait cette semaine par mon auxiliaire. Je fais une vaisselle. Je prépare des pâtes et la soupe au potimarron pour ce soir. Ainsi ce sera fait pour demain. Maurice me donne un coup de main. Il vient couper le potimarron en morceaux, ce que je ne peux pas faire comme éplucher les légumes et l'ail. Je ne peux pas coudre non plus. Essayez de faire faire ces exercices à un singe.
Lorsque j'ai terminé après le repas, je suis anéantie comme tous les week-ends où je reste sans aide. Il me faudrait un assistant de vie ce que les ADMR ne sont pas en mesure de fournir... et c'est bien dommageable. Le ministère fait de grandes rhétoriques sur l'aide aux personnes ayant une PCH, tous ces braves gens se gargarisent de mots car ils sont incapables de faire face à la situation, attendu qu'ils n'ont pas de personnes qualifiées pour le faire.
Cet après-midi, je répète mon récital tout comme hier soir. Je mets les bouchées doubles en espérant que mon opération de l'œil droit demain ne me gênera pas trop. L'infirmière repasse ce soir pour la douche à la bétadine. Maurice en ressort totalement épuisé.
Pour ce qui me concerne, je vais devoir galérer seule dans cette foutue baignoire en prenant mille et une précautions pour ne pas tomber, ce qui n'est pas acquis...
La journée s'achève doucement... nous suivons le résultat des élections régionales... aux premiers sondages, il s'avère que l'extrême droite arrive en tête... mais j'ai HONTE ! HONTE des Français ! HONTE pour mon PAYS !
On ne répond pas à la violence par la violence ! On répond à la terreur en restant unis, soudés, droits et forts dans la grandeur des valeurs profondes d'Humanité, d'Égalité, de Liberté et d'Amour !