Le Mardi 3 octobre 2017 - 12:06
L’ADMD réclame une loi sur la fin de vie de liberté.
Un hommage à Anne Bert sera rendu par l’ADMD à La Rochelle, le samedi 14 octobre 2017, à l’occasion de sa 37ème assemblée générale […]
L’ADMD réclame une loi de liberté, une loi du choix, une loi du respect de la parole des patients, afin que plus personne, jamais, ne soit forcé de s'exiler pour trouver le repos et sa dignité.
Alors que sort demain en librairie son livre Le tout dernier été (éditions Fayard), Anne Bert n’est plus là pour en parler. Forcée à l’exil par la loi française afin d’être délivrée d’un corps qui ne lui assure plus aucune des fonctionnalités naturelles : la maladie de Charcot la prive de toute autonomie, du plaisir simple de marcher ; bientôt de la nécessité de respirer…
La loi du 2 février 2016, présentée par son auteur, Jean Leonetti – auteur des deux précédentes lois – comme une loi presque parfaite, n’est en réalité qu’un échec. Un échec générateur de milliers de drames... Encore une fois, aucune délivrance n’est autorisée par cette troisième loi Leonetti pour ceux qui, en conscience et de manière réitérée, parce que leur vie n’est plus que de la survie, réclament une sortie qui ne serait pas cette terrible sédation accompagnée de dénutrition et de déshydratation…
Jean Mercier, encore poursuivi par la justice française ; Vincent Lambert, toujours plongé dans un état végétatif ; aujourd’hui Anne Bert, forcée de quitter son pays pour trouver une solution humaine et digne à son calvaire ; demain, qui ? Inutile, madame la ministre Agnès Buzin, de procéder à une évaluation de la loi Leonetti : la loi du 2 février 2016, comme avant elle la loi du 22 avril 2005, est une loi du mépris de la parole du patient, une loi qui sacralise une vie au nom d’un dogme – la mort naturelle – qui n’est pas celui de notre république laïque. Sinon, comment expliquer tous ces drames dont une poignée se jouent dans les médias et la majorité – des milliers chaque année – se jouent dans le silence des familles et des chambres d’hôpital ? Madame la Ministre, entendez les 90% de vos compatriotes qui réclament la légalisation de l’euthanasie, non pas évidemment comme une obligation (pas plus qu’il n’y a d’obligation d’avorter ou de se marier uniquement entre personnes de même sexe) mais comme un droit pour chacun, comme une sécurité pour tous.
L’ADMD – qui rendra hommage à Anne Bert lors de sa 37ème assemblée générale à La Rochelle le samedi 14 octobre 2017 – réclame une fois encore qu’une loi de liberté, à l’image de celle qui existe notamment en Belgique, permette à chacun de choisir les conditions de sa propre fin de vie. Une note de lecture, en forme d’hommage, sur Le tout dernier été, a été publiée sur le site de l’ADMD.
Ce n’est qu’avec une telle loi que les drames cesseront dans notre pays, que l’égalité sera assurée en fin de vie à chacun et que les petits arrangements, parfois très risqués, cesseront.
ADMD : 01 48 00 04 16
Lettre envoyée aux députés du Finistère, à ceux de la Loire et à ceux du Rhône...
Madame, Monsieur,
Je suis l’une des signataires d’une pétition* lancée il y a près de deux mois pour obtenir qu’une loi sur l’aide active à mourir soit votée cette année en France. Les Français attendent cette loi depuis de nombreuses années ainsi qu’en attestent tous les sondages réalisés depuis 2010 par l’Insee et l’Ifop, le plus récent en mars 2017, qui a montré, cette fois encore, que plus de 90% des Français sont en faveur de cette loi.
Il est très décevant de constater que Madame Buzyn, notre Ministre des Solidarités et de la Santé, continue de vouloir faire une étude de la situation, un état des lieux, et, pourquoi pas, un peu de pédagogie auprès des Français pour que ceux-ci apprennent à mieux connaître la loi Claeys-Leonetti. Madame Buzyn n’a-t-elle pas compris que les Français ont largement dépassé le cap des évaluations, des études, des enquêtes et autres efforts pédagogiques à propos du mal mourir en France et qu’ils attendent de leur gouvernement qu’il passe à l’acte et vote une loi ?
Nous ne voulons pas mourir dans la souffrance, nous voulons pouvoir dire STOP lorsque, atteint d’une maladie grave et incurable, victime d’un accident qui nous a laissé paralysé et incapable de communiquer avec notre entourage ou diminué chaque jour un peu plus par une maladie neurodégénérative, nous arrivons au terme de ce qui est, à nos propres yeux, insupportable.
Et pour pouvoir en finir avec une vie qui n’en est plus une, faudra-t-il encore longtemps choisir de se jeter devant un train ou sauter du haut d’un immeuble, se tirer une balle dans la tête ou se pendre, avant que nos dirigeants ne prennent conscience que l'absence de loi sur l’euthanasie et l’aide au suicide en France est responsable d’un grand nombre de suicides violents chaque année en France ? Ou, pour les plus riches et si tant est qu’ils soient encore transportables, aller mourir en Suisse ou en Belgique, loin de chez soi ?
Vouloir nous convaincre que la pseudo-loi sur la fin de vie Claeys-Leonetti est suffisante pour l’immense majorité des Français est honteux. Ce n’est qu’une forme choquante d’hypocrisie qui consiste à laisser les médecins seuls juges du moment où un patient est « en fin de vie » et à permettre alors une sédation profonde et continue associée à un arrêt de l’alimentation et de l’hydratation jusqu’à ce que la personne meure de soif, ce qui peut ne prendre que quelques heures mais peut aussi se prolonger pendant des semaines, ce qui, dans ce cas, amène de nombreux médecins à éveiller les patients en sédation « continue » pour leur demander s’ils veulent toujours mourir !!!
Expliquez-moi en quoi cette approche hypocrite de la fin de vie est différente, en fin de compte, de l’ingestion par le malade d’un médicament qui induira le sommeil et la mort en quelques minutes, à part qu’elle dispense les médecins d’accepter, une bonne fois pour toutes, qu’ils ne sont pas tout-puissants et qu’il y a des cas où ils doivent accepter sereinement cette impuissance et passer au stade final qui est d'aider le malade à mourir, ce qui fait aussi partie du rôle du médecin même s’ils sont encore nombreux à vivre dans le déni...
Nous avons le droit d’être seuls juges du moment de notre mort. Seul le malade sait ce qu’il peut ou ne peut plus supporter, ce qu’il est prêt à faire vivre à ceux qu’il aime, ou pas. Les médecins ne doivent jouer aucun autre rôle que celui de déterminer que la personne est bien atteinte d’une maladie grave et irréversible et l’aider lorsque celle-ci le décide, à mourir sereinement.
Qu’y a-t-il donc de si compliqué à comprendre à cette problématique, qu’il faille encore passer des années à étudier en comités divers et variés, le dossier de la fin de vie ? Le Président Macron veut-il copier son prédécesseur en maintenant le statu quo pendant tout le quinquennat ? N’a-t-il pas été élu par une majorité de Français sous la bannière du renouveau, avec un discours qui annonçait qu’on abandonnerait enfin des vieilles recettes qui ne fonctionnent plus ? Alors pourquoi serait-il si frileux avec la fin de vie alors que ces lois existent déjà dans plusieurs pays européens, en Belgique et au Pays-Bas notamment, depuis une quinzaine d’années, et en Amérique du Nord, et qu’il n’y a aucune dérive à signaler, au contraire ?
L’absence de loi en France est hypocrite pour une autre raison, c’est qu’elle fait porter aux seuls médecins compatissants et aux proches des malades le poids de les faire mourir en toute illégalité. Faut-il vous dire combien d’euthanasies illégales sont pratiquées chaque année en France ? Ne trouvez-vous pas obscène que le Docteur Bonnemaison se soit retrouvé au tribunal pour avoir aidé des gens en fin de vie à mourir et qu’il ait perdu, en prime, le droit d’exercer la médecine ? Que Monsieur Jean Mercier, âgé de 88 ans, ait dû comparaître devant un juge parce qu’il avait, à la demande expresse de sa femme, aidé celle-ci à mourir ? Comment peut-on faire porter à ces gens le poids de leur acte parce qu’on n’a pas le courage de mettre en place une loi qui encadre efficacement la fin de vie des Français ?
Réfléchissez un instant à ce que vous ressentiriez, et souhaiteriez qu’il soit fait, si vous étiez atteint d’un cancer à un stade avancé, ou que vous ayez été victime d’un accident de voiture qui vous aurait laissé complètement paralysé et sans plus pouvoir communiquer avec vos proches, que vous ayez la maladie de Parkinson ou la SLA et que votre corps vous abandonne un peu plus chaque jour jusqu’à ce que vous y soyez emprisonné, parfaitement conscient de ce qui se passe autour de vous, mais sans plus de possibilité de partager, comme si on vous enfermait vivant dans une tombe ? Aimeriez-vous qu’on vous laisse tranquillement mourir de soif sous le regard désespéré de ceux qui vous aiment, ou préféreriez-vous choisir le moment et dire sereinement adieu à vos proches avant de quitter ce monde où votre vie n’a plus de sens ?
Je vous écris cette lettre car je sais qu’un projet de loi a été rédigé par Monsieur Touraine de la REM et que celui-ci est en cours d’enregistrement auprès de l’Assemblée Nationale. Vous avez été élu(e) dans notre circonscription et à ce titre, je souhaite que vous défendiez ce projet de loi qui, sans être parfait, car il y a encore de grandes zones d’ombre et notamment, le rôle des médecins, aurait le mérite d’autoriser, dans certaines conditions, l’euthanasie et le suicide assisté en France.
Dites-moi que je peux compter sur vous.
Recevez, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
À..., le 28 septembre 2017
DL
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